Le Maroc, leader sur le marché espagnol

Fruits et légumes

Par Hafsa Mokadem

Le Maroc s’affirme comme le premier fournisseur de fruits et légumes de l’Espagne, atteignant un chiffre d’affaires avoisinant le milliard d’euros à la fin de l’année 2024 — une progression remarquable de 16 % par rapport à 2023.

Cette croissance en valeur contraste cependant avec une augmentation plus modérée du volume exporté, qui s’établit à 445 806 tonnes, soit une hausse de 4 % par rapport à l’année précédente.

Le dynamisme des exportations marocaines repose essentiellement sur les légumes. Avec une hausse spectaculaire de 22 % par rapport à 2023, le Maroc a expédié 291 047 tonnes de légumes vers l’Espagne, générant des recettes de 422 millions d’euros.

Parmi les produits phares, les poivrons, les haricots verts et les tomates se distinguent, représentant à eux seuls 49 % du total des importations espagnoles de fruits et légumes, d’après les données de la Douane analysées par la Fepex (Fédération espagnole des producteurs-exportateurs de fruits et légumes).

Du côté des fruits, la dynamique est plus contrastée. Si le volume exporté a reculé de 18 %, s’établissant à 164 752 tonnes, la valeur des exportations a néanmoins progressé de 16 %, atteignant 619 millions d’euros. Cette évolution témoigne d’une stratégie marocaine axée sur des produits à plus forte valeur ajoutée, capables de rester compétitifs malgré une présence en volume réduite.

L’ascension du Maroc s’inscrit dans un contexte difficile pour le secteur espagnol des fruits et légumes, qui souffre d’une érosion de sa compétitivité sur la scène internationale. Symbole de ce déclin, l’Espagne a quitté le top 10 des plus grands producteurs mondiaux, se classant huitième en 2020.

Ce recul est largement attribué aux contraintes imposées par la réglementation climatique de Bruxelles. Celles-ci pénalisent les producteurs espagnols face à leurs concurrents internationaux, notamment en Indonésie, en Égypte ou encore en Ukraine.

L’essor du Maroc sur ce marché stratégique illustre une montée en puissance qui redéfinit les équilibres agricoles méditerranéens. Cette réussite repose sur une adaptation intelligente aux exigences du marché européen : des produits diversifiés, une qualité maîtrisée et une capacité à valoriser la production.

Toutefois, pour pérenniser cette dynamique, le Maroc devra continuer d’innover, en améliorant la compétitivité de sa filière agricole, en optimisant la gestion de l’eau et en renforçant ses infrastructures logistiques. Dans un marché mondial de plus en plus concurrentiel et soumis aux aléas climatiques, maintenir cette avance nécessitera une vision stratégique à long terme.

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