Omar Hilale : Pour une voix africaine forte dans les politiques sociales mondiales

11ᵉ session du Forum régional africain sur le développement durable

L’Afrique doit cesser d’être un simple objet de politiques sociales internationales pour en devenir un acteur à part entière. Tel est le message fort porté par l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hilale, lors de la 11ᵉ session du Forum régional africain sur le développement durable, qui s’est tenue du 9 au 11 avril à Kampala, capitale de l’Ouganda. Dans une intervention vidéo prononcée en tant que co-facilitateur du processus de négociation intergouvernemental pour le Deuxième Sommet mondial sur le développement social, prévu en novembre à Doha, M. Hilale a plaidé pour un renforcement significatif de la voix du continent africain dans la redéfinition des grandes orientations sociales mondiales.

L’ambassadeur marocain a rappelé que trente ans après le Premier Sommet mondial sur le développement social tenu à Copenhague en 1995, l’heure était venue de renouveler les engagements, mais surtout d’adapter les réponses aux réalités d’aujourd’hui. « Il est essentiel de façonner des réponses efficaces et d’explorer les pistes prometteuses du développement social pour garantir un avenir prospère au continent africain », a-t-il souligné. Dans ce sens, le Sommet de Doha intervient à un moment crucial, dans un contexte mondial où les inégalités se creusent, où le dérèglement climatique affecte plus durement les pays du Sud, et où les mutations démographiques et technologiques posent de nouveaux défis de gouvernance, de cohésion sociale et de développement humain.

Pour M. Hilale, l’Afrique doit impérativement jouer un rôle moteur dans la préparation et la définition des orientations qui seront adoptées à Doha. Il a insisté sur la nécessité pour les pays africains de saisir cette opportunité historique afin d’affirmer leur vision commune, de faire entendre leurs priorités spécifiques, et de proposer des solutions endogènes adaptées à leurs contextes.

Dans cette perspective, le Forum régional africain sur le développement durable, organisé conjointement par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), le gouvernement ougandais, l’Union africaine, la Banque africaine de développement, ainsi que plusieurs agences onusiennes, a été qualifié par l’ambassadeur marocain de plateforme stratégique. Il a salué le rôle que ce Forum continue de jouer comme cadre dynamique de collaboration réunissant gouvernements, société civile, secteur privé, monde académique et autres parties prenantes.

Sous le thème : « Stimuler la création d’emplois et la croissance économique par des solutions durables, inclusives et fondées sur la science et les données pour l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 », la rencontre de Kampala a permis d’identifier les priorités africaines et de formuler des recommandations qui serviront de base au processus préparatoire du Sommet de Doha. Ces priorités comprennent notamment l’éradication de la pauvreté, le plein emploi, le travail décent pour tous, l’inclusion sociale, ainsi que l’amélioration des conditions de vie des populations africaines.

Affronter les défis, saisir les opportunités

Pour Omar Hilale, le continent africain ne peut plus se contenter de subir les décisions prises ailleurs. Il doit se positionner comme un moteur de changement. Cela implique de renforcer la participation active et coordonnée des acteurs africains dans tous les espaces de négociation et de décision internationaux. « Les nations africaines portent collectivement la responsabilité de saisir les nouvelles opportunités et de relever les défis émergents », a-t-il affirmé, soulignant que l’Afrique, riche en ressources humaines et naturelles, a tout le potentiel pour peser dans les équilibres géopolitiques et sociaux du XXIe siècle.

Il a également attiré l’attention sur les principaux défis auxquels l’Afrique est confrontée, à savoir les impacts du changement climatique, les pressions démographiques croissantes, l’exode rural, la montée des inégalités, ainsi que les mutations liées à la digitalisation. Autant d’enjeux qui nécessitent une approche concertée et des politiques publiques ambitieuses, portées par une vision panafricaine du développement social durable.

Prévu en novembre 2025, le Deuxième Sommet mondial pour le développement social constitue, selon M. Hilale, une occasion historique de relancer la dynamique enclenchée à Copenhague. Il permettra de réaffirmer la pertinence de la Déclaration de 1995 et de son Programme d’action, tout en insufflant un nouvel élan pour accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Le diplomate marocain a précisé que le processus de préparation de la Déclaration politique du sommet est déjà en cours. Il sera mené de manière « ouverte, inclusive et transparente », avec pour objectif d’aboutir à un document consensuel, concis et orienté vers l’action. Cette Déclaration devra intégrer les préoccupations spécifiques de chaque région du monde, notamment celles de l’Afrique, afin de garantir une véritable appropriation des objectifs sociaux mondiaux par l’ensemble des acteurs concernés.

Une diplomatie marocaine proactive

L’intervention remarquée de M. Hilale à Kampala s’inscrit dans une stratégie plus large du Maroc, qui cherche à renforcer sa présence et son influence dans les forums multilatéraux africains et internationaux. En mettant en avant une diplomatie axée sur le dialogue, la coopération Sud-Sud et la défense des intérêts du continent, le Maroc se positionne de plus en plus comme un acteur clé des négociations globales sur les questions de développement durable et de justice sociale.

Par son engagement dans le processus de Doha, Rabat entend non seulement porter une parole africaine forte, mais aussi contribuer à forger des consensus mondiaux autour des valeurs de solidarité, de dignité humaine et de progrès partagé.

Le plaidoyer de l’ambassadeur Omar Hilale résonne comme un appel à l’unité africaine et à la mobilisation collective pour une transformation sociale inclusive. Alors que le monde s’apprête à redéfinir les priorités du développement humain pour les prochaines décennies, l’Afrique ne peut se permettre de rester spectatrice. Elle doit prendre toute sa place autour de la table, non pas comme bénéficiaire d’un ordre social décidé ailleurs, mais comme co-architecte d’un nouveau pacte mondial, plus juste, plus équitable et véritablement universel.

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