Attaques au Nigeria
Au moins 200 personnes ont été tuées au cours de plusieurs attaques menées cette semaine par des hommes armés dans l’Etat de Zamfara, dans le nord-ouest du Nigeria, a déclaré dimanche à l’AFP un responsable gouvernemental.
Le nord-ouest et le centre du Nigeria sont le théâtre depuis plusieurs années des activités de « bandits », qui attaquent, pillent et enlèvent les habitants, dont ils volent le bétail et brûlent les maisons.
« C’est horrible et tragique. Plus de 200 personnes ont été enterrées (…) à cause de l’invasion de bandits », a déclaré la porte-parole de Sadiya Umar Farouq, ministre des Affaires humanitaires.
« Nous sommes également inquiets pour les personnes déplacées qui fuient par centaines leurs communautés », a déclaré le ministre dans un communiqué publié samedi soir.
« Plus de 10.000 victimes se sont également retrouvées sans abri après que leurs maisons ont été rasées par les bandits alors que des dizaines (d’autres personnes) sont toujours portées disparues », a-t-il ajouté.
Samedi, quatre habitants ont déclaré à l’AFP qu’au moins 140 personnes ont été tuées par des hommes armés, désignés localement sous le terme de « bandits ».
Des centaines d’hommes armés arrivés à moto ont lancé des attaques dans dix villages des districts d’Anka et de Bukkuyum de mercredi à jeudi, tirant sur les habitants, pillant et incendiant des maisons, ont indiqué ces habitants.
Un habitant du village de Kurfa Danya, Babandi Hamidu, a déclaré que ces hommes tiraient à « vue » sur toute personne qu’ils voyaient dans le village.
Le président nigérian Muhammadu Buhari a condamné samedi ces attaques perpétrées selon lui par des « meurtriers de masse » qui terrorisent les populations du nord-ouest rural du Nigeria.
« Laissez-moi rassurer ces communautés assiégées et les autres Nigérians, ce gouvernement ne les abandonnera pas à leur sort car nous sommes plus que jamais déterminés à nous débarrasser de ces hors-la-loi », a-t-il ajouté
Mercredi, le gouvernement a officiellement qualifié les « bandits » opérant au Nigeria de « terroristes », afin de durcir les sanctions à l’encontre des auteurs d’attaques, de leurs informateurs et de leurs partisans.
Dans le journal officiel, les activités de « Yan Bindiga » et « Yan Ta’adda » – termes signifiant bandits en langue locale hausa – ont été classées comme des « actes de terrorisme ».
« Nous les avons qualifiés de terroristes (…) nous allons les traiter comme tels », a déclaré le président Buhari à la télévision nigériane cette semaine.
Les forces armées nigérianes ont déclaré cette semaine avoir tué 537 « bandits armés et autres éléments criminels » et en avoir arrêté 374 autres dans le nord-ouest depuis mai 2020, tandis que 452 « civils enlevés ont été secourus ».
Le président Buhari, ancien général de l’armée, âgé de 79 ans, peine à enrayer l’insécurité généralisée dans le pays.
Outre la lutte contre le banditisme, l’armée nigériane est déployée sur de multiples fronts, notamment dans le nord-est en proie à une insurrection jihadiste depuis plus de dix ans et dans le sud-est agité par des mouvements séparatistes.
Depuis la fin de l’année 2020, les gangs criminels ont également commencé à prendre pour cible des écoles, enlevant plus de 1.400 élèves et suscitant une indignation internationale. La plupart ont pu être libérés depuis mais des centaines restent aux mains de leurs ravisseurs.
Selon Kabir Adamu, du cabinet d’analyse en sécurité Beacon Consulting Nigeria, basé à Abuja, les attaques de cette semaine pourraient être une réponse aux récentes opérations militaires visant à les déloger de leurs fiefs dans l’Etat de Zamfara.
« La plupart d’entre eux (les bandits), pour se venger, et peut-être parce qu’ils risquaient une mort certaine, ont décidé de se déplacer vers d’autres zones et c’est dans ce cadre qu’ils semblent mener ces attaques », a déclaré Adamu à l’AFP.