Sochepress, leader de la distribution de presse et de livres au Maroc, intéresserait un fonds d’investissement composé d’institutionnels et d’une banque d’affaires. La filiale du groupe français Presstalis serait en discussion très avancée quant à son rachat potentiel. Ceci dit, aucune information n’a été communiquée sur l’identité du fonds d’investissement.
Mais qu’est-ce qui justifie cette recherche d’un partenaire financier, sachant qu’en 2008, Sochepress est passée sous la bannière de Presstalis à la faveur du rachat des parts de la famille Lahrizi? En réalité, Presstalis était récemment menacé de faillite. Il y a moins d’un an, le distributeur de journaux français n’a pu être sauvé que grâce à la signature d’un protocole d’accord avec l’État français pour le sortir de sa crise. Au bord du gouffre depuis fin 2017, Presstalis avait ainsi pu bénéficier d’un plan de sauvetage approuvé par le tribunal de commerce de Paris, qui a permis la poursuite de ses activités. L’État français a donc accordé au groupe, un prêt qui s’est élevé à 90 millions d’euros (la moitié du coût total du plan de redressement). Ce dernier coup de pouce inclut des cessions d’activités, mais aussi un versement de 2,25% des recettes des journaux et magazines au profit de Presstalis pendant 5 ans.
Il faut dire que cette mission sauvetage n’est pas la première du genre pour Presstalis. En 2012, le groupe avait déjà été sauvé de la faillite par les éditeurs de la presse et l’État français. Suite à ces crises successives, Presstalis aurait-il opté pour une aide externe pour sa filiale marocaine, afin de pouvoir se restructurer et avancer ? Il faut croire que le coup de pouce du fonds d’investissement ne serait certainement pas de refus, pour garder la présence du groupe français sur le continent africain.
Notons qu’avant son rachat par Presstalis en 2008, Sochepress était détenue à parts égales par NMPP (nouvelles messageries de la presse parisienne) actuellement nommée Presstalis, et la famille Lahrizi. Les deux co-actionnaires avaient acquis l’entreprise des mains de l’État lors de l’opération de privatisation de Sochepress en 1995. Cette dernière, créée en tant que librairie en 1924, avait lancé son activité de distribution depuis 1940, avant d’être marocanisée dans les années 60. Aujourd’hui, l’entreprise livre 23 millions d’exemplaires de presse chaque année et dispose de 8 agences régionales qui emploient 170 personnes.
Soumayya Douieb