Alors que le chômage avance, le cas de nombreux Secrétaires d’Etat dont les attributions ne sont pas encore léguées pose problème à celles et à ceux qui rêvent de le devenir un jour. Dans ce genre de situation, le prérequis pour que vos attribution officielles vous soient décidées est le suivant : être du même parti que son ministre, qui lui-même vous a proposé pour être au gouvernement en tant que Secrétaire Général du parti, être de sexe masculin et siéger dans la même structure de direction partisane.
Les ministres intéressés s’y refusent pour des raisons qui doivent relever du secret professionnel et sûrement dépasser le bon entendement du marocain lambda. Ne croyez pas que les intéressé(e)s se plaignent de cette situation ou qu’elles (ils) souffrent de désœuvrement chronique. C’est le stress qui les ronge tout simplement. On suppute que cela est dû à la misogynie des uns et à cette atmosphère aoûtienne où l’ambiguïté est de mise.
C’est vrai que le champ politique national fermente ! Etant loin de toute transformation nucléaire et n’obéissant pas à la relativité restreinte, il ne peut que se soumettre à la fameuse maxime de Lavoisier par laquelle « rien ne se perd, rien ne se crée tout se transforme ». Il y a déjà quelques temps que l’équilibre du système réactionnel politique issu du scrutin du 7 octobre 2017 s’est déplacé d’un acteur vers un autre, censé être plus entreprenant. Les autres partis réactants se trouvant précipités dans le «wait and see»; prenant leur mal en patience et laissant le processus suivre son cours. Leur enthalpie (énergie de mobilisation) étant handicapée par la forte entropie (désordre des constituants du système partisan) qu’ils enregistrent.
Toutefois, cette cinétique ne peut conduire que l’on paraphrase Saint Exupéry afin de «donner un sens au Maroc qui n’a plus de repères». Cette expression d’une déception dont les arguments ne sont pas certainement tous faux altère toutefois l’enthousiasme. Critique et autocritique ne constituent-elles pas «le seul moyen qu’il y a de tirer toutes les leçons de chaque expérience, en en recherchant les erreurs ou les faiblesses, en les analysant pour en découvrir les causes jusqu’à la racine afin de les corriger». Encore faut-il être engagé dans l’expérience pour l’analyser objectivement sous tous ses aspects; des conditions de son développement à son aboutissement circonstanciel.
Malgré la débauche de l’opération électorale et ses conséquences sur le fonctionnement des partis politiques, on ne peut croire et faire croire que le processus démocratique entamé dans notre pays depuis presque deux générations est un artefact. Ce cheminement vers la démocratie, avec la vitesse et la trajectoire qui lui sont propres, est réel. Il faut souligner que dans notre culture nationale prédomine une certaine évaluation négative de l’action politique, de la gouvernance et du fonctionnement des institutions et du degré de satisfaction des aspirations légitimes des masses populaires. Elle est la conséquence logique des «années de plomb » pendant lesquelles la gestion des affaires publiques ne considérait aucunement la nécessité de l’édification «d’une société solidaire où tous jouissent de la sécurité, de la liberté, de l’égalité des chances, du respect de leur dignité et de la justice sociale, dans le cadre du principe de corrélation entre les droits et les devoirs de la citoyenneté», comme le souligne le préambule de la constitution.
On ne peut faire abstraction des efforts consentis par notre peuple pour réussir sa transition vers la démocratie et la consolidation de l’Etat national, démocratique et moderne. Une crise politique, aussi dure soit-elle, ne peut à elle seule amener notre peuple à se détacher encore plus de la lutte pour le changement démocratique. Le positionnement politique ne peut être apprécié que par les solutions proposées pour sortir du goulot de la bouteille dans lequel se trouve la «démocratie» dans notre pays. Les «règlements de compte», gonflés par l’usage des réseaux sociaux ne peuvent constituer une base de relance de la lutte de notre peuple pour son émancipation et son bienêtre. Le raffermissement du lien social entre la population et celles et ceux qui la représentent à tous les niveaux et la juste répartition de la richesse produite aussi bien entre les personnes qu’entre les territoires devraient aboutir à la mobilisation de notre peuple pour donner à l’enjeu démocratique tout son sens, aussi bien politique, économique, social et culturel. C’est à ce défi que doivent répondre les partis politiques pour mettre en œuvre dans sa globalité l’article 7 de la constitution et participer ainsi «à l’exercice du pouvoir, sur la base du pluralisme et de l’alternance par les moyens démocratiques, dans le cadre des institutions constitutionnelles».