« Une Afrique qui fait confiance à l’Afrique »

Quelques éléments de la vision royale

Par Mohamed Ait Lachguer *

Formation de l’élément humain

Yopougon est une cité à forte densité démographique, dans l’Ouest de la ville d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Une sorte de ville dans la ville, une cité où la précarité absorbait et pesait sur énormément de jeunes. Beaucoup moins depuis quelques années, depuis la construction et l’équipement au sein de ce quartier en 2017 d’un Centre Multisectoriel de Formation Professionnelle Mohammed VI. Depuis, le Centre a eu un fort impact social et humain sur la jeunesse de Yopougon.

Des centaines de jeunes y ont décroché leurs diplômes et ont pu intégrer le monde du travail dans les domaines du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) et des métiers du Tourisme, de l’Hôtellerie et de la Restauration.

Le Centre Multisectoriel de Formation Professionnelle Mohammed VI est un concept marocain, fruit d’une vision royale de ce que doit concrétiser la relation Sud -Sud.

Nous trouvons des centres similaires dans d’autres villes et pays africains, comme en République de Guinée, à Conakry. Depuis le retour du Maroc dans sa grande famille africaine, et à l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la notion de relations Sud-Sud a intégré de nouvelles dimensions.

 Il y a certes l’aspect dit « coopération gagnant-gagnant » mais bien au-delà, SM le Roi y imprime la valeur universelle et volontariste de « solidarité Sud-Sud ».  Et cette solidarité est orientée en premier lieu vers la formation des jeunes, la formation des compétences (dans les Universités et Instituts marocains), la sécurité alimentaire (à travers l’optimisation de la production agricole en Afrique) et sanitaire des pays africains, ou encore le financement d’activités génératrices de revenus.

Amélioration du niveau de vie des populations

En voici un exemple éloquent : à Conakry, en République de Guinée, au niveau du point de débarquement aménagé de Temenitaye (financé et équipé par le Maroc), des femmes de pêcheurs prennent le relais de leurs époux, rentrés d’une journée de pêche. Dans un local dédié, aménagé au niveau de cette structure inaugurée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en février 2017, pas moins de neuf fours sont à la disposition des femmes chargées de « fumer le poisson » avant de l’écouler sur le marché local et dans d’autres régions du pays. Avec les nouveaux fours (don de SM le Roi nous explique l’une des femmes), fumer le poisson est devenu moins pénible et a été hissé en véritable activité génératrice de revenus et à fort impact social.

Pour le seul point de débarquement aménagé de Temenitaye, les bénéficiaires se comptent par centaines : un bon millier de marins pêcheurs, dont plusieurs dizaines de femmes mareyeuses, près d’un millier de fumeuses de poisson et une cinquantaine de coopératives de pêcheurs.

Projets à fort impact social et humain

Les projets de « Solidarité Sud-Sud » sont nombreux et se manifestent dans divers domaines, à travers le continent africain. Cette solidarité a déjà abouti à la création de structures hospitalières hautement équipées (à l’image de l’Hôpital Mère et Enfant de Conakry) et de projets innovants et de nature sociale, comme celui, unique en son genre, d’une sorte d’usine de restauration pour les patients des hôpitaux de Kigali, la capitale du Rwanda, dans l’Est du continent africain. Cette usine, opérationnelle depuis deux ans déjà, produit chaque jour quelques trois mille repas à la carte, selon des menus conseillés par les équipes médicales et les nutritionnistes. Les repas sont préparés en fonction des différents régimes alimentaires adaptés aux traitements suivis par les patients des hôpitaux. Le projet a été le fruit d’une coopération entre la Fondation Mohammed VI pour le développement durable et Imbuto Foundation que préside la première dame du Rwanda.

Projets pour la Sécurité alimentaire des populations

Et puis, le Maroc développe des relations Sud-Sud où se conjuguent merveilleusement les deux grandes composantes que sont la coopération gagnant-gagnant et la solidarité Sud-Sud. Ce mix se reflète admirablement dans les projets d’envergure pilotés par le Royaume, à travers l’OCP (l’Office Chérifien des Phosphates) dans plus d’une dizaine de pays africains, de toutes les sous-Régions du continent.

Dès 2016 et sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l’OCP a créé OCP Africa, avec pour mission de contribuer fortement à la concrétisation future de la sécurité alimentaire en Afrique.

Pour avoir une idée de l’ampleur du projet, de son importance pour les populations du continent et du caractère très ambitieux de l’initiative royale dans ce domaine, prenons l’exemple d’un grand pays comme l’Ethiopie : sur une population de plus de 110 millions d’habitants, plus de 90 millions vivent de l’agriculture. En Ethiopie, comme dans plus d’une dizaine d’autres pays africains, l’OCP a d’abord établi des cartes de fertilité des sols et construit ensuite de petites unités de production de fertilisants adaptés, appelés smart blender

L’action d’OCP Africa a déjà permis une augmentation de 37% des rendements de maïs en Éthiopie et de 20% des rendements de maïs et de soja au Kenya.

La politique africaine du Maroc

Dans un pays ouest africain, je me suis entendu dire par des responsables au plus haut sommet de l’Etat que le Maroc a toujours été ce pays sur lequel leur pays pouvait compter en toutes circonstances. Ils m’ont tous cité l’exemple de la période de l’épidémie d’Ebola. Les frontières avaient été fermées. Personne ne pouvait plus se rendre dans leur pays. Personne, sauf des Marocains et des médecins de « médecins sans frontières » transportés par la Royal Air Maroc. Aucun pays ne recevait plus des délégations de leur pays, à l’exception du Maroc. Ils m’ont dit être reconnaissants à jamais au Maroc et à SM le Roi Mohammed VI pour son soutien.

La politique africaine du Maroc se base sur la solidarité et le co développement.

Dans de nombreuses grandes villes africaines, vous trouverez des agences de banques marocaines, des succursales de sociétés marocaines d’assurances et de réassurances, des agences de la RAM, des antennes de grandes entreprises marocaines exerçant dans divers domaines et des projets d’envergure dans le domaine du développement durable et de la protection de l’environnement (la baie de Cocody à Abidjan constitue un parfait exemple pilote de ce que peut faire le Maroc pour les pays frères et amis : un immense marécage d’où se répandaient des odeurs nauséabondes dans toute la ville, y compris dans le quartier des affaires dit le plateau a été transformé en un terrain dépollué et en une terre ferme prête à accueillir la construction d’hôtels et autres.

A travers bien des villes africaines, vous pouvez également rencontrer aujourd’hui des mosquées construites par le Maroc et des prédicateurs formés au Maroc, ainsi que des représentations de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains qui s’y mettent pour la sécurité cultuelle de ces pays.

Relations Sud-Sud : nouveau concept

Le Concept marocain de coopération Sud-Sud est donc fortement imprégné par des projets de solidarité Sud-Sud, concept né, rappelons-le, d’une vision royale. Ce concept se concrétisera davantage au niveau du plus grand projet de tous les temps pour le continent africain et particulièrement pour l’Afrique de l’Ouest, à savoir le futur gazoduc Nigéria-Maroc-Europe. Car, au futur gazoduc, seront arrimés des milliers de projets de développement, allant de l’électrification rurale (déjà concrétisée par l’ONEE au niveau de la région de Saint-Louis du Sénégal) à la construction de réseaux routiers, au désenclavement sanitaire, digital et socioéconomique de dizaines et de dizaines de milliers de zones rurales, dans pas moins de treize pays du continent. C’est ce projet-là et ce tracé-là du gazoduc que l’Afrique (notamment la CEDEAO) soutient, car il émane d’une réelle volonté de co-développement : le fondement même d’une coopération interafricaine dans laquelle “l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique”, comme l’avait fortement et si bien souligné Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2014 en Abidjan.

Journaliste

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