L’Allemagne durcit sa politique migratoire

Attendons pour voir…

Le triple-meurtre au couteau, imputé à un Syrien, qui avait eu lieu, à Solingen, le 23 Août dernier, soit une semaine avant la victoire de l’extrême-droite allemande aux élections régionales en Thuringe et en Saxe, où elle est devenue la première force politique au parlement régional, a relancé le débat sur l’immigration illégale et la politique d’asile et en a fait un sujet de politique majeur pour le gouvernement d’Olaf Scholz notamment en ce moment où le Parlement allemand est appelé à examiner un projet de loi durcissant la législation sur le port d’armes. 

En ajoutant à cela le fait qu’une nouvelle élection régionale devra avoir lieu, le 22 septembre, dans le Brandebourg, et que, la semaine dernière, une tentative d’attentat menée par un islamiste autrichien de 18 ans visant le consulat général d’Israël à Munich avait été déjouée in extremis, le moins que l’on puisse dire c’est que le gouvernement allemand est sous pression.

Aussi, après avoir décidé, il y a une dizaine de jours, de durcir sa politique sur l’immigration en supprimant les aides aux demandeurs d’asile entrés dans un autre Etat de l’Union européenne avant l’Allemagne et, pour la première fois depuis le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan, renvoyé chez eux 28 afghans condamnés pour crime dans leur pays, l’Allemagne a annoncé qu’elle va instaurer des contrôles, dans tous ses postes-frontières, à partir du 16 Septembre.

Ces contrôles qui seront établis pendant une durée de six mois aux frontières séparant l’Allemagne de la France, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la Belgique et du Danemark viendront, ainsi, s’ajouter à ceux qui, pour contrecarrer l’explosion des demandes d’asile, avaient déjà été mis en place, en Octobre 2023, aux frontières de la Pologne, de la République Tchèque, de l’Autriche et de la Suisse.

Ainsi, après avoir informé les autorités de l’Union européenne de la mise en place de ces mesures exceptionnelles qui dérogent aux règles de libre circulation dans l’espace Shengen, NancyFaeser, la ministre allemande de l’Intérieur a déclaré que son pays va poursuivre l’application de sa « ligne dure contre l’immigration irrégulière ».

Mais, en considérant que ce durcissement de la politique migratoire de l’Allemagne pourrait, à terme, créer des tensions entre Berlin et ses voisins, puisque l’Autriche, par la voix de son ministre de l’Intérieur, Gerhard Karner, a déjà fait part, dans les colonnes du « Frankfurter Allgemeine Zeitung », de son intention de ne point accepter « les personnes refoulées d’Allemagne » et que l’eurodéputée néerlandaise Raquel Garcia Hermida-Van der Walle a déploré la mise en péril d’une des libertés les plus importantes, certains responsables des Verts et du parti social-démocrate allemand (SPD), craignant qu’un refoulement systématique à la frontière n’enfreigne le Droit européen, ont émis des doutes quant à la viabilité d’une telle politique.   

Enfin, si le chancelier allemand Olaf Scholz, qui considère que le durcissement qui a fait suite à la politique d’accueil initiée par Angela Merkel, constitue « le plus grand changement de ces dix ou vingt dernières années dans la gestion de l’immigration », fait fi de toutes ces critiques au motif que depuis la mise en œuvre des contrôles aux frontières en Octobre dernier, ce sont près de 30.000 réfugiés illégaux qui ont trouvé porte-close alors qu’au cours de la crise migratoire de 2015-2016, l’Allemagne avait accueilli plus d’un million de réfugiés et qu’un million de réfugiés ukrainiens y sont venus après le déclenchement de l’offensive russe en Février 2022, attendons pour voir…

Top