Débat autour de « La presse au Maroc…Défis et enjeux » (8col)

Dans la perspective du XIème congrès national du PPS

Dans la perspective du onzième congrès national du Parti du Progrès et du Socialisme, qui se tiendra dans une dizaine de jours, le siège national du parti à Rabat a accueilli, mardi soir, une pléiade de journalistes et d’intellectuels pour débattre de la thématique de « La presse au Maroc…Défis et enjeux », à l’aune d’un exposé autour de l’importance du sujet dans le projet du document politique du congrès et d’un autre sur la place des médias dans le nouveau modèle de développement (NMD).

Lahoucine Echaabi : Le respect ou non de la liberté de la presse renseigne sur l’état d’avancement de la démocratie dans le pays

Traitant de la thématique de la presse et de sa place dans le projet du document politique du onzième congrès national du PPS, Lahoucine Echaabi, coordonnateur du secteur de la culture, des arts et de la communication, a indiqué que le Parti du Livre a toujours accordé un intérêt particulier à la presse, qui représente pour lui la vitrine qui reflète les réalisations et les progrès accomplis par le pays dans tous les domaines et en particulier en matière de droits humains et de démocratie.

La liberté de la presse et le respect dont elle jouit sont le baromètre de l’état d’avancement de la démocratie et des droits de l’homme, selon lui. Les fossoyeurs de la liberté de la presse visent en dernier lieu la démocratie et les droits humains, a-t-il souligné.

Pour le PPS, le respect de la liberté de la presse a toujours fait partie de ses premières préoccupations, car il est illusoire de parler de démocratie sans liberté de presse.

C’est ainsi que le projet du document politique qui sera soumis pour adoption au prochain congrès national s’arrête sur une série de défis à relever et qui traduisent les contradictions qui marquent à présent tout le processus.

Le Maroc a réalisé certes des acquis importants au niveau de la démocratie et des droits humains, mais il connait en cette période des pratiques qui reflètent un certain recul dans le domaine. Il s’agit, d’après le diagnostic du document, d’un blocage politique et au niveau des droits humains. Ces pratiques sont en contradiction avec les acquis accumulés par le pays à plusieurs niveaux.

Cette tendance risque de se traduire à terme par une érosion des acquis accumulés en matière des droits humains et de la démocratie et freiner par conséquent le processus des réformes requises, a-t-il averti.

Ce qui est évident c’est que ce recul impacte négativement l’action politique et contribue à la perte de confiance dans les institutions et la démocratie elle-même, a-t-il encore martelé.

Un autre défi a trait au fait que la liberté de la presse ne doit pas faire oublier la responsabilité dont il faut faire preuve, a-t-il dit.

Sans critique des défaillances et des dérapages des autorités, il est difficile, voire impossible dans beaucoup de cas de trouver des solutions aux problèmes soulevés avec responsabilité par la presse, a-t-il noté.

La liberté de la presse responsable aide à faire avancer le pays et la démocratie pour le bien de tous, a-t-il estimé.

Evoquant la situation des finances de l’entreprise de presse, il a affirmé que cette dernière fait face à une crise sans précédent qui l’asphyxie.

Evidement ceux qui prônent la solution de facilité, proposent la fermeture de ces entreprises, oubliant toutefois que l’existence de la presse est la condition nécessaire pour la préservation de la pluralité et l’exercice de la démocratie. La presse est le support numéro un de la liberté d’expression, a-t-il encore expliqué.

Au niveau de la commercialisation du produit journalistique, a-t-il dit, le processus se heurte à présent à la chute du nombre des consommateurs et des lecteurs de livres, de revues et de toutes sortes de publications.

Le nombre des exemplaires vendus aujourd’hui par jour de tous les journaux nationaux tourne autour de 30.000 au lieu de 300.000 exemplaires, il y a quelques années, a-t-il dit.

Cette crise touche également le théâtre, le cinéma, les revues, les productions artistiques et culturelles et même les nouveaux sites électroniques, a-t-il encore noté.
Pose également problème l’accès facile aux réseaux sociaux, qui permet à tout un chacun d’être dans le même temps consommateur et producteur.

Face à cette crise, nombreux sont les médias qui risquent en effet de perdre leur indépendance au profit de capitaux qui ne se soucient que de leur propre intérêt au détriment de la liberté la presse et de la pluralité, condition sine qua non à l’exercice de la démocratie.

Les pratiques malhonnêtes d’achat des voix qui ont entaché les dernières échéances électorales menacent à présent tout le champ médiatique et la liberté de la presse, sans laquelle l’œuvre démocratique risque de s’effondrer.

Selon Lahoucine Echaabi, la crise de la presse est un handicap majeur qui doit être exploité de manière intelligente et dialectique pour rechercher des solutions innovantes pour avancer.

Le conflit artificiel autour du Sahara marocain qui dure depuis des décennies n’a jamais été utilisé comme argument pour justifier tel ou tel manquement ou ratage, contrairement au comportement du gouvernement actuel. Ce dernier se cache constamment derrière la crise internationale et les conséquences de la guerre en Ukraine pour justifier son immobilisme et son refus de rechercher des solutions à la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens et stopper l’augmentation incessante des prix des produits et services de base.   

Jamal Mouhafi : LE NMD OCCULTE LA QUESTION DE LA PRESSE

D’entrée de jeu, le journaliste et activiste Jamal Mouhafid a estimé que le NMD n’a pas accordé à la problématique de la presse la place qu’elle mérite.

Le document a certes fait le diagnostic de la situation, mais il n’a rien proposé pour la promotion de la presse au Maroc, a-t-il dit, ajoutant que celle-ci, considérée pendant longtemps comme quatrième pouvoir, constitue désormais le premier pouvoir, grâce notamment aux progrès technologiques.

Traitant des médias publics, il a appelé à leur évaluation et à leur remise à niveau pour qu’ils soient à la hauteur des défis de l’Etat social dont on parle.

Pour y parvenir, il a proposé la mise en place d’un plan national global dans le but d’harmoniser les actions et les changements à entreprendre dans l’objectif de promouvoir la presse de la vérité.

Pour ce faire, a-t-il estimé, il importe aussi de prendre des mesures d’apaisement au profit du secteur et de développer une presse de veille capable de jouer pleinement son rôle, a-t-il encore expliqué. Et ce en lien dialectique avec le processus démocratique, qui évolue lui aussi de manière dialectique en dents de scie.

Au terme de ce riche débat, les participants ont relevé que la crise de la presse trouve notamment son explication dans le taux élevé de l’analphabétisme au sein de la société marocaine (30 à 40%), la faiblesse du niveau culturel et des moyens financiers, le freinage du processus démocratique et pluraliste, le manque d’intérêt pour la lecture du journal et du livre et la perte de confiance dans la politique et dans la crédibilité des institutions et des médias.

On ne rencontre plus personne qui marche dans la rue avec son journal préféré sous le bras, selon CHAABI.

M’Barek TAFSI

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