Vague de froid
Aïmen Bouzoggaghe
Comme tous les ans, en hiver, les autorités tant centrales que provinciales prennent, sous la houlette des ministères de l’Intérieur et de la Santé et avec l’appui logistique de la gendarmerie Royale, une farandole de mesures afin d’atténuer les effets de la vague de froid et les chutes de neige sur les populations touchées.
Ainsi, des réunions de comités de veille et de suivi ont déjà eu lieu dans plusieurs provinces du Royaume. Présidées par les gouverneurs, ces réunions sont consacrées à la présentation et au suivi des préparatifs et des mesures proactives prises pendant la période hivernale 2020/2021.
Les plans d’action varient d’une province à une autre en fonction des données géographiques et démographiques, mais dans l’ensemble, les mesures portent sur la mobilisation totale de tous les moyens logistiques et des ressources humaines aussi bien du public que de la société civile.
Anticipant des coupures de routes et d’électricité, les autorités prévoient l’approvisionnement des régions où les chutes de neige sont importantes, en denrées de première nécessité ainsi que l’aménagement de plusieurs plateformes d’atterrissage d’hélicoptères qui peuvent être utilisées en cas de besoin, tandis que des quantités d’orge subventionnée seront distribuées aux agriculteurs pour la sauvegarde du cheptel.
De plus, les autorités veillent à assurer la disponibilité des moyens de chauffage notamment dans les établissements scolaires, ainsi que des lits et couvertures pour les internats.
En ce qui concerne le volet sanitaire, des caravanes médicales et des unités mobiles dotées d’ambulances équipées en présence d’un staff médical, composé de médecins, d’infirmiers, de pharmaciens interviennent dans le cadre de l’opération «Riaya» visant à assurer la couverture sanitaire aux habitants des zones menacées notamment les femmes enceintes et les personnes âgées.
Il est à rappeler que ce plan d’intervention, adopté annuellement par le gouvernement lors des périodes de neige, de pluies et de vagues de froid, a ciblé 1426 douars et 213 collectivités territoriales correspondant à une population de 660.000 personnes depuis son lancement en 2009.
Par ailleurs, des composantes terrestre, aérienne et médicale des FAR ont rejoint les efforts sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Chef Suprême et Chef d’Etat-Major Général des Forces Armées Royales dans une logique de complémentarité avec les autorités locales.
Abdelmajid Errabhi, président de la commune d’Anzou relevant de la province d’Azilal
« Pour une station de ski dans la région »
Ces mesures nous ont été confirmées par Abdelmajid Errabhi, président de la commune d’Anzou relevant de la province d’Azilal, qui précise qu’au total 33 engins ont été mobilisés dont notamment 2 bulldozers, 4 niveleuses et 6 chasse-neige au niveau de la province. « Les autorités locales travaillent d’arrache-pied afin d’atténuer les effets de la vague de froid. Tous les moyens logistiques et humains sont à mis en place pour garantir des interventions immédiates », nous fait-il savoir.
« La province d’Azilal compte 44 communes dont 90% sont situées dans des zones montagneuses où l’hiver rend les conditions de vie encore plus difficiles, mais il faut aussi voir le bon côté des choses. Il n’y a même pas deux mois, durant la session d’octobre du Conseil de la région, le directeur de l’Agence du Bassin Hydraulique de l’Oum Er-Rabia nous a fait part de la situation catastrophique des ressources hydriques, mais grâce aux dernières précipitations, les réserves en eau se sont nettement améliorées.
Toujours dans cette logique optimiste, le président d’Anzou a émis le souhait de voir un jour des stations de ski dans la région. « La région a de quoi concurrencer les destinations phares de ski au Maroc comme Michlifen et Oukaïmden. De plus, la création de stations de ski transformera ce qu’on considère comme malédiction en bénédiction. En effet, au lieu de rester enclavés chez eux, les habitants auront naturellement la possibilité de créer des sources de revenus », explique-t-il.
Rachid Hamouni, député PPS de Boulemane
« Il faut intervenir sur la question du chauffage »
De son côté Rachid Hamouni, député PPS de Boulemane, estime que les actions menées restent insuffisantes. « La province de Boulemane est d’une superficie de 14.000 km², les aides sont distribuées chaque année certes, mais sont quand même dérisoires par rapport aux attentes des populations, notamment en ces périodes difficiles que nous imposent la pandémie.
« Il faut que l’Etat convoque le ban et l’arrière ban et doubler les efforts afin d’aider les gens de manière efficace et efficiente », souligne-t-il avant d’ajouter : « La moindre des choses serait d’intervenir sur la question du chauffage. Le prix du bois s’élève significativement en cette période, nous avons demandé à plusieurs reprises lors de nos questions orales au Parlement à ce que le coût de l’électricité soit réduit entre novembre et avril dans les zones touchées par la vague de froid, ceci permettra aux habitants de switcher vers le chauffage électrique et par conséquent réduire le coût du chauffage tout en préservant les ressources naturelles.
Selon Rachid Hamouni, l’Etat doit également revoir les aides apportés aux éleveurs. « Les quantités de fourrage distribuées stagnent à un niveau largement insuffisant depuis des années. Le ministère de l’agriculture doit subventionner toute sorte de fourrage durant cette période tant que si bien que les agriculteurs pourront s’approvisionner à l’avance. », conclut-il.