Prix du mouton : le goût amer

Karim Ben Amar

L’Aïd Al Adha est sans doute la fête religieuse favorite des Marocains. Grands et petits raffolent de cet évènement annuel incontournable et immanquable. Une semaine avant le jour J, les foyers se rendent dans les souks pour s’enquérir des prix et choisir le mouton destiné au sacrifice. Entre Bergui, Sardi, Boujaâd ou Bni Guil, chacun choisit la race selon sa région et ses préférences gustatives. Cette année tout le monde s’accorde à dire que la fête du mouton a un goût amer et pour cause, la joie de l’Aïd n’est pas présente dans tous les foyers. Les prix pratiqués sont juste aberrants, ce qui sapent le moral de la plus grande majorité des foyers marocains.

Le gouvernement, incapable d’activer les leviers pour endiguer la flambée des prix du bétail s’est rabattu comme à son habitude sur une solution de dépannage. La trouvaille est comme les années précédentes, l’importation des moutons d’Espagne et de Roumanie.

Pour l’instigateur du flop nommé « Plan Maroc Vert » et de son clone, « Génération Green », cet aveu de faiblesse témoigne de son cuisant échec et de toute la politique agricole qu’il mène depuis 2007. Cette année-là, il reçoit le portefeuille de l’agriculture qu’il gardera jusqu’en 2021, pour le troquer contre la chefferie du gouvernement.  

Quant au portefeuille du travailleur marocain, il ne permet plus d’assurer le béaba des besoins d’un foyer. Autrement dit, le kit de dignité devient jour après jour un précieux sésame inaccessible. La meilleure preuve est que cette année, tout le monde ne pourra pas profiter de la joie de cette fête chère aux Marocains.

Lors de nos pérégrinations dans les souks et les points de vente, le stress est palpable. La gorge nouée et la peur au ventre, les pères de famille redoutent l’affront de ne pouvoir acheter le mouton de l’Aïd et décevoir par la même occasion, épouses et enfants.

Dans tous les recoins du Royaume, la hantise est commune : ne pas pouvoir acheter le mouton. Cette année, de nombreux foyers se rabattent sur les brebis réputées moins chers, Idem pour les chèvres. Mais il se trouve que le prix de la brebis oscille entre 2500 et 3500 Dhs, ce qui est excessif. Quant au bouc, il dépasse la barre des 2500 Dhs. La chèvre quant à elle se négocie entre 1800 et 2200 Dhs.

Le mouton d’élevage marocain est réservé littéralement aux nantis.  Le Bergui coûte 77 Dhs le Kg. Le Sardi a carrément dépassé la barre des 80 Dhs pour atteindre 83 Dhs, du jamais vu. Le mouton importé d’Espagne et de Roumanie oscille entre 62 et 68 Dhs. Autrement dit, il faut débourser au minimum 3000 Dhs pour s’acheter un mouton espagnol ou roumain.

Les Marocains confrontés à une flambée des prix depuis l’avènement de ce gouvernement d’affairistes, aux antipodes du quotidien des citoyens, souffrent le martyr. Avec un sentiment omniprésent de « Hogra », les Marocains ne voient plus le bout du tunnel, et sont contraints à vivre au jour le jour. Appelons un chat un chat, ils sont littéralement otages de ce gouvernement, et à plus forte raison en cette période de l’Aïd Al Adha. Pendant que le gouvernement voit la vie en rose, les Marocains broient du noir.

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