Modernité et passéisme!

Tout au long de l’ère d’après la coalition consensuelle de 1998, on n’a jamais cessé d’arborer le slogan de «modernité». Aussi bien les discours de l’institution monarchique que les propos des diverses constituantes de la société marocaine, on s’ingénie à brandir cette terminologie, généralement à un autre lexique qu’est «démocratie», d’une manière constante. Ceci étant, le Maroc, est-il vraiment engagé dans le processus d’une nation moderniste ? En voie de la modernité, rectifieraient d’aucuns. Ni l’un ni l’autre, rétorqueraient d’autres !

Le dilemme est d’autant plus accentué qu’il s’affronte à de cuisants revers, dans le vécu quotidien. On a beau afficher l’étendard de la liberté pour tous et toutes, notamment au lendemain de la mise en place de la loi suprême, notre pays continue à sombrer dans les hiatus saillants de la pratique. Le contraste entre le slogan et le tangible est criard, en dépit de la solennité du texte et du contexte.

Dans la foulée, le Maroc a adopté, après cumulation de rudes ébauches, la plus étoffée des Constitutions de son Histoire. Certes, nombre de zones d’ombre constituent constamment des fausses notes dans un document résolument tourné vers l’instauration des principes des libertés. Alors, malgré cette éminence constitutionnelle, préconisée et protégée par les hautes sphères de l’Etat, des archaïsmes aigus continuent à sévir dans une société effervescente, en particulier ce fameux article 490 du Code pénal, relatif à «l’incitation à la débauche», vivement contesté par les forces progressistes.

De quelles libertés individuelles parle-t-on alors ? Pis encore, on notera non sans indignation, que sur des façades de lotissements, les syndics ont le culot de transcrire «réservé aux familles !», tout en chargeant le concierge d’interdire à quiconque d’y accéder, sous quelque prétexte que ce soit, au lieu de vaquer à des tâches domestiques (gardiennage, jardinage, stationnement…). De quel droit se permet-on de se comporter de la sorte ? Inutile de rappeler que ces unités de logements sont, pour la plupart, «infestées» par des barbus qu’ils transforment en ghettos générateurs de voix électorales.

Il y a lieu, en revanche, de constater que le projet «d’habitat réservé aux jeunes» initié dans le cadre de la politique de la ville, conforterait le calvaire des célibataires, même si la conduite des enclos pour familles est blâmable. Le principe des libertés est alors quotidiennement piétiné, sans que les partis politiques, particulièrement ceux de la modernité et du progrès, ne pipent mot, face à ces transgressions. Du pain sur la planche pour préserver ces libertés, dans une nation qui se proclame, du moins sur papier, adepte du modernisme.

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