« Une minute de réconciliation mérite mieux que toute une vie d’amitié ! », disait l’illustre écrivain colombien, détenteur du prix Nobel de littérature en 82, Gabriel Garcia Marqués. Rabat et Madrid se réconcilient de la manière la plus éclatante après des décennies de hauts et de bas, mais certainement attisées lors de ces deux dernières années de tension. « Après la pluie, le beau temps ! », dirait-on aussi dans pareilles circonstances. Les deux riverains de Gibraltar baignant dans l’azur méditerranéen, s’apprêtent à mettre les bouchées doubles de retrouvailles enchanteresses au grand service des peuples respectifs. Un moment exquis de l’histoire qui prend forme dans la symbiose et la communion ! L’Espagne est en passe de se payer la tête une fois pour toutes, de cette ère lugubre du franquisme dont les nostalgiques expirent les ultimes soupirs. Tout semble se tresser comme sur des roulettes, depuis que le Souverain, lors de son fameux discours de la «main tendue» vivement adressé aussi bien aux voisins de l’est que du nord. Tout en usant de la circonspection qu’il fallait, la péninsule ibérique paraît ragaillardie de ses errances de naguère et déterminée à emprunter la voie de la raison, en compagnie d’un allié frontalier à haut degré de dextérité morale. La page de la brouille est bel et bien tournée pour de bon ! La solennité protocolaire de la fraternisation s’étant déroulée dans les honneurs entre les deux royaumes, place à la concrétisation de la rhétorique verbale, exprimée sous l’effet de la béatitude de l’instant. Madrid et Rabat, sous l’euphorie du rapprochement salutaire, sont, sans doute conscientes de ce qui les attend dans le proche avenir pour déblayer le terrain d’un passé alambiqué et balisé le chemin de la paix d’abord et ensuite, la construction désormais du bon voisinage, fondé sur le respect mutuel et la coopération féconde, à la satisfaction des attentes et aspirations communes. Madrid et Rabat ont un rôle à jouer dans la région pour la proximité qu’ils devraient honorer dans les conditions optimales en vue de faire régner la stabilité, la sécurité et la prospérité des deux communautés avoisinantes. Cette alliance est comme à un sonnet poétique dont les vers sont rimés en résonances, puisque les similitudes s’y prêtent à merveille. Federico Garcia Lorca, le célèbre poète et dramaturge espagnol avait lancé une citation de finesse et d’ingéniosité : «Toutes les choses ont leur mystère, la poésie c’est le mystère de toutes les choses ! ». Cela pourrait paraître trop idéaliste, mais parfois, c’est dans l’idéal que se nourrit l’idéel, car on aura beau expliquer le volte face espagnol, on ne le déliera que dans le mystère de la poésie.
Le mystère de la poésie !
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