attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
Leader, depuis 2012, du parti social-démocrate et chef du gouvernement suédois depuis 2014, Stefan Löfven avait fait part, le 22 Août dernier et à une année des prochaines législatives qui se tiendront en Septembre 2022, de son souhait de passer la main.
Et si, par ailleurs, à l’exception de cette courte période s’étalant de 2007 à 2011, durant laquelle Mona Sahlin avait succédé à Göran Persson à la tête du parti social-démocrate sans, toutefois, occuper le poste de Première ministre, alors qu’en 132 années d’existence le parti social-démocrate a toujours été dirigé par des hommes, la Suède reste, à ce jour, le seul pays d’Europe du Nord à n’avoir jamais été gouverné par une femme à telle enseigne que ceci est devenu un sujet d’embarras, cette situation a poussé Stefan Lövfen à manifester son désir de passer le flambeau à une femme en pensant, en premier lieu, à sa ministre des finances Magdalena Andersson.
Ayant souvent été comparée à l’ancien premier ministre suédois, Olof Palme, du fait de ses talents d’oratrice et de ses sorties aussi remarquables que grinçantes contre ses opposants, Magdalena Andersson, 54 ans, a rapidement émergé comme étant la seule candidate à la succession de l’actuel chef du gouvernement et ce jeudi 4 novembre, les délégués sociaux-démocrates, réunis en congrès à Göteborg, l’ont élu à la tête du parti ; ce qui, après un vote favorable du Parlement, qui devrait intervenir dans les prochaines semaines, pourrait lui ouvrir bien grandes les portes de la direction du gouvernement et faire d’elle la première femme à occuper ce poste en Suède.
Se disant « honorée » par cette nouvelle marque de confiance que lui ont témoigné les députés et par sa nouvelle fonction, Magdalena Andersson, a déclaré, sous les applaudissements nourris de la salle, « J’ai accepté d’être présidente du parti parce que je sais que la Suède peut mieux et que je sais que c’est nous, les sociaux-démocrates, qui devons mener la Suède de l’avant (…) Maintenant, nous allons poursuivre ce combat, camarades, ce combat que j’ai hâte de mener pour gouverner avec vous ».
Il n’en fallait pas plus pour que ses opposants se soulèvent pour dénoncer sa « froideur », sa « dureté » et sa « difficultés à faire des compromis ». Aussi, en volant à la rescousse de Magdalena Andersson, Annila Strandhäll, députée et présidente de l’association des femmes démocrates, condamnera fermement le sexisme dont elle fait l’objet en rappelant que « jamais on ne dit d’un homme politique qu’il est dur quand il est déterminé et qu’il fait preuve d’autorité… ».
Même son de cloche du côté d’Anna Elkström, la ministre de l’éducation, qui considère que celle qui fut, pendant sept années, sa collègue à la tête du ministère des finances est une personne qui « dit ce qu’elle pense et pense ce qu’elle dit ; ce qui est assez inhabituel en Suède, où l’on essaie, généralement, de trouver des points d’entente et d’éviter les conflits » et qui, si elle était de sexe masculin, aurait été taxée de « leader fort ».
Aussi, en prononçant, le lendemain, son discours inaugural devant le congrès du parti, Magdalena Andersson s’est donné, pour premier défi, celui d’imposer sa marque et de se distinguer de celui dont elle a été proche tout au long de ses deux mandats à la tête du gouvernement en affichant ses trois priorités qui ont trait au climat, tout d’abord, puis à «la reprise du contrôle démocratique » sur les écoles et le système de santé après une vague de privatisations et, enfin, à la lutte contre la « ségrégation » et les gangs violents que le précédent gouvernement n’était pas parvenu à mettre hors d’état de nuire.
Y parviendra-t-elle ? Rien ne permet d’en douter tant la personne semble déterminée mais attendons pour voir…