Les priorités du gouvernement Meloni

Rentrée politique en Italie

Par Hajar Erraji – (MAP)

En Italie, la rentrée politique se déroule sur les chapeaux de roue, tant les défis qui se dressent devant le gouvernement ne manquent pas. Pour sa première bougie, l’Exécutif, mené par Giorgia Meloni, vérifie ses cartes avant d’entamer une nouvelle étape.

Immigration, fiscalité, aides sociales…tant de questions prioritaires figurent sur la table. Entre diagnostics et projections d’avenir, la présidente du Conseil des ministres a fait le point, pour bien se préparer à 2024, l’année des « grands défis ».

« Il y a un an, une indication claire est venue des Italiens. Nous avons tout donné pour remporter la victoire, conscients que ce ne serait pas un point d’arrivée mais un point de départ », écrit Mme Meloni sur les réseaux sociaux, à l’occasion de son premier anniversaire à la tête du gouvernement.

« Je suis satisfaite des résultats obtenus malgré les difficultés », a-t-elle estimé, évoquant les chiffres ‘’positifs’’ en matière d’emploi, les efforts de soutien des familles et des entreprises et les différentes mesures en termes de sécurité et de légalité. Cependant, son agenda demeure toujours chargé.

« Immigration illégale…Un défi « complexe » ».

En tête des priorités, s’impose le défi migratoire. Pour faire face à un flux record à Lampedusa, mais également pour tenir sa promesse électorale, la cheffe du gouvernement a placé la question au cœur de ses priorités. Et pourtant, “les résultats ne répondaient pas parfaitement à ses attentes”.

“Nous avons beaucoup travaillé en matière d’immigration, mais je souhaitais une meilleur situation », a affirmé la présidente du Conseil des ministres à la chaine de télévision TG1, assurant que “la problématique est complexe”.

Depuis le début de l’année, près de 118.500 migrants sont arrivés en Italie en bateau, soit près du double des 64.529 enregistrés au cours de la même période en 2022.

Pour secourir l’ile de Lampedusa, dont la capacité a été “largement » dépassée, Rome a récemment durci sa législation, afin d’endiguer les arrivées de migrants, notamment en créant davantage de centres de rétention et en augmentant la durée de rétention.

En visite au centre d’accueil pour migrants de l’île, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a détaillé un plan d’aide en dix points, destiné à gérer l’urgence, à mieux répartir les demandeurs entre les pays européens, faciliter les retours et à prévenir la répétition d’épisodes d’arrivées massives qui mettent sous forte tension les capacités logistiques et administratives de la péninsule.

Ce plan est censé conjuguer fermeté à l’encontre des passeurs et facilitation des voies légales d’entrée dans l’espace européen pour les candidats éligibles à l’asile. A court et moyen termes, les partenaires européens de l’Italie, premier pays d’entrée dans l’UE sur cette route migratoire, doivent prendre leur part, avait appelé la présidente de la Commission européenne.

« Vers le dénouement d’une taxe bancaire “controversée »

Au-delà des spectres politiques, la nouvelle taxe “controversée” sur les bénéfices exceptionnels des banques prévue par le gouvernement continue de susciter une vive polémique dans les milieux financiers et économiques.

D’après la cheffe du gouvernement, “l’objectif principal de cette mesure est l’équité des revenus”. Cependant, l’exécutif a accepté, selon les médias, de modifier son projet après avoir subi de nombreuses critiques, notamment de la part de la Banque centrale européenne.

Pour diluer l’impact, le gouvernement a proposé un amendement qui permettrait aux banques de choisir entre payer le prélèvement ou augmenter leurs réserves non distribuables d’un montant équivalent à deux fois et demie l’impôt.

Le schéma diffère de celui indiqué lors de l’annonce du projet de taxation en août, où il était question de prélever une taxe unique de 40 % sur les “surprofits” résultant de la série de relèvements des taux d’intérêt de la BCE au cours de l’année écoulée. Une décision qui avait effrayé les investisseurs et fait plonger les actions des banques italiennes avant que le gouvernement n’édulcore le plan, affirmant que la nouvelle taxe serait plafonnée à 0,1% des actifs d’une banque.

« Économie…Ombre et lumière »

Dans la même veine économique, la présidente du Conseil des ministres revient sur le “Super bonus”, une incitation prévue par les mesures post-Covid pour la rénovation des bâtiments, qui a été radicalement révisée par le nouveau gouvernement.

Pour elle, « les chiffres parlent d’eux-mêmes ». « 140 milliards d’euros étaient retirés à la santé, à l’éducation, aux retraites, pour rénover des résidences secondaires et des châteaux », a-t-elle justifié.

Ce système a beaucoup pesé sur les finances italiennes. Le dispositif a également été largement critiqué pour avoir alimenté l’inflation et la fraude dans le secteur de la construction.

L’heure est plutôt à la rationalisation des dépenses. Le gouvernement s’est, récemment, engagé à revenir à une politique budgétaire « stricte et prudente », dans ses prévisions de déficit et de budget pour 2024.

Des taux d’intérêt élevés et des ajustements comptables dus aux incitations fiscales coûteuses…La conjoncture affaiblit la marge de manœuvre, ont commenté les analystes. Pour aérer son portefeuille, Mme Meloni mise sur l’économie de la mer.

“La mer est l’une des infrastructures les plus stratégiques pour l’économie italienne”, a-t-elle relevé, revenant sur le “Plan Mer”, approuvé récemment dans le but de promouvoir le secteur, dont plusieurs segments résistent malgré la conjoncture internationale.

Il s’agit, en l’occurrence, de l’industrie de plaisance qui a augmenté de 20% en 2022, avec une valeur de production estimée à 7 milliards d’euros, une valeur « historique » pour l’industrie navale italienne.

Après une année au pouvoir, la leader des Frères d’Italie se projette dans une deuxième phase, dite “des grandes réformes pour la nation”. Elle s’engage “à livrer une Italie meilleure”. Selon les experts, “le défi est ambitieux mais compliqué. La brouille interne au sein de la majorité menace”.

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