Un secteur agricole à plusieurs vitesses
Fairouz El Mouden
Les précipitations enregistrées ces derniers jours qui ont touché de manière variable toutes les régions du Maroc, de Tanger à Agadir sont toujours bénéfiques pour le remplissage des barrages, l’alimentation de la nappe phréatique et l’arrosage des cultures déjà installées, notamment l’arboriculture et les légumineuses. Néanmoins, ces pluies ne vont pas sauver la campagne céréalières ni les cultures d’automne. La situation est hautement sinistrée pour cause de sécheresse. Le secteur agricole semble fonctionner à plusieurs vitesses avec un secteur d’exportation très performant et compétitif et une filière céréalière et d’élevage en perte de vitesse et de rendements inquiétants !
Aujourd’hui, la grande partie des cultures d’automne est encore en stade de germanisation. Une situation catastrophique qui touche aussi bien les zones Bour que les zones irriguées. Mis à part le périmètre du Loukous qui continue d’être irrigué, les huit autres périmètres irrigués ne marchent plus depuis 2019, conséquence d’un manque drastique d’eau d’irrigation. L’état des lieux dans les zones Bour est plus dramatique. Le manque d’eau est alarmant au point que l’on annonce une absence de récolte dans le grenier du Maroc, à savoir la région du Chaouia.
Aujourd’hui, on est loin des prévisions des 70 millions de quintaux prévus dans la loi des finances 2025, déclare à AL Bayane, Abbes Tanji, ingénieur agronome qui estime que l’actuelle campagne céréalière est l’une des plus mauvaise qu’a connu le Maroc depuis un demi siècle où la sécheresse devient dévastatrice et où la surexploitation de la nappe phréatique a été fortement accélérée sans aucune mesure appropriée pour arrêter la sur-utilisation et rationnaliser l’utilisation de la ressource. La police de l’eau n’a pas les moyens humains pour faire son travail. Pire encore, aucune mesure n’a été prise pour interdire les cultures hydrovores, grande consommatrice d’eau notamment, les fruits rouges, l’avocat, la pastèque, le melon….
Du côté du cheptel, c’est le chaos total. Le Maroc a perdu 38% de son patrimoine animal depuis 2016. Malgré une sécheresse dévastatrice, le département de tutelle n’a fait aucun effort pour sauvegarder le cheptel et éviter la vente et l’abattage des femelles et encourager les naissances. Si la situation se prolonge, même l’année prochaine il n y’aura pas de l’aïd de sacrifice, annonce les éleveurs qui aspire à plus d’aide et de soutien en termes de distribution des aliments de bétail et de prime à la naissance.
Le secteur a grand besoin d’un programme national à même d’éviter l’exode rural et reconstituer le cheptel, amorcer la production qui est en chute libre et réduire le stress hydrique.