Le poisson flambe !

En période du carême, le poisson demeure une denrée de prédilection des ménages marocains. Une tradition nationale bien ancrée, depuis fort longtemps, d’autant plus que cet aliment aux facultés nutritives avérées, abonde, des décennies durant, tout au long du littoral, étendu sur plus de 3500 kms. La progression halieutique qui se manifeste si nettement par rapport au volume des pêcheries enregistrées, serait vraisemblablement due à la qualité de la ressource, très convoitée par nombre de pays de la planète. Ce qui explique, plus particulièrement, la tentation dont font l’objet des entités de l’Union Européenne qui se précipitent à conclure des accords de pêche avec leurs homologues marocaines.

La prouesse marocaine en termes de renforcement des ressources halieutiques brutes, n’est pas alors le fruit du hasard. Selon les statistiques du département de tutelle, plus de 4 00 000 tonnes de poissons, toutes espèces réunies, sont capturées dans les eaux nationales, plus spécialement dans les provinces du sud et surtout en période de non-reconduction des conventions de pêche avec les instances européennes. Alors qu’à l’époque où les bateaux espagnols, à titre d’exemple, sillonnent le large marocain, les revenus poissonneux s’amenuisent d’une manière notoire.

A ce propos, les espèces pélagiques s’illustrent particulièrement avec une augmentation de plus de 50% dont la performance du poisson bleu, notamment la sardine et le thon, passant à eux seuls, de 86% à144%. La hausse du poisson blanc n’est pas non plus à sous-estimer, puisqu’elle marque plus de 20%, plus spécialement le pageot et le merlu.

Or, face à tous ces exploits réalisés, en fait, dans le sillage de l’application du plan halieutis, pourrait-on avancer que le poisson se répercute positivement sur le pouvoir d’achat du consommateur marocain ? Ce n’est pas évident, car, depuis des années, jamais le coût du poisson n’aurait atteint le seuil de flambée actuelle sur le marché interne ! Certaines espèces sont devenues pratiquement inaccessibles pour les foyers marocains moyens et carrément illusoires pour les familles très modestes.

Pourquoi donc cette dichotomie amère ? Au moment où on s’attendait à des baisses de prix du poisson, du fait que la côte marocaine est riche en produits halieutiques, la cherté fait rage, beaucoup plus que l’on ne peut imaginer. L’équation insolite pourrait également s’expliquer par le fait que le marché national est davantage sacrifié au profit de l’export, du moment que les captures européennes se font rares et n’approvisionnent plus suffisamment les marchés locaux respectifs d’une part, et le monopole du poisson par les barons de la mer, en particulier dans les zones sahariennes, d’autre part. On ne saurait exclure cette hypothèse selon laquelle ces bonnets de la pêche marocaine, resserrent encore plus l’étau sur les ressources halieutiques marocaines en abondance, au point de prétexter la pénurie pour mieux monopoliser le produit et en tirer profit au maximum, tout en assénant des coups durs aux caisses de la taxation de l’Etat.

Devant cet imbroglio intrigant, a-t-on le droit de priver le consommateur marocain au niveau du marché intérieur d’une denrée alimentaire très appréciée sur la table marocaine? C’est encore une controverse à dénouer dans un contexte marocain en effervescence!

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