Le secteur du tourisme dans la première station balnéaire du royaume, traverse actuellement des périodes de vaches maigres, caractérisées par des récessions en termes de flux aussi bien des marchés traditionnels que des nouvelles conquêtes. Il ne fait certainement pas de doute que ce fléchissement est occasionné par nombre de déficits mentionnés à plusieurs reprises.
Cependant d’autres paramètres d’ordre organisationnel et procédurier de la politique touristique nationale expliquent bien cette déchéance qui altère pareillement un certain nombre d’activités parallèles.
A ce propos, il est bien évident que la restauration constitue bel et bien l’illustration saillante de cette répercussion chaotique, de par la disette dont souffre la majorité de ces locaux et l’inertie qui accable la structure associative chapeautant la profession.
On ne comprendra toujours pas pourquoi on ne se ressaisit point du côté de quelques professionnels indignés quoique les monopolistes du domaine continuent à y porter préjudice.
A propos du front de mer, on ne comprendra pas cette avalanche des restaurants «golfiques et asiatiques» dont les locaux sentent la dépravation à outrance, au lieu de pratiquer une restauration décente et raffinée. Sans verser dans le chauvinisme, on s’interrogera sur la plus-value de cette invasion qui infeste la profession si l’on sait que, pour cette basse armada, la restauration n’est en fait qu’un alibi pour des refuges clandestins où s’engouffrent, sans scrupule, les filles de joies, la chicha, la came et bien d’autres camouflets.
On ne saura s’opposer aux investissements extérieurs de quelque nature qu’ils soient, toutefois on ne peut tolérer, non plus, que des pseudos professionnels de la restauration qui n’ont rien à voir avec le métier, viennent bénéficier des crédits bancaires et des autorisations «louchement acquises», pour monter, à la fin, des «maisons closes», le long d’une somptueuse promenade érigée en havre de repos et de fierté, à longueur d’année.
Certes, la capitale du Souss qui draine un tourisme de plus en plus charmé par les splendeurs des lieux et les clémences du climat est condamnée à l’animation constante pour égayer et combler ses visiteurs de tous bords. Il n’en demeure pas moins vrai que cette même destination qui renferme des complexes hôteliers «haut de gamme» a aussi besoin d’une restauration exquise de qualité où les normes et les fourchettes sont respectées, loin de toute pratique infâme.
On ne pourra donc que constater, non sans consternation, que la restauration dans l’une des plus belles baies du monde qu’est Agadir s’enlise périlleusement, à cause justement de cette anarchie ahurissante où tout est permis, sans qu’on ne pipe mot. Il suffit de distribuer les enveloppes à gauche et à droite à des agents de l’autorité et de la sécurité pour que la débandade règne dans les cabarets qui ne ferment jamais, les snacks qui vendent les plats chauds avec des mises en place et avec la même carte de menu du restaurant à côté, mais à moitié prix, les locaux qui cumulent en même temps tous les services possibles : pizzeria, pâtisserie, boulangerie, glacier, restaurant, cafétéria, boîte de nuit, snack, cabaret…, avec une seule autorisation…
La bonne cuisine qui s’ingénie à enfanter des plats appétissants, avec amour et savoir-faire gastronomique, se perd malheureusement dans cette cacophonie déconcertante. Il est alors vain d’attendre que cette poignée de lobbies de la restauration réagisse en faveur de ce domaine car toute amélioration ne peut se faire qu’à leurs dépens, eux, qui profitent justement de ce laxisme complice des autorités en question. Il est donc grand temps de se pencher sérieusement à assainir cette profession, à commencer par les professionnels eux-mêmes, qui se doivent de réagir, de mettre fin à ce dysfonctionnement.