Qu’en sera-t-il du Yémen après la mort de Ali Abdallah Saleh?

«J’appelle nos frères dans les pays voisins (…) à arrêter leur agression et à lever le blocus (…) et nous tournerons la page». Tels furent les propos destinés, en premier lieu, à l’Arabie Saoudite voisine par lesquels l’ancien Président Yéménite Ali Abdallah Saleh signa ce samedi 2 décembre 2017 son arrêt de mort ; une sentence exécutée moins de quarante-huit heures après par ses anciens alliés Houtis qui, en dénonçant ce «coup de force (et cette) trahison» promirent d’en finir avec celui qui depuis 2015 a été  leur allié face à la coalition conduite par l’Arabie Saoudite à l’effet de restituer le pouvoir au président Abd-Rabou Mansour Hadi reconnu par la communauté internationale.

Ainsi, en tendant la main à l’Arabie Saoudite en contrepartie d’une levée du blocus qui en étranglant le pays a fait vivre au Yémen une crise humanitaire sans précédent  Ali Abdallah Salah a payé le prix de sa trahison en étant la cible des tirs nourris des houtis au moment où il s’apprêtait à quitter la capitale en compagnie de Arif Al Zouka, le secrétaire général du Congrès Populaire Général et son adjoint Yasir Al Awadi. Ces derniers périrent également dans l’attaque.

Espérant que la rupture de cette alliance contribuera à un affaiblissement des Houtis, le président Abd-Rabbou Mansour Hadi en a profité pour ordonner à son vice-président Ali Mohsen Al Ahmar «d’activer sa marche vers la capitale» et pour tendre la main aux pro-Saleh en leur promettant même d’accorder «une amnistie »  à tous ceux qui cesseraient leur collaboration avec les houtis. Mais ceci suffira-t-il à faire régner le calme dans le pays? Roien n’est moins sûr, pour l’heure car les affrontements qui se poursuivent toujours à Sanaâ font craindre le pire et ce, d’autant plus que, ce lundi, la coalition commandée par l’Arabie Saoudite a enjoint aux civils de rester «à plus de 500 mètres des zones contrôlées par les Houtis»; une injonction qui présuppose clairement une intensification des combats.

Ainsi, la disparition de l’ancien président qui avait dirigé  le Yémen d’une main de fer durant 33 années, semble, pour l’heure, raviver les tensions entre ces deux frères ennemis musulmans que sont, d’un côté,  la sunnite Arabie Saoudite qui, à la tête d’une coalition arabe était intervenue militairement en 2012 pour soutenir le président élu Abd Rabbo Mansour Hadi et, de l’autre, la chiite République Islamique d’Iran venue à la rescousse de son prédécesseur le Président Ali Abdallah Saleh.

Ainsi, ce conflit meurtrier qui aurait fait ces deux dernières années près de 9.000 morts et qui a fait sombrer le pays dans la pire crise humanitaire de son existence ne semble pas près de s’éteindre au grand dam d’une population qui, en étant aux prises avec la faim d’un côté et les tirs nourris des belligérants de l’autre, continue à vivre les heures les plus sombres de son histoire…

Nabil El Bousaadi

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