Déontologie et manipulation

Presse et prétendues infiltrations

Mohamed Khalil

Que penser, que croire de l’affaire du logiciel espion israélien Pegasus de la société NSO, dont le Maroc est accusé, par un consortium de médias, unis comme jamais, d’avoir infiltré des personnalités politiques et médiatiques?

Tout d’abord, commençons par réaffirmer, comme l’a fait le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), notre opposition à tout recours aux écoutes téléphoniques illégales dont les cibles seraient des hommes politiques ou médiatiques ou d’autres, en liaison avec leurs idées et opinions.… Et ce, sans aucun procès d’intention, en l’absence d’éléments probants.

Mais le lecteur attentif et averti ne manquera pas de soulever, tout d’abord, le manque de précision des accusateurs et leur tendance à changer, à tout bout de champ, de « chefs d’inculpation » et des « infos » lancées, au point que l’on ne sait plus, par exemple, si le nombre de pays qui auraient « recouru » audit logiciel serait de 11 ou 34 ou encore 40 pays ? Peu importe, passons…

Ce sont surtout lesdites « infos », balancées sans vérification ni prise de précaution, qui posent problème, sachant que les journalistes rapporteurs n’ont pas enquêté sérieusement sur le prétendu « scandale » dont ils n’ont été ni témoins, ni directement ni indirectement.

Ils se sont rués en besogne pour présenter des suppositions sans aucun effort de recherche de la vérité. Et, sans la moindre preuve, ils se sont basés sur une prétendue expertise d’une organisation qui se veut championne des droits de l’homme sans balayer d’abord devant chez elle et se trouve impliquée politiquement et directement dans bien des affaires très douteuses à travers le monde.

Certes la démarche est de ne pas donner de leçons à des défenseurs de droits humains ou encore à des journalistes qui semblent pourtant en avoir besoin. Mais la déontologie et le Ba Ba du journalisme et du comportement sain et normal supposent et dictent que, en cas de « conflit » ou de «controverse », il est absolument indispensable de présenter les thèses en présence. A moins qu’une partie ou plusieurs refusent de réagir, et dons ce cas il faudra le mentionner. Cela veut dire contacter toutes les parties supposées impliquées pour présenter les avis en présence.

De tout cela rien ne fut. Et les éternels accusateurs, qui continuent à regarder le Maroc dans le rétroviseur du passé, ne semblent pas avoir besoin ni de vérification et encore moins de recoupement pour étaler leurs suppositions. L’objectif est de le donner en pâture. C’est pourquoi ils se suffisent à déclarer avoir consulté « des listes »… et pris pour argent content ce qu’on leur a filé, étant donné qu’ils se prêtent volontiers à la manipulation. Et, relation de cause à effet, ils veulent que le commun des lecteurs croie à leurs sempiternelles suppositions.

A y regarder de près, l’on dénombrera des dizaines d’inepties et d’affirmations contradictoires au point que l’on est tenté de penser que « le menteur finira par oublier ce qu’il a dit » comme le stipule un adage bien de chez nous.

C’est ainsi que le pool d’accusateurs, dans la confusion totale, présente le Maroc, sur la liste des 10 ou 40 ou plus de pays, comme porte drapeau des pays espions sic… et tente de brouiller sa relation avec la France.

Le « scoop » avait pris au dépourvu même le gouvernement français qui a vite réagi, en mordant à l’hameçon par une sortie intempestive, irréfléchie et ridicule. Même si, officiellement toutefois, l’on a respecté les usages de la précaution de parler au conditionnel pour dire « si cela s’avérerait vérifié » l’on… Manière de dire que Matignon ne se hasarde pas trop mais prouve que sa réaction fait suite à la pression du pool de médias ! Et plus facile est de crier avec les loups, en contribuant à amplifier un mensonge que de chercher la vérité.

Dès lors, c’est le Maroc qui est visé, par la politique politicienne à laquelle certains milieux étrangers ne sont pas étrangers.

Mais il ne s’agit pas d’interdire aux médias discriminateurs le droit d’interprétation ou d’opinion sur telle ou telle information à condition qu’elle soit vérifiée et recoupée…

Sans nous ériger en donneur de leçons, nous aurions souhaité que lesdits médias et leurs mentors puissent vérifier leurs infos et présenter les points de vue des pays accusés sans la moindre preuve.

Par contre, il faudra souligner que de sages personnes, dieu merci il en existe encore, ont recouru au conditionnel pour garder leur crédibilité. Sachant qu’il s’agit d’articles de presse et donc  « on peut tout y dire, la réalité est souvent ailleurs… ».

L’on a utilisé des termes du genre … le Maroc « tente » et « sans succès » des « intrusions »… ou un  « possible espionnage ». Rien n’est sûr…

Mais dans la bergerie, il y a des loups, à l’image de certains journalistes jugés à Paris en correctionnelle pour une affaire de chantage contre le roi du Maroc. Ah qui, parmi ceux qui crient au voleur, osent évoquer la morale et la déontologie ?

C’est vrai, il n’y a pas de fumée sans feu…

Related posts

Top