Face à la crise qui étouffe l’économie nationale, le débat autour du rapport Richesse et Pouvoir refait surface. Depuis déjà quelques temps, nombre de bonnets influents dans le monde des affaires accèdent également dans les centres des décisions, à la plus haute sphère du pouvoir.
Ces barons des finances, confortés dans les rouages de la gestion des affaires publiques, orientent systématiquement les stratégies du système. De ce fait, il est quasiment exclu qu’ils iront à l’encontre de leurs intérêts, même si ceux-ci s’opposent à ceux de la majeure partie des masses. Ce sont, en fait, des rentiers dont la pratique politique n’est nullement synonyme de militantisme et de sacrifice, mais de support garant de leurs ressources souvent illicites.
Ils sont alors persuadés que l’action politique est un moyen efficient de raviver leurs investissements et de renflouer avec les gains, dans un processus économique fondé sur le concept de l’oligarchie.Le déclenchement du mouvement de boycott de certains produits de consommation, il y a quelques mois, traduit bien cette perception hostile que les citoyens se sont appropriés vis-à-vis des adeptes de la rente. Il s’avère donc aberrant, dans un pays en phase de construction démocratique et d’ancrage de fondements des institutions, de continuer à tolérer l’incursion des richissimes voraces dans l’aire de l’autorité, car on ne saurait être à la fois juge et partie.
Il est bien clair que la détention du pouvoir économique et politique, comme c’est le cas dans notre pays, ne fait que fausser le principe de la concurrence saine et équitable dans le climat des affaires. Cette dichotomie criarde incite une minorité bénéficiant des avantages que lui procure l’accès aux cercles décisionnels et, partant, la promulgation des lois conformes à leurs monopoles économiques.
On ne peut alors espérer une économie marocaine agissante permettant l’égalité des chances et assurant une rentabilité qui placerait réellement notre pays dans la cour des nations émergentes. L’autorité économique qui s’empare progressivement de l’autorité politique, ces derniers temps, impose inévitablement un mode de gouvernance libérale et approfondit davantage les inégalités sociales. Les choix politiques sont, en conséquence, tributaires des privilèges dont jouit une poignée de décideurs, en parfaite jonction avec la bourgeoisie sauvage.
Il va sans dire, en effet, que la rente qui ronge l’économie nationale, demeure un handicap majeur de la croissance économique. Son hémorragie ne cesse de se répandre dans les milieux aisés aux dépends des souches déshéritées. Comment peut-on admettre, sans réaction ferme du régime qui ne cesse de prétendre la lutte contre la disparité sociale, l’hégémonie des financiers dans l’arène politique ? D’autant plus que ces mêmes monopolistes économico-politiques sont parachutés dans des partis dites administratifs, sans aucune légitimité historique ni populaire.
Par ce fait, ils altèrent, à travers cette double suprématie, non seulement le champ institutionnel, mais également l’enjeu partisan, en quête de crédibilité et de confiance envers les électeurs.