La Médina de Tanger
Par: Abdelaziz HAYOUN – MAP
La ville de Tanger a retrouvé, au cours de cette année, sa splendeur et son rayonnement culturel et touristique d’antan, grâce à l’achèvement de la plupart des chantiers du programme de réhabilitation et de valorisation de sa Médina, qui incarne la Haute sollicitude qu’accorde SM le Roi Mohammed VI à la préservation du patrimoine et à la capitale du Détroit.
La ville a ainsi connu un saut qualitatif en termes de valorisation de l’ancienne médina, de réhabilitation de monuments historiques, de création de nouvelles structures culturelles et de réalisation de projets liés au port de Tanger ville, dans l’objectif de renforcer le positionnement de la perle du Nord à l’échelle internationale et son attractivité touristique.
Le programme de réhabilitation et de valorisation de l’ancienne Médina de Tanger ambitionne de valoriser son patrimoine matériel et immatériel, à travers la restauration de son patrimoine historique, la réhabilitation de son tissu urbain, et l’amélioration de la circulation et du trafic, et favoriser la création d’emplois pour les jeunes, les artisans et les professionnels du tourisme. Il vise aussi le renforcement de la dynamique de développement que connait Tanger et particulièrement l’ancienne médina, son attractivité économique, touristique et culturelle et la promotion de son patrimoine civilisationnel et humain.
Dans ce cadre, un nouveau Musée d’art contemporain a ouvert ses portes, en décembre 2021, à Tanger.
Situé dans l’enceinte de l’ancienne prison de la Kasbah, « le Musée de la Kasbah, espace d’art contemporain » se veut un lieu vivant de rencontres, d’échanges et de partages, qui présente une programmation culturelle et des expositions liées à la région du nord.
Cet espace a été réhabilité et réaménagé dans le cadre du projet de réhabilitation et de valorisation de la médina de Tanger, supervisé par la Wilaya de Tanger, avec la contribution du Ministère de la Culture, l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN) et la FNM, visant à doter le musée de la Kasbah, déjà existant, d’un autre musée mitoyen, qui permet de dynamiser ce musée archéologique et historique et de le doter d’une structure mobile, flexible et capable de fidéliser le public.
Ce musée a abrité une exposition inaugurale intitulée « L’Ecole du Nord », qui a rendu hommage aux artistes de l’école du Nord et leur apport à la créativité artistique au Maroc, en proposant une relecture des spécificités artistiques de cette région, avec des oeuvres de Mohamed Serghini, Mohamed Ataallah, Mohamed Yacoubi, Mohamed Chabâa, Saad Ben Cheffaj, Mekki Meghara, Mohamed Melehi, et de Abdelkrim Ouazzani, entre autres, issues de la collection de la la Fondation Nationale des Musées (FNM) et de prêts.
A cela s’ajoute l’Espace d’exposition de la mémoire d’Ibn Battouta à Borj En-Naâm (Médina de Tanger) qui a ouvert ses portes, en février dernier, l’occasion de rendre hommage à ce personnage légendaire Tangérois.
Ce site historique, qui était délaissé et dans un état délabré, a été restauré et réhabilité en 2021 par la Société d’aménagement pour la reconversion de la zone portuaire de Tanger (SAPT), dans le cadre du programme de réhabilitation et de valorisation de l’ancienne Médina de Tanger (2020-2024).
Il vient ainsi enrichir l’offre touristique et culturelle de la ville de Tanger et améliorer son attractivité à l’échelle nationale et internationale, en lui permettant, à terme, d’occuper la place qui lui échoit dans la Méditerranée et à l’échelle internationale, en particulier dans le domaine du tourisme.
Cet espace comporte plusieurs salles où le visiteur est invité à une immersion dans la biographie, les cartes des voyages et les livres d’Ibn Battouta, ainsi que les personnalités rencontrées et les moyens de transports empruntés (Chameaux, cheval, bateaux, caravane et caravansérail et outils de navigation).
Et afin de renforcer le rôle culturel des sites historiques de Tanger, il a été procédé à l’ouverture du Centre d’interprétation des fortifications à Borj Dar El Baroud, doté d’une série de batteries aux dimensions imposantes datant du XVème siècle. Ce site est dédié à l’exposition permanente de l’histoire des édifices fortifiés et de l’artillerie de la ville par le biais de maquettes, de photographies et de cartes, en plus d’une collection d’armes et d’uniformes militaires. Il dispose aussi d’une maquette reprenant les sept Borjs les plus importants de la ville afin de faire vivre le visiteur dans une projection architecturale de l’époque.
En mars dernier, les Tangérois étaient au rendez vous avec la réouverture du Cinéma historique « Alcazar », situé dans l’ancienne médina de Tanger, après des travaux de réhabilitation et de valorisation, qui ont permis à ce joyau artistique de retrouver sa splendeur et son lustre d’antan.
A travers un programme éducatif et social intégré, cet espace permet au public, notamment les enfants et les jeunes, de découvrir le monde du cinéma, et de développer leur sens critique et leurs connaissances du 7è art.
Inauguré au début du XXe siècle, le cinéma « Alcazar » est l’une des 3 premières salles de cinéma de Tanger, aux côtés de celles de « Vox » et « Capitol ». Ces salles étaient considérées également comme des écoles du cinéma.
Pour diversifier l’offre culturelle, il a été procédé à l’inauguration, en avril dernier, du Centre d’Interprétation du Patrimoine Perdicaris dans le parc urbain Perdicaris-Rmilat, à l’ouest de Tanger.
Le Château Perdicaris, construit par le citoyen américain d’origine grecque en 1878, à 6 kilomètres du cœur de Tanger, au milieu de la forêt de Rmilat pour soigner au grand air sa femme atteinte de tuberculose, a été transformé en un musée qui expose l’histoire du personnage d’Ion Perdicaris et la biodiversité de cette région.
L’architecture de cette demeure, érigée sur une colline surplombant le détroit de Gibraltar, se caractérise par l’adoption d’un style architectural composite alliant l’anglo-saxon Queen Anne, le style classique et le médiévale évoquant la forme des châteaux de l’Europe médiévale.
Dans le cadre de la valorisation du patrimoine civilisationnel de Tanger, l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN) a lancé, en juin dernier, des appels d’offres pour la restauration et la réhabilitation du théâtre historique Cervantes dans l’ancienne Médina.
Les travaux visent à restaurer les différentes dépendances du bâtiment du théâtre Cervantès selon leur état initial (structures, décoration…).
Le bâtiment, qui date du début du 20e siècle, couvre une superficie de 1.200 mètres et se compose de trois niveaux, comprenant un chauffoir de spectateurs occupant une superficie de 170 mètres carrés, un autre d’acteurs érigé sur 40 mètres carrés, un parterre qui s’étale sur une superficie de 210 mètres carrés, deux rang de loges à balcons latéraux et une scène.
Le théâtre Cervantes, symbole de l’immigration espagnole à Tanger, a été construit par des immigrants de Cadix en 1913 et est devenu la plus grande salle d’exposition d’Afrique du Nord. Il sert de modèle aux relations distinguées entre le Maroc et l’Espagne.
Les conceptions du bâtiment du théâtre ont été réalisées par l’architecte espagnol Diego Jiménez Armstrong, qui a importé tous les matériaux de construction d’Espagne, tandis que les dessins bleus distinctifs du titre de théâtre plastique espagnol ont été réalisés par Federico Ribera. Le sculpteur espagnol Cándido Mata s’est vu confier les sculptures extérieures de la façade. Le bâtiment a également été décoré de 10.000 lampes inspirées du Théâtre Royal de Madrid.
Cervantes a ouvert ses portes le 11 décembre 1913 avec une capacité de 920 places.
Cet élan de réalisations culturelles permet incontestablement à la ville de Tanger de retrouver sa splendeur et son charme d’antan, et soutient les efforts de préservation de son patrimoine architectural et urbain, en plus de promouvoir la dynamique socio-économique de la ville, selon une approche visant à réaliser un développement global et équilibré.