«Le Maroc est à nous et non aux autres» a été clamer et chanté contre le protectorat du Royaume et pour son indépendance. Depuis, à tort ou à raison, la vox populi associe ce couplet à une hégémonie d’une partie de la population sur les biens de la nation. L’évolution économique et sociale, le degré d’instruction et la situation dan l’administration des uns ont donné aux autres ce ressentiment d’être privés d’une juste répartition des richesses nationales, adéquate et relevant de la justice sociale.
La célébration du Manifeste pour l’Indépendance, le 11 janvier 2016, a ravivée le souvenir d’une mésentente historique entre les tenants de cette approche selon laquelle une seule formation politique a été, à elle seule, à l’origine de cette revendication légitime de l’indépendance et ceux qui démontrent que cette lutte a été celle de l’ensemble du peuple marocain et des formations politiques organisées alors. De même, l’existence de plusieurs autres «manifestes pour l’indépendance» a été commentée dans le cadre du contexte de l’époque où l’importance des manifestations populaires va constituer «l’événement» à la fin de janvier 1944 en réclamant l’indépendance et en supportant les tirs des troupes françaises. Les «60’ pour comprendre» sur Médi1 TV n’ont pas suffi aux débateurs invités de se mettre d’accord entre eux et d’éclairer au mieux les Marocaines et les Marocains.
Querelles du passé ? Malaises ? Polémiques ? 72 ans après, le débat reste pour le moins animé. La longue marche des Marocaines et des Marocains vers leur modernité est ainsi faite. Quelques dizaines d’années pour que la mémoire collective se mette au courant de la mémoire historique, dans l’attente que la vérité soit admise.
L’avancée du processus démocratique ne peut que réduire ce laps de temps et effacer les collapsus qui résultent des malentendus issus de la diversité et de la pluralité des acteurs dans le champ de la transformation sociale dans notre pays. Tout se transforme dans le cadre des fondamentaux de la patrie pour établir une modernité endogène apte à nous intégrer dans l’universalité humaine.
Dans ce cadre; toute violence, et quelle que soit son origine, est à bannir. Le dialogue est à la base du jeu démocratique, loin de toute surenchère. Pour revenir à cet «anachronisme» entre la mémoire collective et la mémoire historique, l’action politique ne peut être schizo pour entrainer l’adhésion de l’ensemble des masses populaires et de ses élites. La démocratie, au Maroc comme ailleurs, ne peut supporter un double jeu, un double langage, un double comportement. Il est aussi important que la légitimité acquise par les voix populaires ne soit pas utilisée à l’encontre de leurs aspirations au bienêtre et à la justice sociale. Cela présume aussi une participation forte et massive au «jeu démocratique», particulièrement celle des forces vives et conscientes de la patrie, pour conduire l’édification de l’Etat national, démocratique et moderne.
Sur un autre chapitre, celui de l’année amazighe, l’interpellation a été aussi animée sur les réseaux sociaux. Les diverses interventions ont abordé l’origine de ce calendrier qui affiche son année 2966 et les modalités de sa célébration à travers le pays. Les uns et les autres sont arrivés à la conclusion que les Marocaines et les Marocains dans leur diversité ont été toujours unis pour célébrer cet événement ancestral. Que la raison soit l’année agricole ou une victoire historique; que le nom soit Haydouza, Hwadez, Hagouza ou Ennayer, le plus important est que nous soyons toujours solidaires à célébrer nos fêtes dans la joie et réunis autour de mets succulents : rfissa, trid, 3ssida, tajine, couscous aux sept légumes ou toute autre nutrition à base des produits issus de notre terre généreuse. Asskss amaynou. Asskass ambarki 2966. Assegas yen – ummer!
Mustapha Labraimi