Encore une année qui s’écoulera sans percevoir la moindre piste de dénouement du dialogue social. En tout cas, la réunion que le chef du gouvernement a tenu, lundi, avec les centrales syndicales n’a pas permis de dépasser cette voie sans issue.
Saâd Eddine El Othmani misait gros sur cette réunion pour accélérer les choses. Surtout que c ’était la première réunion de la commission technique, mise en place début novembre, pour aplanir les tensions. Mais trois centrales syndicales ont claqué la porte des négociations. Il s’agit de l’Union marocaine du travail (UMT), de la Confédération démocratique du travail (CDT) et de l’Union générale des travailleurs du Maroc. Ce n’est pas la première fois qu’ils quittent la table. Début novembre, ces trois centrales syndicales s’étaient également retirées d’une réunion avec Saâd Eddine El Othmani.
Les négociations butent sur les revendications salariales, notamment la hausse générale des salaires. Pour les syndicats, il est hors de question de limiter la revalorisation des salaires à la fonction publique. Le gouvernement, rappelons-le, propose une augmentation de 400 DH sur trois années pour les fonctionnaires. Le scénario proposé prévoit une première hausse de 200 DH à compter du 1er janvier 2019, puis 100 DH en janvier 2020 et 100 DH en janvier 2021.
La hausse ne concernera donc que l’administration publique afin de contenir le coût d’exécution du prochain accord tripartite dans une enveloppe de 6 milliards de DH. L’offre de l’exécutif n’écarte pas seulement le secteur privé, mais aussi les fonctionnaires de l’échelle 10 (échelon 6), de l’échelle 11 et ceux classés hors-échelle.
En face, les syndicats réclament l’augmentation de tous les salaires inférieurs à 5.000 DH, ainsi que la hausse du SMIG sur la base d’un seuil minimum de 3.000 DH. Ils revendiquent également l’augmentation des allocations familiales dans le privé, alors que l’offre du gouvernement limite cette revalorisation au secteur privé.
Dans le privé, ce réajustement nécessitera une augmentation des cotisations. Selon les simulations établies par la CNSS, la hausse de 300 DH pourrait conduire à un déficit financier dès 2021 nécessitant une hausse du taux de cotisation de 0,16%.
Visiblement, le gouvernement n’est pas prêt à faire de concessions. Lors de son passage devant la commission des affaires sociales à la Chambre des conseillers, le ministre de l’Emploi, Mohamed Yatim, avait exhorté les syndicats à accepter l’offre gouvernementale. L’exécutif espérait parvenir à un accord avant l’adoption définitive du projet de loi de finances 2019.
Au-delà des revendications salariales, ce consensus permettrait de débloquer des questions en suspens depuis 2011. Il s’agit notamment de l’adoption de la loi organique sur la grève, la réforme du statut général de la fonction publique et de la poursuite de la réforme du système des retraites.
Hajar Benezha