Adieu Naïma, Adieu diva

Icône de la chanson marocaine moderne

Mohamed Nait Youssef

Un oiseau se cachait dans sa voix. Naïma Samih, l’une des icones de la chanson marocaine et arabe s’est éteinte dans la nuit de vendredi à samedi, après une longue lutte contre la maladie. Elle avait 72 ans. Elle est partie laissant derrière elle une œuvre musicale prolifique, singulière et immortelle.

Une voix éternelle…

Sa voix unique et inoubliable a marqué des générations de mélomanes et d’amoureux de la chanson marocaine et arabe. Ses titres emblématiques et chefs-d’œuvre tels que «Yak a Jarhi», «Amri Lilah», «Chouft El Khatem O Aajabni, «Jari Ya Jari», «Kif Lmaani», «Ala Ghafla» et bien d’autres  ont non seulement enrichi le répertoire musical national, mais ils ont aussi enchanté les oreilles, et transcendé les cœurs et  les esprits. Son timbre de voix authentique, marqué par un mélange de douceur et de mélancolie, a fait la singularité de son art. Sa voix, son talent ont dépassé les frontières pour embrasser d’autres publics et horizons plus vastes. Feue Naïma Samih, figure incontournable de la musique marocaine et arabe, a quitté, certes, le monde des vivants, mais son legs artistique reste vivant, et continuera de perdurer par le biais de ses chansons immortelles. À vrai dire, les vrais artistes ne meurent jamais.

Les beaux commencements…

Elle est née chantante. Enfant, elle passait son temps à chanter.  Chassée de l’école, elle s’adonna à la couture traditionnelle, et par la suite à la coiffure. Mais, son rêve ultime, c’était la musique, l’art et la chanson. Dans les locaux de la  TVM à Casablanca, elle avait pris part à une soirée artistique animée par Mohamed Bouanani où elle avait repris «Wa hyatak ya chikh Masaoud», un titre à succès de Charifa Fadel. Cette première apparition sur le petit-écran a impressionné le public, les paroliers et compositeurs.

Et c’est ainsi la merveilleuse aventure avait commencé. Issue d’une famille modeste et nombreuse, de douze sœurs et frères, feue Naïma Samih a vu le jour à Derb Soltane, à Casablanca. Elle aimait chanter. L’art était sa première passion depuis l’âge de 9 ans. En effet, c’est dans les années 70, lors de l’émission artistique «Mawahib» d’Abdenabi Jirari que le public a découvert sa voix envoutante et son talent de chanteuse et d’artiste. Feue Naïma Samih a suivi son rêve en franchissant la scène artistique arabe, dans les années 80. Sa fameuse chanson « Yak Ajarhi » fit un tabac. Par ailleurs, la regrettée  a collaboré avec des compositeurs et des poètes très connus sur la scène musicale et artistique marocaine et arabe, entre autres, Ahmed Tayeb El Alj, Abdelkader Rachdi, Ali Haddani ou encore Ahmed Alaoui.

Artiste hors du commun…

C’était son beau destin. Elle est née pour être artiste. Et Elle en a prouvé. Aimée et appréciée par le public marocain, feue Naïma Samih a su par sa voix robuste, sa persévérance et son amour pour l’art, de se faire un nom et une renommée sur la scène artistique nationale et arabe, à une époque où le domaine artistique était dominé des hommes.

Diva, icône, doyenne et  dame de la chanson marocaine moderne, feue Naïma Samih fut la première chanteuse marocaine et la troisième artiste arabe à livrer un concert au célèbre “Olympia” de Paris, après les voix légendaires Oum Kalthoum et Fairouz. Une fierté !

Une pluie d’hommages

De nombreux artistes ont rendu un hommage émouvant à feue Naïma Samih dont l’héritage musical transcende les temps, et traversent les générations. Par le biais des mots solennels, les hommages ont salué ses qualités humaines et professionnelles en célébrant son œuvre prolifique et immortelle.

«Aujourd’hui, j’ai perdu une amie d’enfance, une grande partie de mes souvenirs, et un visage toujours rayonnant de vie et de spontanéité. Naïma n’était pas uniquement une voix exceptionnelle, mais aussi une personne chaleureuse, généreuse dans ses émotions, remplissant le monde de son sourire et de sa gentillesse. Depuis notre enfance, j’étais l’enfant turbulente et elle, la naturelle qui agissait avec une rare spontanéité. Sa proximité avec ma famille en a fait une partie de ma vie, et son amour restera gravé dans mon cœur. Tu es partie, mais ta présence ne disparaîtra jamais.», c’est avec ces mots que la chanteuse marocaine Samira Saïd a rendu un vibrant hommage à Naïma Samih.

«Tu étais la voix marocaine la plus importante, la plus douce, la « mère » dont tous les artistes marocains parlaient, et la plus gentille des collègues.»,  écrivait Asmaa Lamnawar sur sa page officielle sur les réseaux sociaux.

Latifa Raâfat et d’autres marocains ont  exprimé  leur profonde tristesse mêlée de respect et d’admiration pour cette  chanteuse ayant a marqué son époque et laissé une empreinte indélébile dans le cœur des Marocains. «Notre consolation est unique face au départ de la dame de la musique marocaine, qui ne sera jamais oubliée, Lalla Naïma Samih.», s’est elle exprimée.

Les funérailles de feue Naïma Samih, ayant rendu l’âme dans la nuit de vendredi à samedi des suites d’un long combat contre la maladie, ont eu lieu samedi au cimetière de Sidi M’hamed à Benslimane.

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