Ecosse : La querelle des indépendantistes

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Ah que les rapports étaient sereins en cette époque pendant laquelle la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, vantait les mérites de son mentor, « ami » et « collègue », Alex Salmond, le Premier ministre d’alors ! Nous étions le 26 Novembre 2013 mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis et il en va autrement aujourd’hui.

Les éloges ayant laissé la place aux critiques les plus acerbes, l’ancienne protégée d’Alex Salmond en est même arrivée jusqu’à déclarer, le 28 mars dernier, que « pour sa dignité et le bien des autres, (ce dernier) aurait dû quitter la scène ».

Mais que s’est-il passé entre-temps pour que l’on assiste à un tel retournement de situation ?

Pour comprendre cette guerre fratricide, il faut retourner 3 ans en arrière, au plus fort de la campagne « #MeToo » quand deux femmes avaient accusé Alex Salmond de les avoir agressées sexuellement lorsqu’il était Premier ministre (2007-2014) et qu’à ce titre, le gouvernement de Nicola Sturgeon avait décidé de lancer une enquête interne.

Réfutant ces allégations tout en confessant, toutefois, « ne pas être un saint », Alex Salmond s’est dit victime d’un complot orchestré par le Parti National Ecossais de Nicola Sturgeon dans le but de « nuire » à sa « réputation », voire même, de le « faire emprisonner ». Pour sa défense, il parviendra, en Janvier 2019, à faire reconnaître, par un tribunal, le caractère « partial » et « illégal » de l’enquête diligentée en interne par le gouvernement de Nicola Sturgeon. Mais en accusant cette dernière d’avoir « bafoué le code de conduite ministériel », il manque son coup lorsque celle-ci est officiellement dédouanée de tout manquement. Aussi, pour revenir à la charge,  Alex Salmond va fonder son propre mouvement qu’il a dénommé « Alba », qui signifie « Ecosse » en gaélique, et grâce auquel il compte faire son grand retour politique au Parlement d’Edimbourg, à l’issue des prochaines élections régionales qui se tiendront le 6 mai prochain. 

Aux dires de ses partisans, « Alba » voudrait aller plus vite vers l’indépendance de l’Ecosse que le SNP dont la stratégie est trop prudente et envisagerait même de ne point demander à Londres la permission de lancer une procédure d’indépendance. Est-ce judicieux ? L’Histoire nous le dira.

Nicola Sturgeon a donc toutes les raisons de craindre que cette nouvelle formation politique indépendantiste ne vienne concurrencer son parti, le SNP, même si les sondages lui attribuent la première place car il est clair qu’elle aura, désormais, bien du mal à obtenir cette majorité absolue qu’elle appelle de tous ses vœux pour pouvoir exiger du chef du gouvernement britannique, Boris Johnson, un référendum sur l’avenir de l’Ecosse.

Pour rappel, en 2014, ce fut la très nette victoire du SNP qui avait convaincu David Cameron, le chef du gouvernement britannique de l’époque, d’autoriser le référendum au terme duquel 55% des écossais avaient répondu « Non » à la question « L’Ecosse devrait-elle être un pays indépendant ? ».

Sept ans plus tard, la donne a changé car, avec le Brexit, les Ecossais ont quitté le « Navire Europe » contre leur gré. Or, bien que la plupart des sondages attribuent, désormais, une victoire incontestée au « Oui à l’indépendance de l’Ecosse ! », un tel résultat reste, néanmoins,  subordonné à la condition que les indépendantistes parlent d’une même voix. Le feront-ils ? Alex Salmond va-t-il, au nom des intérêts supérieurs de la Patrie, calmer son ardeur et « suivre » son ancienne protégée ou bomber le torse, jouer sa partition en « solo » et compromettre, ainsi, la stratégie de la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon ?  Attendons pour voir…

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