Sécheresse structurelle
Karim Ben Amar
Le stresse hydrique est devenu endémique au Maroc. Après 6 ans de grande sécheresse, tout le monde s’accorde à dire que dans notre pays, cette dernière est désormais structurelle. Dans plusieurs villes du Royaume, les autorités se retrouvent dans l’obligation de mettre en place des mesures pour limiter le gaspillage d’eau. Le changement des pratiques quotidiennes devient donc une obligation qui nécessite un effort collectif citoyen. D’ailleurs le ministère de l’Equipement et de l’Eau a lancé une nouvelle campagne de sensibilisation globale. Basée sur la mise en avant de la situation actuelle tout en expliquant les difficultés posées. Elle a pour but de clarifier les mesures à entreprendre pour économiser l’eau et mettre fin à son gaspillage. Cette campagne arrive à point nommé puisque le Maroc importe depuis septembre 646 millions de mètres cubes supplémentaires d’eau.
Toutes les régions du Royaume sont affectées par la sécheresse qui perdure depuis plus de 6 ans. Le Nord est particulièrement affecté par la rareté d’eau. Depuis plus de deux ans, le débit d’eau est largement réduit à Tanger. En milieu d’après midi, dans certains quartiers de la perle du Détroit, il est pratiquement impossible de prendre une douche, le début étant réduit à outrance. Tout porte à croire que plusieurs autres régions seront concernées par les mesures drastiques afin d’économiser l’or bleu.
C’est dans ce même sillage, que le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka a soulevé lundi 22 janvier dans la Chambre des représentants, que la problématique de la pénurie d’eau est structurelle et nécessite un changement des pratiques quotidiennes.
En réponse aux questions orales concernant les programmes de sensibilisation quant à l’économie de l’utilisation de l’eau, le ministre de tutelle a fait état du lancement par son département d’une nouvelle campagne de sensibilisation globale. Cette dernière se base essentiellement sur la mise en avant de la situation actuelle tout en expliquant les difficultés posées et en clarifiant les mesures à entreprendre pour économiser l’eau et mettre fin à son gaspillage.
Le ministre a d’ailleurs qualifié de « délicate » la situation des ressources hydriques, soulignant que cet état des lieux impose « un effort collectif » auquel adhèrent les citoyens et les acteurs dans le domaine agricole en économisant l’utilisation de l’eau.
Depuis l’année dernière, et pour souligner la gravité de la situation du stresse hydrique, une campagne de sensibilisation audiovisuelle basée sur la lutte contre le gaspillage de l’eau dans tous les domaines a réalisé 229 millions de vues. Nizar Baraka a aussi été du lancement de
« MaaDialna.ma », une plateforme multimédia d’informations, de collaboration et de participation sur l’eau qui informe les citoyens sur les actions publiques et privées mises en œuvre pour garantir l’approvisionnement en eau des populations.
C’est dans ce cadre que le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a exposé, mercredi 24 janvier à Rabat, les grandes lignes du plan d’action d’urgence des systèmes hydrauliques, présenté devant le Souverain, lors de la séance de travail présidée par SM le Roi Mohammed VI, le 16 janvier, consacrée à la problématique de l’eau.
Dans une présentation devant la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement à la Chambre des représentants axée sur le thème « La situation des ressources hydriques au Maroc : mesures entreprises et plan d’action d’urgence pour assurer l’eau », Nizar Baraka a indiqué que le plan d’action d’urgence comporte l’accélération de la construction de grands, moyens et petits barrages, la construction de puits et la réalisation de plusieurs forages exploratoires pour renforcer l’approvisionnement en eau potable, outre les projets de dessalement de l’eau de mer pour approvisionner les villes côtières en eau potable.
Ce plan prévoit également l’acquisition de stations mobiles pour le dessalement de l’eau de mer et de l’eau saumâtre, la réalisation du projet d’interconnexion entre le barrage de Oued El Makhazine et le barrage Dar Khrofa, ainsi que l’étude du projet d’interconnexion entre les bassins de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rabia.
Le plan vise également la poursuite de la mise en œuvre du programme de réutilisation des eaux usées pour l’irrigation des espaces verts et des terrains de golf, l’intensification de l’économie de l’eau au niveau des réseaux d’adduction et de distribution de l’eau potable et d’irrigation, la restriction d’utilisation de l’eau d’irrigation ou de ses débits en cas de besoin, outre la mise en œuvre d’un programme de communication transparent et régulier sur l’évolution de la situation hydrique et sur les mesures d’urgence qui seront mises en œuvre, ainsi que la sensibilisation à l’économie de l’eau et la lutte contre toutes les formes de gaspillage.
La rédaction d’Al Bayane avait posé au ministre de tutelle une question concernant la mise en place de mesures pour limiter le gaspillage, en 2022, dans le cadre d’un événement de la Narsa à Marrakech. Nizar Baraka avait alors botté en touche en se retranchant dans son véhicule. Près d’un an et demi plus tard, il annonce les fameuses mesures en les présentant comme une nécessité. Finalement ce gouvernement ne prend de mesures qu’en cas d’urgence extrême. L’anticipation fait visiblement défaut à l’Exécutif, et dire que comme l’a si bien dit Emile de Girardin il y a plus d’un siècle, « gouverner c’est prévoir ! ».