Seulement 3 femmes sur 10 au Maroc allaitent leurs bébés au sein

Seules 27,8% des femmes au Maroc, soit près de 3 sur 10, allaitent leurs bébés exclusivement au sein durant les six premiers mois, selon plusieurs enquêtes qualitatives et quantitatives menées par le ministère de la santé.

En outre, seules 26,8% des femmes pratiquent la mise au sein précoce dans la demi-heure qui suit l’accouchement et que la durée médiane de l’allaitement maternel ne dépasse pas 16,3 mois, indiquent l’enquête nationale sur la population et santé de la famille (ENPSF/2004 et 2011), l’enquête nationale à indicateurs multiples et santé des jeunes (ENIMSJ/2006) et l’étude sur les connaissances, attitudes et pratiques des parents en matière d’alimentation des enfants de 2008.

Selon le ministère de la santé, la pratique de l’allaitement maternel au Maroc connaît un recul inquiétant. En 1992, 51% des enfants étaient nourris exclusivement au sein durant les six premiers mois de vie, alors qu’en 2004, ils n’étaient plus que 32%. Un chiffre qui va passer à 27,8% en 2011.

L’analyse des résultats des enquêtes suscitées par milieu de résidence, niveau d’instruction et niveau socio-économique révèle que la femme habitant en milieu urbain d’un niveau culturel et socio-économique élevé est la moins pratiquante de l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois.

En milieu rural, on constate une diversification alimentaire socialisatrice précoce. Dès que l’enfant atteint deux mois, les parents ruraux lui apprennent progressivement à manger.

Conscient de l’importance de cette pratique idéale d’alimentation de l’enfant et conformément au plan d’action 2012 – 2016, le ministère de la santé a retenu la promotion, le soutien et la protection de l’allaitement maternel comme stratégie prioritaire.

Protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement maternel est la stratégie la plus appropriée pour assurer la survie et le développement harmonieux des enfants dans le but d’atteindre les objectifs fixés par le gouvernement en termes de réduction de mortalité infantile. Cette action est inscrite également dans le cadre de la Stratégie nationale de nutrition (2011-2019) que le ministère de la Santé a élaboré en concertation avec les différents intervenants dans ce domaine.

Sur le plan juridique, le Code du travail de 2003 stipule que la mère salariée a le droit quotidiennement, d’allaiter son enfant, durant les heures de travail, rémunérées comme temps de travail, d’une demi-heure le matin et d’une demi-heure l’après-midi. La mère pourra utiliser ces pauses pour tirer son lait. Par ailleurs, toute entreprise employant plus de 50 femmes doit mettre à la disposition des mères un «espace allaitement» répondant à des critères précis d’hygiène et de surveillance.

Cependant, la législation actuelle n’offre pas le cadre adéquat pour la mise en œuvre des recommandations de l’OMS et l’UNICEF concernant l’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois (le congé de maternité est seulement de 14 semaines).

Vu l’importance de cette question, le ministère de la santé organise plusieurs événements pour promouvoir l’allaitement maternel et sensibiliser à sa nécessité, dont la semaine nationale de la promotion de l’allaitement maternel, qui aura lieu du 10 au 16 avril, sous le thème «Aidons les mères à allaiter leurs enfants, partout et à n’importe quel moment», avec l’implication de plusieurs départements ministériels, de la société civile et des médias.

L’allaitement exclusif au sein immédiatement après la naissance et pendant les six premiers mois de la vie est la meilleure source d’alimentation pour un enfant. Cette pratique permet d’éviter 13 pour cent des décès d’enfants de moins de cinq ans et par conséquent, sauver des centaines de milliers d’enfants de la même tranche d’âge.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois et une introduction des aliments de complément à partir du sixième mois tout en maintenant l’allaitement maternel jusqu’à l’âge de 2 ans.

L’allaitement maternel exclusif durant les 6 premiers mois permet une réduction du risque allergique chez les nourrissons à risque (père, mère, frère ou sœur allergique). Il protège de nombreuses maladies : maladies digestives, diarrhée, otites, bronchites, méningites et participe également à la prévention ultérieure de l’obésité pendant l’enfance et l’adolescence. Parvenus à l’âge adulte, les enfants allaités au sein ont une tension artérielle et une cholestérolémie inférieures à celles des enfants nourris au lait artificiel.

(MAP)

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