Les Marocains perplexes

Zébus importés du Brésil

Karim Ben Amar

Ce gouvernement ne cessera de nous surprendre. Dès février 2023, l’exécutif a cru faire une annonce phare. L’importation de bovins du Brésil, voilà la solution de génie dénichée par l’instigateur du flop nommé Plan Maroc Vert.  Pour le pays agricole que nous sommes, cette décision qui n’a à aucun moment fait l’unanimité, est un revers pour tous les fermiers, grands et petits, qui font la renommée de nos terres agricoles dans le monde.

D’après l’exécutif chancelant, cette solution alternative permettra aux citoyens d’acheter de la viande à un prix abordable (une différence de 10 dhs le Kg). Or, lors de l’annonce de cette mesure brouillonne, ce gouvernement qui a promis monts et merveilles lors de la campagne électorale a tout naturellement omis d’annoncer que le bovin en question n’est pas le bœuf mais le zébu.

De facto, il y a dol et donc tromperie. Fidèle à lui-même, ce gouvernement aux annonces hasardeuses s’est replié sur ses pratiques électorales et a trompé une fois de plus ses électeurs et ses opposants, chaque jour plus nombreux.

Dans la mémoire populaire du Marocain, la viande de cette bête, dans une époque lointaine, était servie aux pensionnaires des établissements carcéraux. Aujourd’hui ce gouvernement veut nous le faire passer pour du bœuf de Kobé.

Mais plus inquiétant que la qualité gustative, ce bovin est une menace pour notre élevage. S’accouplant avec tout et n’importe quoi, le zébu décime les races autochtones. Or pour un pays comme le Maroc, qui a une véritable culture d’élevage, il faut être très vigilant.

Le gouvernement doit-donc veiller à ce que la reproduction ne se fasse de façon anarchique, sans plan d’accouplement et sans relevé généalogique, au risque d’une part, de faire disparaître les races locales, et d’autre part, d’augmenter la consanguinité en l’absence d’une gestion raisonnée des races importées.

Cela peut également avoir des répercussions en termes de productivité, avec une production très variable en raison de l’hétérogénéité du troupeau croisé, et en diminution du fait de la perte des capacités d’adaptation, selon l’ingénieur de recherche et le zootechnicien Jérôme Janelle.

Notons qu’aucun schéma d’amélioration génétique n’a été proposé jusqu’à présent, pour permettre d’augmenter la productivité du réservoir local et de conserver les gènes.

Le zébu s’adapte aussi bien au climat tropical voir désertique de l’hémisphère sud qu’au climat glacial de l’hémisphère nord. Il a aussi la particularité de résister à la chaleur. Aussi, le zébu est le bovin qui nécessite le moins de soins et de nourriture puisqu’il se suffit aux pâturages. Si l’herbe est abondante, la bête n’a besoin d’aucun complément alimentaire, contrairement aux bœufs locaux.

D’ores et déjà, cette viande tellement prisée par nos amis et frères Malgaches, ne fait déjà pas l’unanimité au Maroc. Targuée d’être sec contrairement à la viande de bœuf plus graisseuse, les Marocains posent désormais la question fatidique à leurs bouchers : «Est-ce du bœuf ? Prenez garde de ne pas me refourguer de la viande de zébu».

Croyons recevoir des bœufs du brésil, les Marocains se retrouvent quasiment dans l’obligation de consommer du zébu. En guise de lot de consolation, dites-vous qu’il y a tout de même un point commun entre le zébu et le bœuf ; les deux beuglent…

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