Plaidoyer pour une noble profession

Sous le thème «Sages-femmes, ouvrons la voie avec la qualité des soins», l’Association Marocaine des Sages-femmes (AMSF) a organisé, le 4 mai 2018,  une journée scientifique, qui a connu la participation de 300 sages-femmes venues de toutes les régions du Maroc. Anass Doukkali, ministre de la Santé, était présent à cet événement qui s’est tenu au Centre de conférences de la fondation Mohammed VI à Rabat, pour rendre hommage à cette profession.

Depuis plus de 15 ans, le 5 mai est dédié à l’un des plus beaux métiers du monde : il s’agit de la Journée Mondiale de la Sage-femme. Cette profession comporte de multiples facettes et est encore trop méconnue du grand public. Cette journée est l’occasion de découvrir ce métier de « donneuse de vie », rendre hommage aux femmes qui le pratiquent et montrer leur importance au sein de la société.

C’est dans cet ordre d’idée que s’inscrit la manifestation qui a été paganisée à Rabat, le 4 Mai par l’Association Marocaine des Sages-femmes (AMSF), en partenariat avec le fond des nations unies pour la population (UNFPA).

Cette manifestation a été rehaussée par la présence d’Anass Doukkali, ministre de la santé, qui a rendu un vibrant hommage aux sages-femmes, comme il a mis en exergue le rôle très important que jouent la sage – femme dans la promotion de la santé de la mère et de l’enfant et partant dans le développement de la santé de l’ensemble de notre population.

C’est quoi une sage femme?

Est considérée comme sage-femme, toute personne justifiant de la formation et des compétences requises pour assurer les actes nécessaires au diagnostic et à la surveillance de la grossesse, pratiquer l’accouchement eutocique, prodiguer les conseils et dispenser les soins et la surveillance post natals à la mère, au nouveau né et au nourrisson.

Elle établit, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur les certificats de naissance. La sage-femme assure le dépistage des risques et des complications pendant la grossesse, l’accouchement et le post partum. Elle recourt, en cas de nécessité, à un médecin et exécute les mesures d’urgence nécessaires en attendant l’intervention médicale ou procède à la référence ou au transfert de la femme vers l’établissement approprié à son état de santé. Elle contribue aux activités de la santé reproductive et participe aux actions d’information d’éducation et de communication auprès de la femme, de la famille et de la communauté.

Des compétences reconnues à l’internationale

Le nombre de sages-femmes au Maroc s’élève à 4.000, alors que notre  pays enregistre plus  de 600.000 naissances par an. Ce chiffre fait ressortir les difficultés que peuvent rencontrer les sages- femmes pour effectuer leur travail dans de bonnes conditions. Il faut savoir qu’elles sont 4 sages-femmes pour 1.000 naissances, alors que les normes de l’OMS préconisent 175 accouchements par sage-femme/an.

Il s’agit donc de remédier au manque de sages-femmes dont pâtissent certains établissements sanitaires, particulièrement certaines maternités au niveau des provinces et des centres de santé avec unités d’accouchements, ce qui naturellement fait référence à la formation de cette catégorie de professionnelle de santé.

Dans ce sillage , et s’agissant de la formation des sages-femmes au Maroc , le ministre de la santé a rappelé a cette occasion que l’élaboration d’un programme de formation, basé sur des valeurs humanistes respectant la personne, ses besoins et sa culture, contribue de façon efficace et durable à l’amélioration de la santé et du bien-être de la population en termes de santé reproductive,  a ce sujet le ministère forme entre 500 et 600 sages-femmes chaque année dans les Instituts Supérieurs des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS).

Ce qui nous manque, ce qui nous handicape le plus et constitue un frein à nos ambitions, c’est le recrutement. Il y a des sages – femmes, comme il y a aussi des infirmiers, mais c’est le nombre de postes budgétaires insuffisants qui ne permet pas au ministère de s’exprimer pleinement et de mener a bien sa politique de ressources humaines.

Une reconnaissance méritée

S’adressant aux sages – femmes , Anass Doukkali a souligné, le rôle « important »  que celles – ci assurent en matière de santé, vu le soutien, les soins et les conseils nécessaires qu’elles prodiguent pendant la grossesse, l’accouchement et la période post-partum, mais aussi au sein de la famille à travers l’éducation prénatale et la préparation des parents à leur nouveau rôle couvrant aussi la santé des femmes, la santé sexuelle, la santé reproductive et les soins aux enfants.

De même, M. Doukkali a mis en avant la contribution des sages-femmes à la réalisation des objectifs du développement durable (ODD), à travers la réduction de la mortalité maternelle et infantile et l’amélioration de la santé des femmes, précisant que le ratio de la mortalité maternelle s’est réduit à 35% entre 2010 et 2016, passant de 112 à 72,6 par 100.000 naissances vivantes, tandis que celui de la mortalité infanto-juvénile est passé de 47 à 30,5 nouveau-nés.

De son côté, le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population au Maroc (UNFPA), Abdellah Yaakoub, a souligné que cette journée se veut un moment de reconnaissance des multiples fonctions qu’assume la sage-femme en tant que « sauveuse de vie de la mère et de l’enfant », de plaidoyer auprès des décideurs et d’engagement aux côtés des associations de sages-femmes pour œuvrer ensemble dans le sens de l’amélioration de la formation, la réglementation et le statut des sages-femmes au Maroc.

Pour sa part, la présidente de l’Association marocaine des sages-femmes (AMSF), Hanane Misbah a mis l’accent sur les objectifs de cette journée, à savoir la célébration des réalisations des sages-femmes et des progrès accomplis pour améliorer les soins maternels et néonatals grâce aux services prodigués par les sages-femmes, la mise en exergue du rôle « capital » qu’elles occupent dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive et leur sensibilisation sur les défis et les opportunités de leur pratique.

Dans ce sens, elle a mis en relief l’importance du renforcement de la profession des sages-femmes à travers la révision de leur formation de base, le renforcement de leurs compétences, ainsi qu’à travers des assises juridiques susceptibles de réglementer la profession « de manière convenable ».

Un statut plus structuré

Depuis de longues années, les sages- femmes réclament un statu plus structuré et une plus grande reconnaissance de leur métier, une réactualisation de la pratique professionnelle comme cela existe partout à travers de très nombreux pays.

On ne peut nier que de par ses compétences, ses prérogatives, le rôle qui est le sien, sa proximité avec les femmes tout au long de la grossesse, de l’accouchement, et même au-delà, pendant la période du post – parfum.

En effet le rôle de la sage-femme ne consiste pas uniquement à« donner la vie », son rôle est pluriel,très large, tour à tour, elle fait de la planification familiale, de la prévention dans la lutte contre le VIH et le Sida et s’active sur d’autres combats qui sont prioritaires pour le ministère de la Santé.

Tous ces éléments, toutes ces spécificités ont contribué grandement à la réalisation des objectifs de développement durable dans notre pays en réduisant la mentalité maternelle et infantile, et c’est tout à fait logique, normale que les sages-femmes puissent revendiquer un statut particulier.

Très sensible aux demandes légitimes des sages-femmes le ministère de la santé à pris toutes les dispositions réglementaires pour asseoir sur des bases solides la pratiques de cette noble profession.

Aujourd’hui la profession bénéficie d’un renforcement de sa réglementation, et ce grâce à la loi 44.13, qui rappelons-le a été votée en juillet 2016, cette loi définit les prérogatives, les lieux de pratique et les conditions d’exercice des sages-femmes. Il faut espérer que les textes d’application de ladite loi suivent dans les mois à venir.

Pour notre part , nous encourageons et soutenons toutes les sages-femmes, auxquelles nous vouons estime, respect et considération pour l’inestimable œuvre qu’elles accomplissent chaque jour en donnant la vie à des milliers de Marocaines et de Marocains au niveau des différentes maternités du Maroc , aussi bien des secteurs public et privé  et ce dans d’excellentes conditions de sécurité pour le nouveau-né et pour sa maman . Pour tout cela, nous disons à nos sages-femmes merci.

Ouardirhi Abdelaziz

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