La pandémie et la baisse d’affluence sur les livres exacerbent la souffrance des libraires

Al Hoceima

Par Azzelarab MOUMENI – MAP

Malgré la reprise de leurs activités il y a quelques mois, après la levée des mesures de confinement liées à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), les libraires de la ville d’Al Hoceima souffrent d’une faible affluence sur les livres et d’une baisse des ventes par rapport à la période pré-pandémique.

Cette baisse significative des ventes a concerné la majorité des librairies, qui ont été durement touchées par la pandémie du coronavirus et contraintes de fermer leurs portes pendant plusieurs mois, à l’instar de nombreux commerces et activités industrielles, commerciales et de services, en application de la décision des autorités publiques compétentes.

Nombre de libraires, approchés par la MAP, expliquent que les librairies ont essuyé de lourdes pertes financières à cause de leur fermeture pendant la période de confinement, en raison de l’accumulation de dettes et des dépenses liées notamment au loyer et au versement des salaires des employés, soulignant que malgré leur reprise d’activité, les ventes réalisées n’arrivent pas à couvrir les charges accumulées.

Les professionnels estiment que l’affluence à la lecture et sur l’achat de livres, qu’ils soient religieux, culturels, scolaires ou pour enfants, a considérablement baissé par rapport aux années précédentes, malgré une offre suffisante de livres à des prix raisonnables et abordables.  Dans ce cadre, les libraires remarquent une baisse de la demande d’achat de livres religieux, littéraires et culturels, qui connaissaient plus d’engouement auparavant et intéressaient de nombreux clients curieux des questions religieuses, culturelles et littéraires.

Pour Mohamed, gérant d’une librairie située dans le centre-ville d’Al Hoceima, les ventes de livres de toutes sortes ont considérablement diminué par rapport aux années précédentes, et l’affluence n’est plus la même qu’avant, notant qu’à l’exception de la période de la rentrée scolaire, qui a connu une affluence assez moyenne des familles pour acheter les manuels et fournitures scolaires pour leurs enfants, les librairies souffrent de la récession et de la baisse des ventes.

Cette librairie, qui a ouvert ses portes il y a environ 20 ans, offre une variété importante de livres, y compris ceux religieux et culturels, des contes pour enfants, et des revues littéraires et scientifiques, explique Mohamed, estimant que cette baisse des ventes de livres est principalement due au manque d’intérêt pour la lecture et l’engouement de certains pour les livres et revues numériques publiés sur des sites web et des médias sociaux, au lieu des livres en papier.  Pour sa part, l’acteur éducatif et culturel, Fouad Elbannoudi, a souligné, dans une déclaration similaire, qu’une baisse significative d’affluence pour la lecture et le livre a été observée au cours des vingt dernières années, en raison du fort engouement des jeunes pour les moyens modernes de communication, en particulier les ordinateurs, les smartphones, les tablettes tactiles et les sites web, regrettant que seulement quelques-uns d’entre-eux utilisent ces médias pour lire des livres numériques.

La faible affluence pour la lecture est, selon M. Elbannoudi, attribuable au manque d’activités de lecture programmées, que ce soit au sein des établissements scolaires ou dans les espaces publics, ainsi qu’au manque de bibliothèques publiques et de leur équipement en livres, afin d’encourager les jeunes à lire.

Et afin de surmonter cette problématique, il a souligné la nécessité de fédérer les efforts de tous les acteurs culturels, éducatifs et de la société civile, ainsi que des parents et tuteurs d’élèves, à même d’encourager les enfants et les jeunes à s’intéresser davantage à la lecture, à travers la programmation des activités culturelles autour de la lecture dans les espaces publics, les centres culturels, les bibliothèques publiques et les établissements scolaires, qui doivent être encadrées par des experts et des spécialistes du domaine.  Il faut aussi, selon lui, créer une dynamique permanente dans les centres culturels et les bibliothèques qui en relèvent, ainsi que dans les bibliothèques publiques, à travers l’encouragement des jeunes à lire et la programmation des activités artistiques, afin de les inciter à fréquenter ces lieux en permanence.

M. Elbannoudi a noté la nécessité d’organiser des conférences intellectuelles et littéraires, qui doivent être encadrées par des écrivains et des critiques littéraires, afin d’encourager la lecture, et de programmer des cours de lecture et des formations sur l’utilisation des bibliothèques scolaires, en vue de sensibiliser les jeunes générations à l’importance de la lecture, en plus de créer des bibliothèques scolaires et de distribuer des livres aux élèves.

A vrai dire, malgré la diffusion des moyens modernes de communication et l’abondance des livres numériques, le livre reste le meilleur compagnon pour les adultes comme pour les enfants, et le plaisir de parcourir un livre papier demeure très spécial et unique.

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