Liberté d’expression et développement des médias décortiqués par l’UNESCO

C’est un sujet d’actualité. Le journalisme et la liberté d’expression font face à de grands défis dans le contexte actuel, mitigé, tourmenté et marqué par des mutations et changements. En effet, les tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias ont été au cœur d’un débat organisé jeudi 12 juillet à Rabat par l’UNESCO et le Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM).

Le rapport mondial (2017/2018) présenté à la presse à l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication a abordé la situation du journalisme et des médias dans le monde notamment en ce qui concerne la liberté d’expression, l’accès à l’information, l’arsenal juridique, le pluralisme, l’indépendance des médias et la sécurité des journalistes. En matière de sécurité des journalistes, entre 2012 et 2016, lit-on dans le rapport, 530 journalistes ont été tués.

Selon les statistiques du rapport, «les meurtres de femmes journalistes ont augmenté pendant la période considérée, passant de 5 femmes tuées en 2012 à 10 en 2016». Pour ce qui est des tendances en matière de liberté des médias, le rapport a mis la lumière sur le rôle d’internet dans les communications, ainsi que le rôle et l’influence des puissantes plates-formes transnationales du Web, qui ont retenu, selon la même source, «l’attention des tribunaux et des gouvernements cherchant à réglementer ces intermédiaires, ce qui présente des risques pour l’expression en ligne».

Ainsi, «le blocage et le filtrage de contenus en ligne ont considérablement augmenté et l’on observe une tendance de plus en plus marquée à bloquer des sites de réseaux sociaux entiers, des réseaux mobiles ou l’accès national à Internet», explique le même rapport.

En outre, le rapport présenté par Andrea Cairola, spécialiste de programme communication et information, a pointé du doigt la responsabilité juridique limitée qui incombe traditionnellement, poursuit-il, aux entreprises d’Internet pour les contenus produits par leurs utilisateurs et qui a été d’une manière générale un acteur positif pour la libre circulation de l’information.

Le pluralisme des médias n’est pas en reste. Le rapport révèle une absence de changement par rapport à l’inégalité entre les sexes dans et à travers les médias. Mais il a enregistré en revanche une évolution au niveau de la pluralité de l’information.

Quant à l’Indépendance des médias, le rapport ajoute qu’elle «est soumise à des pressions de plus en plus fortes à cause des relations complexes entre le pouvoir politique et les organismes de régulation, des tentatives de décrédibiliser ou d’influencer les médias et les journalistes, et des budgets en réduction. Ce recul de l’indépendance des médias est mesuré par plusieurs indicateurs».

Lors de cette rencontre, Abdallah Bekkali, président du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), a souligné l’importance de la mise en application d’un outil juridique national pour la protection des journalistes qui est devenu, selon lui, une nécessité urgente notamment avec la multiplication des violences faites aux journalistes.

Mohamed Nait Youssef

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