L’Iran lance une fusée malgré les négociations pour la réactivation du JCPoA

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Dans un communiqué diffusé par la télévision d’Etat, Ahmad Hosseini, le porte-parole de l’unité spatiale du ministère iranien de la Défense a annoncé, jeudi, que la République islamique a procédé au lancement, à titre « préliminaire », d’une fusée transportant trois appareils de recherche spatiale.

Se félicitant, par ailleurs, de ce nouvel « accomplissement des scientifiques iraniens » qui fait suite au tir de missiles balistiques effectué le 24 décembre et qui intervient alors que les pourparlers  destinés à « sauver » le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPoA), dit « Accord de Vienne », encadrant le programme nucléaire iranien en y faisant revenir les Etats-Unis qui l’avaient quitté en Août 2018, ont été relancés après cinq mois d’interruption, Ahmad Hosseini a tenu à signaler que d’autres « lancements opérationnels auront lieu dans un proche avenir » sans donner, néanmoins, de plus amples informations.

Le Quai d’Orsay a immédiatement condamné, dans un communiqué, cet acte qu’il juge « regrettable » au motif que, d’une part, « du fait de la grande proximité des technologies employées pour les lancements spatiaux et les tirs balistiques, ce lancement participe déjà aux progrès déjà préoccupants de l’Iran dans son programme de missiles balistiques (car) le rôle du ministère de la Défense dans ce lancement témoigne du lien étroit entre ces deux programmes » et que, d’autre part, une telle action « n’est pas conforme à la résolution 2231 du Conseil de Sécurité (qui) appelle l’Iran à ne pas procéder à des activités liées aux missiles balistiques conçus pour être capables d’emporter des armes nucléaires ».

Pour rappel, l’accord de Vienne tel que validé par la résolution 2231 du Conseil de Sécurité interdit à l’Iran de mener toute « activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ». Or, en Février dernier, Téhéran avait annoncé avoir testé un nouveau lanceur de satellites équipé de son « plus puissant » moteur à combustible solide mais avait échoué, toutefois, à mettre en orbite son satellite d’observation scientifique baptisé « Zafar » (signifiant « Victoire » en persan). Mais, bien que l’Iran n’ait jamais voulu reconnaître l’échec de ce lancement, Paris et Washington n’ont eu de cesse de l’accuser de vouloir renforcer ses compétences en matière de missiles balistiques par l’entremise du lancement de satellites.

C’est à ce titre, d’ailleurs, qu’en Avril 2020, les gardiens de la révolution, bras armé de la République islamique, lancèrent leur premier satellite militaire ; ce qui prouve, sans l’ombre d’un doute, que le programme spatial iranien est plus destiné à des fins militaires que commerciales bien que Téhéran affirme n’avoir aucune intention d’aller à l’encontre de la résolution 2231 du Conseil de Sécurité et de se doter de l’arme atonique.

Mais, en soupçonnant, néanmoins, l’Iran de chercher à développer des lanceurs balistiques à longue portée capables d’emporter des charges conventionnelles ou nucléaires en utilisant la technologie de ses lanceurs de satellites, les Etats-Unis ont exprimé leurs vives inquiétudes car ils restent persuadés que ces lancements bénéficient au programme balistique iranien.

Par ailleurs, après que Washington ait signalé, dès début-décembre que l’Iran s’apprêtait à lancer une fusée à partir du centre spatial de « Semnan » situé à près de 300 kilomètres à l’est de la capitale iranienne, un porte-parole du département d’Etat américain avait tenu à réaffirmer que, pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire, il n’y a pas d’autre alternative qu’ « un retour mutuel au respect total de l’accord » de Juillet 2015.

Les négociations actuellement en cours à Vienne au titre de la réactivation de l’accord de Juillet 2015 encadrant le programme nucléaire iranien ont-elles des chances de réussir ? Rien ne l’indique pour l’heure tant les points de vue divergent mais attendons pour voir…

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