Solidaires dans le meilleur et dans le pire

En ces jours de fête où la solidarité est un geste de foi, il importe pour l’ensemble de nos compatriotes de développer cette valeur qui consolide la cohésion sociale et renforce l’immunité nationale contre toutes les volontés maléfiques qui veulent susciter le doute et le conflit au sein de notre société.

La solidarité ne doit pas être confondue avec la bienfaisance. Il ne s’agit pas d’une bonne action individuelle, de l’aumône ou d’une quelconque assistance pour faire le bien et se sentir absout du devoir basé sur l’appartenance à une société, à une nation.

L’évolution de l’identité sociale, parallèlement à la transformation de la société marocaine sous la pression des facteurs socioéconomiques et des orientations politiques, fait que les liens, assurant l’intégration sociale, persistent ou se perdent. Ainsi, nos territoires ont connu des formes de solidarité mises en œuvre par la population dans le cadre de coopération et de partage pour régler les problèmes survenus ou les difficultés vécues.

Actuellement, Touiza, Tagdirt, Cherka, Ouziâa et autres manières de surmonter ensemble l’obstacle, de faire face à l’embarras ou de partager pour que chacun puisse satisfaire son besoin, ne s’exercent que très rarement et dans des circonstances et des contrées déterminées. D’autres formes de solidarité ont vu le jour par le développement de l’économie sociale, l’essor des coopératives et l’action de plus en plus grande du cadre associatif.

L’Etat continue à intervenir par l’Entraide Nationale, l’Initiative Nationale pour le Développement Humain et d’autres institutions qui contribuent à atténuer les effets inégalitaires des politiques publiques par la lutte contre la pauvreté, l’exclusion et la précarité. Si ce qui est fait est méritoire, il reste beaucoup à faire pour que les injustices sociales s’effacent dans notre beau pays.

Car, autant les disparités territoriales que les inégalités sociales ne constituent pas des fatalités. Elles s’expliquent par des mécanismes et des processus où l’exploitation de l’homme par l’homme est prépondérante et où le profit l’emporte grandement sur l’intérêt porté à la personne humaine, à son épanouissement et à son émancipation.

C’est en inversant cette approche, par solidarité tout d’abord et par intérêt économique ensuite, que les effets discriminatoires, par lesquels les riches s’enrichissent davantage et les pauvres s’appauvrissent encore plus, seront anéantis.

L’action de l’Etat, par l’aménagement du territoire et par des politiques de proximité, l’initiative privée par le développement des petites et moyennes entreprises, artisanales puis intégrées dans un essor industriel national contribueront à satisfaire les besoins matériels des populations et à rehausser le développement humain nécessaire à la consolidation de la démocratie et au vivre ensemble dans le bienêtre.

C’est pour cela que la solidarité ne doit pas avoir une affectivité électorale. Tout acte solidaire doit être transparent, comptabilisé et inscrit dans l’effort collectif contre les méfaits du sous-développement. C’est là aussi une exigence de la modernité que notre société ambitionne.

Une solidarité basée sur la responsabilité, celle des élus envers leur électorat, celle du gouvernement envers la population et ses collectivités. Solidaires pour que notre système éducatif public soit performant et efficient car c’est à travers ses institutions et ses établissements que l’intégration sociale s’effectue, que le patriotisme se consolide et que les valeurs se transforment en comportements. Solidaires pour que notre système de santé et l’offre de soins ne soit pas régis par l’argent mais répondent aux besoins de l’ensemble de la population et assument les actions nécessaires pour «promouvoir, restaurer et entretenir la santé ». Solidaires pour que la politique sociale ne soit pas un filet social dont l’efficacité est fort discutable mais un ensemble de services sociaux adéquats.

Dans ce cadre, la généralisation de la protection sociale constitue un moyen d’intégration au bénéfice de la population dans sa globalité. Solidaires dans l’effort national par une réforme juste et équitable de la fiscalité afin de ne pas faire supporter le fardeau budgétaire et le règlement de la dette publique aux seules masses populaires.

Une solidarité pour préserver notre patrimoine, matériel et immatériel, qui constitue le socle de notre identité. Une solidarité pour préserver notre environnement de la dégradation, protéger notre source de nourritures et notre eau de la détérioration et de la pénurie…

Cet ensemble de solidarités contribue à la consolidation et au renforcement du front intérieur sur lequel se brisent toutes les attaques visant la stabilité de notre pays et affermit la défense de notre intégrité territoriale de tout ennemi et de toute adversité, voisine ou lointaine ; qu’elle soit algérienne, espagnole, allemande ou sud-africaine. Une solidarité politique qui conforte notre indépendance et notre souveraineté à manifester notre soutien pour la volonté du peuple palestinien meurtri et qui lutte pour son droit légitime à vivre dans l’indépendance d’un Etat national.

Profondément solidaires à développer notre solidarité, individuelle et collective, pour vivre tous ensemble dans le meilleur et prévenir dans notre vie ce qui pourrait être le pire. Salam.

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