COP26
Mohamed Saad Bouyafri – ES de la MAP Glasgow
Les petits États insulaires en développement (PEID), qui sont pour la plupart des contributeurs insignifiants au réchauffement climatique, sont frappés de plein fouet par ses conséquences, avec notamment une hausse du niveau des océans qui pourrait les empêcher de se maintenir à flot.
Aux avant-postes de la lutte face au défi climatique, les PEID prennent part au sommet sur le climat à Glasgow avec beaucoup d’espoir, mais aussi avec de l’appréhension, car conscients de la profondeur de l’abime dans lequel ils risquent de se retrouver si aucune avancée tangible n’est réalisée.
Comme leurs délégués n’ont eu de cesse de le rappeler durant les sessions plénières de la COP26, ils sont loin d’être responsables des conséquences dramatiques que le monde risque de subir.
En effet, la contribution de tous les petits États insulaires en développement aux émissions de dioxyde de carbone et au changement climatique représente moins d’un pour cent des émissions mondiales.
Un point que l’Alliance des petits États insulaires (Aosis) a voulu tirer au clair dès sa première prise de parole, à l’occasion du sommet des chefs d’État en ouverture de la COP, rappelant que ‘’si l’objectif de 1,5 degré est dépassé, cela aura des conséquences fatales pour tous et en particulier pour les PEID’’.
‘’Nos pays sont les moins responsables des dommages causés à l’environnement mondial, mais nous en payons le prix le plus élevé’’, a déploré le premier ministre d’Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, qui s’exprimait au nom de l’Aosis.
Selon lui, la différence entre les petits États insulaires en développement et les nations industrialisées réside dans leur capacité à réagir, notant qu’’’il suffit d’une seule tempête, de quelques heures, pour détruire l’économie et les infrastructures de tout un petit État insulaire, qui ne dispose pas des ressources financières et autres nécessaires pour rebondir et reconstruire’’.
Voilà pourquoi l’Aosis insiste sur la question des ‘’pertes et dommages’’, un sujet qui ne manque pas d’animer les débats de la même manière que les milliards d’aides pour le climat promis par les pays développés et que les plus pauvres attendent toujours.
Dans le détail, les pays riches s’étaient engagés en 2009 à porter leur aide aux pays en développement pour lutter contre le changement climatique à 100 milliards de dollars par an à l’horizon 2020.
Une promesse qui n’a pas été tenue, suscitant une rupture de confiance entre les grands pollueurs et ceux qui en subissent le plus les conséquences.
Avant le lancement de la COP26, les pays développés ont présenté en gage de bonne foi un « plan de livraison » pour remplir cet engagement en 2023. Mais un dossier qui y est lié tient particulièrement à cœur aux petits états insulaires, celui des dommages qu’ils subissent déjà.
Un problème auquel le mécanisme de la CCNUCC sur les pertes et dommages liés aux incidences du changement climatique lancé en 2013 était censé apporter une réponse, puisqu’il a pour but d’identifier les moyens techniques et financiers pour venir en aide aux pays les plus touchés.
Or, compte tenu du retard de mise en œuvre qu’accuse ce mécanisme, il ne sert aujourd’hui qu’à cristalliser davantage les différences entre pays riches et en développement. D’autant que les conséquences du réchauffement climatique ne tardent pas à se manifester.
Une ONG britannique a, d’ailleurs, relevé en début de semaine que les pays vulnérables face aux conséquences du réchauffement climatique risquent de voir leur PIB par habitant chuter de plus de 80% d’ici la fin du siècle, notant que 8 des 10 pays les plus affectés se trouvent en Afrique.
Le continent dispose, toutefois, d’une Commission climat des États Insulaires lancée en 2016, à l’occasion du Sommet Africain d’Action, convoqué à l’Initiative de SM le Roi Mohammed VI, dans le cadre de la COP22 tenue à Marrakech.
Lors d’une réunion ministérielle de la Commission tenue mardi par visioconférence en marge de la COP26, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a réitéré l’engagement du Maroc à accompagner et soutenir les actions de la commission ‘’dont l’opérationnalisation devient plus que jamais un impératif’’.
Afin d’accélérer l’opérationnalisation de la Commission climat des États Insulaires, M. Bourita a mis l’accent sur trois prérequis incontournables, à savoir l’identification des besoins et des ambitions, l’élaboration d’un plan d’investissement réaliste pour canaliser le soutien technique et financier que les partenaires pourraient fournir, ainsi que la mise en place d’un groupe de travail conjoint en vue d’élaborer une feuille de route traçant les objectifs à atteindre dans les prochains mois.
Alors que la COP26 est en phase de négocier son dernier virage, les PEID sont mobilisés pour obtenir des engagements concrets qui éviteraient à l’humanité l’opprobre de laisser les siens à la merci d’une catastrophe.