Les indicateurs dans le rouge

2020, l’année de toutes les impasses

Par Fairouz El Mouden

L’année 2020 s’annonce très difficile et marque le début d’une récession économique mondiale et nationale sans précédent. 2020 succède à une année 2019 aussi défavorable où la sécheresse a frappé de plein fouet le secteur agricole et le monde rural.

Néanmoins, des signes de reprises commencent à se dessiner après la forte chute du premier semestre occasionnée par les effets de la covid-19 et ses répercussions désastreuses sur l’ensemble de l’économie. Une reprise malgré tout confrontée à des risques élevés qui résultent du respect des conditions sanitaires. La dernière note de conjoncture de la DPEF annonce la contraction de la valeur ajoutée du secteur industriel, des BTP, tourisme, le ralentissement de l’effort d’investissement et la baisse des exportations.

Les avoirs extérieurs ont été maintenus à un niveau réconfortant soit l’équivalent de 6 mois et 20 jours d’importations de biens et services, grâce au tirage sur la LPL acté en avril dernier. Les crédits bancaires ont affiché une accélération pendant ce premier semestre 2020 et le secteur affiche une forte résilience et une solidité de son assise financière.

Les signes de la crise sont bien palpables et secouent la majorité des secteurs d’activité.  Les retombées socioéconomiques de la pandémie Covid-19 sont innombrables et les plans de relance peinent à retrouver les équilibres d’antan. L’incertitude et le manque de visibilité sont de nature à aggraver la situation. L’on note une forte contraction de la valeur ajoutée agricole qui succède à deux précédentes mauvaises années agricoles et aussi non agricole, notamment industrielle, BTP et tourisme fortement impactés par la crise sanitaire. L’on rappelle aussi le programme de soutien économique engagé par le gouvernement qui a permis de minimiser les effets néfastes de la crise. Le Fonds  Special Covid-19 a compensé le reflux de la consommation des ménages.

Ainsi, la baisse de la production céréalière, combinée au recul de la demande intérieure en demi-produits et en biens d’équipements, pendant la période de confinement, aurait freiné le rythme des importations. Au niveau des finances publiques, le creusement du déficit budgétaire s’est élevé à 65%. Du coup, la loi des finances rectificatives a été adoptée pour réduire  l’impact de la crise sur les équilibres macroéconomiques et  la mise en œuvre d’un plan d’action pour accompagner la reprise de l’activité économique. D’ailleurs, selon les dernières statistiques de Bank Al Maghrib, la décélération de la croissance économique nationale en 2019 s’est située à 2,5% à cause de la diminution de 5,8% de la valeur ajoutée agricole.

Les crédits bancaires ont affiché une hausse pendant cette période de crise sanitaire, notamment les crédits aux entreprises. Toutefois, les créances en souffrance ont augmenté de 70 milliards de dirhams soit un taux de sinistralité de 7,5%. Ainsi, le secteur bancaire reste l’un des rares secteurs qui ont conforté leurs assises financière et réconforté ses fonds propres. Cela a été attribué aussi à la baisse du coût de risque et aux résultats des activités de marché.

Il faut souligner aussi que BAM a renforcé la régulation  de la supervision microprudentielle pour conforter la résilience du secteur bancaire et à rehausser les pratiques de gouvernance et de gestion des risques, en convergence avec les standards internationaux.

Il faut citer aussi la création du fonds doté d’une enveloppe initiale de 6 milliards de dirhams, sur une durée de 3 ans, qui a été mis en place par l’Etat et le secteur bancaire. Les ressources de ce fonds ont été renforcées de 2 milliards supplémentaires octroyés par le Fonds Hassan II pour le Développement Economique et Social et dédiés au financement des activités économiques dans le monde rural. A cet effet, une offre de financement baptisée «Intelaka», à des conditions très avantageuses, destinée à soutenir la création d’entreprises a été mise en place, ciblant les porteurs de projets d’auto emploi et d’insertion professionnelle, les jeunes entreprises, et les activités des TPME exportatrices vers l’Afrique, indique le dernier rapport de BAM sur la supervision financière.

Ainsi, un mécanisme de refinancement illimité, à un taux préférentiel de 1,25%, de tous les crédits bancaires octroyés à travers ce programme, qu’il s’agisse de crédits d’investissement ou d’exploitation a été instauré. Parallèlement, Bam a  assoupli les exigences prudentielles en fonds propres applicables aux banques et couvrant les crédits octroyés aux TPE. Ce qui lui a permis de faire face à la crise pandémique survenue au terme du 1er trimestre 2020 ainsi qu’à ses impacts aux plans sanitaire, économique, social et financier.

Agriculture, l’activité en berne et le moral à zéro

Le secteur agricole a pâti de conditions climatiques difficiles qui ont prévalu depuis deux années successives. La sécheresse, le manque d’une politique agricole efficace et stratégie sectorielle appropriées font de ce secteur le parent pauvre de l’économie. La situation dans le monde rural est à l’image de l’échec de tous les programmes mis en place depuis ces dernières années. La performance du secteur agricole reste toujours intimement liée à la clémence du ciel. La campagne agricole a affiché les rendements les plus bas depuis 20 ans  à cause de la sécheresse qui devient structurelle.

Le secteur de l’élevage ne sort pas du lot non plus. Le coût élevé des aliments du bétail et la faiblesse des subventions octroyées par le département de tutelle et la faible souscription à l’assurance agricole sont autant de facteurs contraignants pour les opérateurs du secteur.  La situation est d’autant plus critique que les conditions sanitaires actuelles n’ont pas favorisé la vente du cheptel de l’Aïd du mouton. Les prix de vente sont jugés en deçà du coût de revient et des charges y afférentes. C’est dire que rien ne va plus dans ce secteur vital de l’économie nationale.

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