Après avoir été formellement adopté le 10 décembre à Marrakech, le «Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières» a été ratifié à une large majorité le 19 décembre à l’Assemblée générale de l’ONU. Le texte, qui se veut le premier du genre sur la question des migrations, devrait favoriser une nouvelle gouvernance axée sur la coopération internationale.
En effet, le «Pacte de Marrakech sur les migrations» a été approuvé à une écrasante majorité par 152 Etats membres, 9 jours après son adoption formelle à Marrakech. 12 pays se sont abstenus et 5 autres ont voté contre. Si 165 membres de l’ONU, dont 164 pays et l’Union Européenne avaient entériné le texte dans la ville ocre, seulement 152 ont finalement voté en faveur de ce nouveau cadre de la gestion migratoire lors de l’AG des Nations-Unies. En cause, 12 des 164 Etats ont choisi de s’abstenir. Il s’agit, notamment de l’Autriche, l’Australie, la Bulgarie, le Chili, l’Italie, la Lettonie, Liechtenstein, Roumanie, Singapour, Suisse. En Afrique, l’Algérie et la Libye, deux Etats concernés par le fait migratoire, sont les deux seuls Etats membres à s’être abstenus de voter. A Marrakech, Alger avait déjà émis des réserves sur certains points du Pacte, jugeant d’ailleurs le texte de «déclaration controversée».
Si le Pacte mondial sur les migrations a déchainé des passions en Belgique, entrainant la démission mardi dernier, du 1er ministre libéral, Charles Michel, le pays a toutefois voté mercredi en faveur de ce texte, qui aura fragilisé son gouvernement. Au Brésil, bien que le pays ait endossé le Pacte, le nouveau gouvernement qui prendra les rênes du pays en janvier prochain, a annoncé qu’il se dissocierait du texte.
Dans le camp des détracteurs du Pacte, le vote des Etats-Unis, qui s’étaient retirés du Pacte à fin 2017, bien avant l’entame des négociations ; la Hongrie, la République Tchèque, la Pologne et Israël, était attendu, puisqu’ils avaient déjà clairement annoncé leur position adverse à ce texte élaboré dans le cadre de la Déclaration de New-York de 2016. Sur l’ensemble des 193 Etats membres de l’ONU, ce sont 169 pays (entre abstentions, vote pour et contre) qui ont contribué au vote sur le «Pacte mondial sur les migrations». 24 Etats membres, dont certains Etats africains (Benin, Botswana, la Corée…), en plus d’autres pays comme l’Afghanistan, la Corée n’ont tout simplement pas voté sur le sujet.
Ratifié très tôt mercredi matin, le Pacte a été salué par les responsables de l’ONU. Maria Fernanda Espinosa, présidente de l’AG de l’ONU, a qualifié le texte de « boussole», ajoutant qu’il «n’affecte en rien la souveraineté des Etats». Si le pacte a été qualifié d’historique, la prochaine étape devrait être la concrétisation de ses 23 objectifs. Omar Hilale, ambassadeur permanent du Maroc à l’ONU, a déclaré dans ce sens que : «Marrakech n’a jamais été une fin en soi. Elle est le début d’un long processus pour renforcer la gestion du dossier de la migration, sur la base des dispositions du Pacte de Marrakech». Amnesty international a appelé pour sa part les Etats qui ont adopté le Pacte à prendre des décisions immédiates pour protéger les droits humains des migrants.
A noter que le Pacte de Marrakech sur les migrations incorpore plusieurs principes pour la gestion de la migration, notamment l’interdiction des détentions arbitraires, l’intégration des migrants, la reconnaissance de la souveraineté nationale, la défense des droits humains des migrants…
Danielle Engolo