Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
Créé le 26/09/1999 afin de répondre aux crises financières qui avaient frappé les pays émergents et réunissant les 19 pays les plus développées de la planète plus l’Union européenne, le G20 a fini, au fil du temps, par s’intéresser à toutes sortes de questions et à passer, ainsi, de l’économie, au changement climatique, puis à l’énergie durable voire même à l’annulation de la dette internationale ou encore à la taxation des sociétés multinationales.
Si, chaque année, un Etat-membre prend la présidence tournante de ce forum et en fixe l’ordre du jour, c’est New Delhi, la capitale indienne, qui, ce week-end, a abrité le 18ème sommet du G20.
En prenant la parole pour lancer les travaux de ce sommet, le Premier ministre indien a tenu à rappeler que son pays souhaite que le G20 se concentre principalement sur le développement durable et sur l’adoption de mesures qui permettraient une répartition plus équitable de la croissance économique entre pays développés et pays en voie de développement mais a, aussi, saisi cette occasion pour présenter ses condoléances au Roi Mohammed VI et au peuple marocain à la suite du séisme qui a durement frappé le royaume chérifien dans la nuit de vendredi à samedi.
Ainsi, même si l’Afrique ne figurait pas à l’ordre du jour des travaux du G20 de New Delhi, il est sûr que les coups d’Etat survenus, cet été, au Niger et au Gabon vont être au menu des discussions, d’une part, parce que l’Union Africaine vient de faire son entrée dans le G20 et, d’autre part, parce que la France, désormais, dans le viseur des putschistes est débordée par l’enchainement des évènements qui ont vu le jour dans son ancien pré-carré africain.
Le président américain Joe Biden qui avait fait part de son intention de profiter de la tenue de ce sommet pour s’entretenir en tête-à-tête avec plusieurs dirigeants de la lutte contre le changement climatique, de la guerre d’Ukraine qui, en étant au cœur des tensions entre les occidentaux et les pays émergents avait semé la discorde entre les délégations des Etats-Unis et de la Russie, lors sommet qui s’était ouvert, en mars 2022, à Bali en Indonésie, et des efforts déployés en matière de lutte contre la pauvreté par différentes organisations internationales comme la Banque mondiale, ne pourra donc que déplorer l’absence de ses homologues russe et chinois.
Le durcissement des positions des occidentaux qui en condamnant la guerre d’Ukraine entendent le mentionner dans le communiqué final et de la Russie et la Chine qui s’y opposent fermement avaient, tout au long de cette année, empêché l’adoption de communiqués communs lors des différentes réunions ministérielles thématiques.
Aussi, sauf compromis de dernière minute comme ce fut le cas à Bali, le sommet de New Delhi sera, certainement, le premier du G20 qui ne fera pas l’objet d’un communiqué final mais d’une simple déclaration de la présidence indienne.
Enfin, si lors du précédent sommet le communiqué final avait indiqué que «la plupart des membres (du G20) condamnent fortement la guerre en Ukraine», pour obtenir un consensus et l’aval de la Russie, le Premier ministre indien qui est parvenu, cette fois-ci, à faire avaler la pilule à la délégation russe et à pousser le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov à y adhérer en indiquant, dans le communiqué qu’il a soumis à l’appréciation des participants, que le G20 ne «condamne» pas la guerre en Ukraine mais qu’il renvoie à la déclaration de Bali en ajoutant, par ailleurs, que «tous les États doivent s’abstenir de menacer ou d’employer la force pour chercher à acquérir des territoires à l’encontre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale (…) de n’importe quel État».
Sur quoi débouchera, concrètement, le sommet du G20 de New Delhi dont les travaux se poursuivront jusqu’à dimanche soir ? Attendons pour voir…