Chantier de la régionalisation: le recadrage royal

«Les Marocains ne veulent pas d’institutions régionales qui restent lettre morte», avait souligné SM le Roi Mohammed VI dans un message adressé au forum parlementaire des régions, organisé en décembre 2018 par la Chambre des conseillers en partenariat avec le Conseil économique social et environnemental (CESE), l’association des présidents des régions et l’association marocaine des présidents des conseils communaux.

Et le souverain de préciser que les Marocains «aspirent plutôt à disposer de régions agissantes qui répondent à leurs préoccupations pressantes, et qui contribuent à l’amélioration de leur quotidien». Après avoir mis en exergue le chantier de la régionalisation et balisé la voie devant sa mise en œuvre effective, interpellant les élus et les autres différents acteurs à s’inscrire dans cette dynamique de développement, le souverain n’a pas caché son insatisfaction des approches suivies en matière d’insertion des jeunes.

«Nous avons constaté qu’à cet égard, les initiatives des Régions restaient en-deçà de Nos ambitions et qu’elles ne répondaient pas aux attentes des catégories concernées», a dit SM le Roi, en soulignant à nouveau «le caractère prioritaire de cette question urgente». Ce recadrage royal devait ainsi interpeller les différents intervenants à mettre les bouchées doubles afin de remettre le chantier de la régionalisation sur les rails du développement économique du pays dans un esprit de solidarité, d’innovation, de création et de complémentarité entre les régions afin de mieux servir les citoyens.

En fait le bilan des conseils régionaux dans leur nouvelle configuration depuis les élections communales et régionales de l’année 2015 reste en deçà des aspirations du Maroc de la régionalisation avancée. La plus grande région du pays, celle de Casablanca-Settat, trouve encore du mal à se définir et demeure pratiquement absente de l’échiquier régional. Les habitants de cette plus grande région n’entendent parler de leur institution régionale que lors de ses sessions ordinaires ou lors des réceptions organisées pour recevoir des délégations étrangères. Jusqu’à présent, force est de constater que cette région reste une coquille vide.

Au niveau de la région de Guelmim-Oued Noun, le conflit entre les membres a conduit à une paralysie totale face à laquelle il n’y avait qu’une alternative, pour le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit: la suspension. Ainsi une commission spéciale a été chargée de gérer les affaires courantes du conseil. Une situation qui devra durer le temps que toutes les composantes du conseil procèdent à une auto-évaluation et s’engagent dans une approche positive nouvelle, avait indiqué un communiqué du ministère de tutelle. Voilà un exemple qui montre encore que le chantier n’avance pas dans le bon sens.

La région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima avait démarré, en annonçant en fanfare des plans politiques et de développement économique qui se sont révélé quelques mois plus tard qu’ils n’avaient que des effets d’annonce. La région de Rabat-Salé-Kénitra a brillé par les tiraillements politiques qui déchirent toujours son conseil qui s’est réduit à un cadre institutionnel sans aucune valeur ajoutée pour cette région hautement stratégique.

La région de Beni-Mellal-Khénifra a marqué le bilan de son mi-mandat par l’invalidation du fameux plan de développement régional (PDR) à plus de 36 milliards de dirhams. Ce plan, rappelle-t-on, a été rejeté par les autorités de tutelle qui auraient trouvé les ambitions de la région trop excessives. D’où un cinglant retour avec un rappel à l’ordre qui en dit long sur les rapports entre le département de tutelle et les conseils élus. La région de Marrakech-El Haouz ne fait  d’elle  que pas les dérapages de son président sur d’autres registres. Elle se caractérise d’ailleurs par un conseil hétéroclite qui n’arrive pas à saisir la portée des objectifs pour lesquels il été élu. Le constat est le même pour le conseil de la région de Souss-Massa et ceux de l’Oriental et de Fès-Meknès.

La région de Daraâ-Tafilalet, quant à elle, a battu les records par les dysfonctionnements émaillant sa gestion et les décisions prises par son président. La région de Dakhla-Oued Eddahab a également fait parler d’elle par les plaintes déposées contre son président beaucoup plus que ses réalisations au profit des habitants de la région et son développement. La région de Laâyoune Sakia-Lhamra ne s’est pas distinguée dans l’accompagnement du plan de développement annoncé par le souverain en vue de promouvoir les provinces du sud. C’est ce constat qui été dressé par le dernier message royal.

«De la valorisation des ressources humaines à la notion de responsabilité et de demande de reddition des comptes, en passant par les nouveaux modes de gestion et les mécanismes d’implémentation modernes, nombreux sont, en effet, les sujets qui vous interpellent et vous incitent à identifier les causes réelles de la situation actuelle et, partant, à chercher des solutions réalistes, adaptées et transparentes aux problèmes posés, à répondre favorablement aux doléances et aux attentes des citoyennes et des citoyens», a précisé le souverain dans son message adressé forum parlementaire des régions.

Belkassem Amenzou

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