Vienne : Les négociations sur le nucléaire iranien piétinent

Attendons pour voir…

Après cinq mois d’interruption, les négociations destinées à sauver le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPoA) signé à Vienne, en Juillet 2015, au titre de l’encadrement du programme nucléaire iranien, ont repris le 29 novembre dernier dans la capitale autrichienne dans un contexte particulièrement tendu avant d’être suspendues le 3 décembre, dans l’après-midi dans une grande confusion, puis de reprendre le 8 décembre après que chaque délégation ait consulté son gouvernement. 

Participent directement à ce cycle de négociations, tous les signataires dudit accord ; à savoir, la France, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie, l’Allemagne et l’Iran et, de manière indirecte, les Etats-Unis qui s’en étaient retirés unilatéralement à l’instigation de Donald Trump en 2018.

Ainsi, après cinq jours de tractations, les Etats-Unis et les trois pays européens parties à l’accord précité avaient exprimé « leur déception et leur inquiétude » de voir les iraniens continuer d’avancer des demandes jugées maximalistes à l’effet de voir levées toutes les sanctions rétablies à l’encontre de leur pays par l’administration Trump  après sa dénonciation du JCPoA et d’exiger que leur soient données des garanties permettant d’éviter tout retrait unilatéral américain après la conclusion d’un nouveau compromis ; deux exigences « inacceptables », à tous points de vue, par la partie américaine qui soupçonne, ouvertement, Téhéran de vouloir gagner du temps pour continuer à développer, en parallèle, son programme nucléaire.

Raison pour laquelle les Etats-Unis, qui considèrent ces négociations comme étant celles de la « dernière chance », ont signalé qu’ils n’entendent point laisser Téhéran continuer à adopter cette attitude et confirmé qu’un plan B dont les contours ne sont pas encore clairement définis était en préparation.

En outre, en déplorant le fait de n’être pas encore entrés dans « de vraies négociations », les représentants de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne estiment qu’ils sont en train de perdre « un temps précieux dans la discussion [sur] de nouvelles positions iraniennes incompatibles avec le JCPoA ou allant au-delà de ce qu’il prévoit ».  Trouvant, par ailleurs, cette situation « frustrante car les contours d’un accord équitable et global, permettant la levée de l’ensemble des sanctions liées au JCPoA et répondant aux préoccupations de non-prolifération sont clairement connus depuis l’été dernier », les diplomates européens rappellent que « le temps est compté » et qu’en l’absence de « progrès rapides »  eu égard à l’avancée « du programme nucléaire iranien », l’accord de Vienne se transformera assez rapidement en « une coquille vide ».

C’est à ce titre qu’en marge d’un sommet tenu ce samedi à Liverpool avec ses homologues du G7, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré qu’il n’y avait pas eu de progrès dans les discussions portant sur la réactivation de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien mais surtout que « le temps presse ! »

Mais ce n’est point là, en revanche, l’avis de la partie iranienne puisque son négociateur-en-chef, Ali Bagheri, a fait état de progrès notoires lorsqu’il a déclaré que « les deux parties sont sur le point de se mettre d’accord sur les questions qui devraient être à l’ordre du jour » et qu’il ajoutera même que « c’est une évolution positive et importante car, au début, elles n’étaient même pas d’accord sur les questions à négocier ».

Pour confirmer la bonne volonté de son pays, le président iranien Ebrahim Raissi a déclaré, selon des propos rapportés par l’Agence de presse iranienne IRNA : « Le fait que nous ayons présenté le texte de la proposition de l’Iran aux parties négociatrices montre que nous sommes sérieux dans les discussions et si l’autre partie est également sérieuse en ce qui concerne la suppression des sanctions (américaines) nous parviendrons à un bon accord ».

L’accord de Vienne encadrant le programme nucléaire iranien va-t-il pouvoir être réactivé au titre de la sauvegarde de la paix comme le souhaite ardemment la communauté internationale pour que les sanctions américaines puissent être levées, une fois pour toutes, comme l’espère la République iranienne ? Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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