La maladie du sucre

Dans l’attente de la formation du gouvernement, les conseils communaux font élire leur présidence et les membres du bureau qui vont l’assister. A travers la communication personnalisée et les réseaux sociaux, le suivi de ces réunions est instantané ou parfois avec un léger décalage. L’événement n’est pas toujours enthousiasmant ; et parfois, il révèle « ce qui a été passé sous silence ».

Les élus, entre eux, parlent. A entendre certains, d’autres se sont sucrés à tel point que les manifestations de la maladie deviennent de plus en plus visibles et faussent le jeu. Les réseaux sociaux divulguent ses symptômes en direct.

Des élus ciblés, beaucoup plus attirés par le gain personnel, qui se rangent en dehors de la formation pour laquelle ils ont mené campagne et se sont fait élire ; et la majorité passe d’un camp à l’autre. Des propositions sonnantes et trébuchantes avec un poste dans l’exécutif communal, des menaces graves et déstabilisantes pour concocter une majorité et s’assurer son leadership. Du sucre qui est saupoudré en quantité pour revenir aux affaires municipales. Se sucrer sans vergogne devient le maître mot des faussaires reconnus de la politique de proximité.   

La maladie du « sucre » ronge le processus démocratique. Insidieuse et sournoise, elle l’était, en frappant au ventre les laissés pour compte. Elle ne l’est plus et se déclare non pas en billets bleu ou marron cannelle, mais en « millions pour contribuer aux dépenses effectuées lors de la campagne électorale de l’élu ». Elle se manifeste au moment même du vote, par les « gens de la maison » et non seulement par ceux qui veulent la prévenir.

Dans un brouhaha assourdissant, la gloutonnerie est étalée aux dépens de la consolidation du processus démocratique. La soif du profit et de la rente pousse à la corruption. Cycle infernal où le placement frauduleux destiné « à sucrer » devra être restitué tout en se sucrant. La concurrence déloyale est manifeste. Elle élimine toutes les bonnes volontés, annihile le rêve et diminue la clairvoyance.

Chez la personne humaine, le diabète, quand il n’est pas jugulé et s’exacerbe, produit la nécrose, la gangrène et l’amputation des membres qui servent pour marcher, pour aller de l’avant. Le trop de sucre provoque l’aveuglement et l’impotence du corps.

Notre société a besoin d’un processus démocratique qui lui permet de disposer de l’ensemble de ses forces qui se concurrencent loyalement, et dans le respect de la loi, pour la confiance populaire au lieu d’un « marché électoral » où le plus offrant se croit plus fort que l’institution. Des institutions qui se détachent de la société au lieu qu’elles deviennent des institutions fortes, crédibles, productives et à l’écoute pour « transformer les idées en progrès », pour consolider la stabilité et promouvoir l’effort nécessaire au développement humain et sa durabilité. Car, la confiance populaire ne s’achète pas, elle est donnée par celles et ceux qui sentent que leur destin s’améliore, qui croient à l’honnêteté de l’engagement pour l’intérêt général ; celles et ceux qui croient en l’Homme qui a accepté de se charger de la « amana » alors que les cieux, la terre et les montagnes la déclinèrent. La perversité et la dépravation dominent par cette maladie du sucre et éloigne la population de la participation et de la mobilisation.   

Le jeu politique ne peut être assimilé au boursicotage car il intéresse les actions vertueuses des femmes et des hommes pour leur dignité, pour améliorer leurs conditions de vie, en ordonnant ce qui est correct et en interdisant ce qui ne convient pas à la justice sociale, à la préservation de l’environnement et à la promotion de la paix.

La maladie du « sucre » asservit et nous avons besoin d’émancipation. Salam.   

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