Un des piliers du 7e art marocain ! Hamid Bennani a projeté, le 15 mai au siège national du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) à Rabat, son œuvre cinématographique, «Wachma». Incontestablement, ce premier film sorti dans les années 70 a changé le court du cinéma marocain.
Une formation académique solide…
C’est dans la ville de Meknès où il vit le jour en 1940, que le réalisateur entame ses études à «l’école des fils de notables » sous l’ère du Protectorat. Il découvre les bases fondamentales de la langue française, ce qui lui permet par la suite de s’épanouir et de s’ouvrir sur la littérature et la philosophie universelles. Et comme tous les enfants de sa génération, le cinéaste n’a pas échappé à l’éducation religieuse dans une école coranique qui se situait à deux pas de chez lui.
Une autre étape dans son parcours estudiantin commença aux lycées Poeymirau et Moulay Ismaïl où il fit ses études secondaires. Il obtint une licence en philosophie en 1964 à la Faculté des lettres de Rabat. Une année plus tard, Bennani s’orienta vers le 7e art, en entamant des études de cinéma à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Il assista régulièrement à des séminaires à la Sorbonne et à l’EPHE2 donnés par les figures emblématiques de la pensée et de la philosophie de l’époque, à savoir le précurseur de la déconstruction, Jacques Derrida, le spécialiste en phénoménologie et l’herméneutique, Paul Ricœur ou encore le spécialiste de la sémiologie linguistique et photographique, Roland Barthes. Une formation académique solide à la fois enracinée et ouverte.
Au fil des années, il développa une passion pour le cinéma en fréquentant la Cinémathèque de la ville des lumières, Paris. Et pour savourer les chefs-d’œuvre du 7e art mondial, il fit souvent des sauts au quartier latin dans les salles obscures d’Art & d’Essai.
De l’amour de la lecture…
Lecteur averti, amoureux du livre et des littératures, le cinéaste plongeait dans les divers univers philosophiques de Jean Paul Sartre, Albert Camus et William Faulkner. Des lectures fructueuses ayant enrichi ses travaux et construit en quelque sorte sa vision du monde. Intellectuel de gauche, avant-gardiste, le réalisateur avait cet œil à la fois analytique et critique sur la société, ses changements, ses mutations… La preuve ? Son premier né cinématographique, Wachma, portait ce regard sincère, franc et critique sur la société patriarcale.
À vrai dire, faire un film à l’époque était une véritable aventure. Les cinéastes militants œuvraient pour la création d’un domaine cinématographique structuré et créatif. Face à cette réalité, Hamid Bennani avait créé en 1970 la société de production «Sigma 3», regroupant trois réalisateurs marocains, à savoir Mohammed Abderrahmane Tazi, Ahmed Bouanani et Mohammed Sakkat. Parmi ses films : «La Prière de l’absent » (1993), «L’Enfant Cheïkh» (2012), «La Nuit ardente» (2017), pour ne citer que ceux-là.
L’écriture comme un chant de révolte et d’espérance…
La lecture comme l’écriture ont une place prépondérante dans la vie du cinéaste. Certes l’écriture romanesque et le langage cinématographique sont deux supports différents, mais, parfois les lettres de noblesse restent les mêmes. Dans son roman intitulé « Le dernier chant des insoumises » paru en 2017 aux Éditions du Sirocco, Hamid Bennani fouille dans les tréfonds de l’histoire coloniale marocaine, dans laquelle il puise la trame de son roman. Il nous replonge dans les années 30, dans la région du Tafilalet. A partir de cette date, l’armée coloniale française au Maroc était allée mettre la main sur les derniers territoires des Amazighs d’Aït-Atta. A travers les yeux du protagoniste, Saïd, le lecteur découvre les épisodes les plus charnières et cruciaux de l’Histoire. De la prise de Rissani en 1932, en passant par la célèbre «bataille de Saghro» dans les montagnes de Bougafer, Saïd livre dans ce roman une émouvante épopée intimiste qui ne manque pas de poésie et de maîtrise de l’écriture romanesque… comme un chant de révolte et d’Esperanza.
Mohamed Nait Youssef
Merci beaucoup si Mohamed Nait Youssef pour votre bel article.
(Un petit correctif : mon nom d’état civil s’écrit ainsi, Benani.
Et mon nom d’auteur ainsi, Bénani. ?)
Au plaisir de vous rencontrer prochainement
Bonne soirée