Venezuela: L’aide «humanitaire» toujours aux portes du pays…

L’opération d’acheminement, par la force, le week-end dernier de l’aide américaine au Venezuela s’est soldé par la mort de deux personnes et plusieurs dizaines de blessés lorsque la Garde Nationale Bolivarienne et la police nationale en charge de la surveillance des frontières ont fait usage de gaz lacrymogène ; ce qui, du reste, était prévisible dès lors que le Chef de l’Etat avait ordonné le bouclage des frontières pour empêcher l’entrée d’une aide humanitaire américaine devant servir de prélude à une invasion du pays.

D’ailleurs, comment pouvait-il en être autrement quand on sait que plus de 1.200 tonnes de vivres et de médicaments déjà envoyés la semaine dernière par Cuba, la Russie et la Chine sont encore stockés dans les entrepôts et ne peuvent pas encore être distribués comme il se doit ? Croire que ce sont les 300 tonnes de vivres et de médicaments que Trump veut faire rentrer au Venezuela par n’importe quel moyen qui vont sauver le pays du désastre c’est croire qu’en entrant dans une bergerie avec un sac de victuailles attaché au museau, le loup va engraisser les agneaux.

Nul n’ignore que tous les prétextes sont bons quand Washington veut déloger un «tyran». Quand ce dernier n’est pas supposé tirer sur ses compatriotes pour les tuer, il est censé  laisser sa population mourir de faim et c’est l’option qu’aurait choisi Maduro si l’on en croit Trump, Pence et consorts. L’énorme mensonge sur les armes de destruction massive que détenait Saddam Hussein tel que raconté au Conseil de Sécurité des Nations-Unies en Février 2003 par le Secrétaire d’Etat américain Collin Powell pour justifier l’invasion de l’Irak est encore dans toutes les mémoires.

Mais le comble n’est pas là ; il a vu le jour ce lundi à Bogota en Colombie où, en application des directives de Washington et en présence du vice-Président américain Mike Pence et de l’opposant vénézuélien Juan Guaido, le Groupe de Lima comprenant l’Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa-Rica, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou, Guyana et Sainte-Lucie – tous acquis à l’Oncle Sam – s’est réuni pour «trouver une issue à la crise» au Venezuela.

Mais de quelle «issue» s’agit-il lorsque l’on sait que cette rencontre s’est tenue après que Pence ait rappelé aux membres du Groupe précité les propos de son président ; à savoir, que «toutes les options sont sur la table» ? Et si cette phrase, à elle seule, confirme ce que n’arrêtait pas de dénoncer Nicolas Maduro; à savoir que Washington prend comme prétexte l’aide alimentaire pour envahir le Venezuela et offrir la présidence de la république au jeune Guaido, une autre est venue la certifier, ce lundi, lorsque Pence a dit à l’opposant vénézuélien : «Pour vous, président Guaido, un message très simple du président Trump : nous sommes avec vous à 100%».

Les choses sont donc très claires et l’invasion du Venezuela semble imminente sauf opposition très ferme de la part de l’Union Européenne qui, après avoir «exclu» lors de sa réunion de lundi dernier à Bruxelles «de manière catégorique tout soutien de l’Union européenne ou toute acceptation à l’égard d’une escalade militaire au Venezuela» a déclaré, ce lundi, par la voix de la cheffe de sa diplomatie Federica Mogherini, être en contact avec toutes les parties impliquées dans la crise pour «éviter une intervention militaire» et trouver une «solution pacifique et démocratique au Venezuela» excluant, bien entendu, «tout recours à la force».

La veille, Josep Borell, le chef de la diplomatie espagnole avait déclaré dans un entretien à l’Agence EFE : «Nous avons averti, de manière claire, que nous ne soutiendrons pas et que nous condamnerons fermement toute intervention militaire étrangère».

Au vu de tout cela, il n’y a donc plus qu’à espérer que l’Union Européenne, la Russie, la Chine, Cuba ainsi que d’autres pays non favorables à une invasion militaire du Venezuela et dénonçant cette flagrante ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain vont pouvoir user de tout leur poids pour que lui soit épargnée la tragédie qui se dessine à la Maison Blanche au titre de l’appropriation des richesses que renferme son sous-sol. Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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