Le Brexit, ayant ramené, au centre du débat, la question de la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, la revendication historique ayant trait à la réunification de l’île se pose, désormais, avec acuité.
C’est, à ce titre que, dans un meeting organisé ce samedi à la maison des syndicats à Londres, des militants du Sinn Fein, ce vieux parti républicain irlandais – le seul à être présent aussi bien en Irlande du Nord en tant que deuxième force électorale qu’en République d’Irlande où il occupe la troisième place – ont décidé de rappeler au monde entier leur souhait de réunifier l’île divisée, depuis 1921, entre l’Irlande du Nord, devenue depuis une province du Royaume-Uni et la République d’Irlande.
Devant un grand écran bleu ciel où l’on pouvait lire «Vers une Irlande Unie» Gerry Adams, 69 ans, le vieux dirigeant du parti et, dit-on, de son bras armé l’Armée Républicaine Irlandaise, a signalé à l’assistance que le Brexit qui reste «une menace directe pour la paix» aura «de sombres conséquences pour les habitants de toute l’île d’Irlande». Raison pour laquelle le dirigeant irlandais recommande de «défendre l’accord du Vendredi Saint» dont il avait été l’un des principaux artisans et qui le 10 Avril 1998 avait mis fin à trente années d’effusion de sang.
Mais malgré son rôle dans l’instauration de la paix qui règne depuis 20 ans sur l’île, Gerry Adams reste, toutefois, aux yeux de nombreux britanniques, un personnage qui a du sang sur les mains du fait de ses rapports présumés avec l’IRA qui, entre 1960 et 1990, avait perpétré de nombreux attentats pour dénoncer l’occupation britannique. Or, bien qu’ayant cédé, à Mary Lou McDonald, sa place à la direction du Sinn Fein, Gerry Adams demeure un ardent défenseur de la réunification de l’Irlande.
Force est de reconnaître, néanmoins, que l’accession à la tête du Sinn Fein de cette jeune femme de 48 ans, qui n’y a adhéré qu’après les accords de paix, marque le début d’une ère nouvelle pour le parti qui en se présentant, désormais, sous un visage plus apaisé est à même de ramener à lui de nouveaux sympathisants notamment du fait que sa nouvelle dirigeante prône la justice sociale et défend les droits des femmes; ce qui, à la veille du référendum sur la légalisation de l’avortement prévu en mai prochain, revêt une extrême importance.
A noter, enfin, que la présence de Mary Lou McDonald à la tête du Sinn Fein ne constitue, en aucun cas, une rupture totale avec les principes qui ont toujours été défendus par le parti puisque la jeune femme a été la vice-présidente de Gerry Adams tout au long de ces dix dernières années.
Nabil El Bousaadi