Malgré la fermeture des salles de musculation, les bodybuilders, «obligés» de s’y rendre

Tanger

Karim Ben Amar

Depuis le jeudi 25 juin, date de la levée du confinement obligatoire, la plupart des commerces  ont repris leurs activités dans la capitale du Détroit. Les salles de sport quant à elles, ont eu pour instructions de ne pas reprendre. Tanger étant en zone1, le risque y est donc élevé. D’ailleurs, au cours de la semaine passée, les gérants et membres des salles de sport ont manifesté contre l’interdiction d’ouvrir. Ville où la pratique du culturisme est ancrée depuis des dizaines d’années, les clubs de musculation sont présents en nombre dans presque tous les quartiers. Certains membres des clubs de la ville pratiquent le bodybuilding depuis plusieurs années, Ils ne peuvent donc se permettre de stopper l’entraînement des mois durant. Au cours de son investigation, l’équipe d’Al Bayane a rapidement constaté que l’obligation de fermeture pour toutes les salles de sport n’est pas toujours respectée, surtout celles accueillant des bodybuilders. Pourquoi les culturistes prennent-ils tant de risques? Comment s’organisent-ils ? Sont-ils présents en nombre lors des séances ? Enquête.

Les salles de sport ont toujours eu la cote à Tanger. L’on y trouve d’ailleurs des membres de tous les âges. Certains sont assidus quelques semaines voire des mois. D’autres font de la salle, la passion d’une vie.

C’est le cas des bodybuilders, qui travaillent de manière soutenue, quasiment tous les jours durant des années, pour arriver à leurs objectifs. Ne pas se rendre à la salle est pour ces sportifs, tout simplement impossible, du fait de leur comportement alimentaire qui est conditionné selon l’effort fournit à l’entraînement et le type d’exercice à accomplir.

Au cours de nos pérégrinations dans la capitale du Détroit, et avec l’aide d’un invétéré des salles de sport, nous sommes tombés sur une salle de fitness ne respectant pas les instructions liées à la fermeture.

Se situant dans le centre-ville tangérois, presque rien n’indique que la salle est ouverte. Rideau de fer dument clôturer, lumière éteinte, silence de mort. A 19H, absolument rien ne laisse présager que la salle est occupée, et pourtant.

Une heure plus tard vers 20H, voilà que le rideau de fer s’entrebail. Un petit groupe de 4 colosses quitte très discrètement le périmètre du club. S’étant refusé catégoriquement à répondre à nos questions, ils décident finalement de nous éclairer, à condition biensûr de ne pas révéler le lieu exact de la salle mais aussi de rester fidèle à leurs témoignages de culturistes.

Maher, la trentaine à peine entamée a confessé être tout à fait conscient des risques encourus. «Nous venons à la salle en sachant pertinemment que nous enfreignons la loi. Nous risquons, à chaque fois que nous nous rendons à la «muscu»,  de finir au commissariat en plus des ennuis que nous causerons au gérant de la salle».

Quant à la manière avec laquelle ils arrivent à la salle, la même source précise que  «c’est par petit groupe que nous nous rendons à l’entrainement. Durant cette période trouble, la séance dure entre 1H30 à 2H, quand cela est possible».

En tant que contrevenants potentiels, la discrétion est de mise. A cet effet Maher affirme que «même nos gants, nécessaire dans le bodybuilding, sont dissimulés dans nos poches. Sans sac de sport pour ne pas attirer l’attention, nous sommes obligés de prendre notre douche une fois arrivé à la maison. De plus, il n’y a que les culturistes confirmés qui sont autorisés à venir s’entrainer, et toujours en comité restreint».

Il énonce aussi que «nous ne sommes pas inconscients, nous savons que nous sommes confrontés à une pandémie mondial». Et d’ajouter, «il faut se le dire, les membres qui entravent la loi n’ont pas réellement le choix. Ils travaillent acharnement depuis de longues années. Pour ma part je pratique le culturisme depuis bientôt 5 ans, certains depuis 10 ans et plus. Nous ne pouvons pas arrêter l’entrainement, il en va là de notre santé», a-t-il tonné.

Jaber, un culturiste aguerri pratiquant ce sport depuis plus de 15 ans, certifie qu’un arrêt prolongé de cette activité sportive peut provoquer des dégâts physiques. «Ces dégâts peuvent se manifester de plusieurs manières. Cela peut aller d’une perte drastique de poids à une déchirure musculaire ou autre tendinite».

En d’autres termes, les culturistes tangérois sont partagés entre le respect de cette interdiction, et les règles d’or du bodybuilding (pour reprendre l’expression du célèbre Arnold). Un véritable choix cornélien!

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