Botola Pro D1
Oussama Zidouhia

Hier, le très attendu derby opposant le Wydad au Raja (1-1) aurait dû être un moment de ferveur et de passion, un sommet du football marocain captivant des millions de supporters. Pourtant, la rencontre qui s’est déroulée dans un stade de Casablanca étrangement silencieux a laissé un goût amer, celui d’une fête gâchée par une absence remarquée : celle de ses principaux acteurs, les supporters.
Pour la première fois depuis bien longtemps, les gradins du stade étaient clairsemés, voire vides dans leurs sections les plus ferventes. Un boycott massif orchestré par les Ultras des deux clubs rivaux a transformé ce qui aurait dû être une bataille épique en un match sans âme. La raison de cette mobilisation inédite ? Un agenda sportif jugé aberrant, allant à l’encontre des intérêts du sport casablancais.
Les supporters évoquent un manque de respect envers la ville et ses habitants. Ce boycott commun témoigne d’une frustration profonde des supporters face à des décisions qu’ils estiment préjudiciables à la grandeur du derby et, plus largement, du football local.
Dans ce contexte particulier, la performance et le résultat du match (que nous ne détaillerons pas ici, tant l’ambiance a éclipsé l’aspect sportif) ont été relégués au second plan. Cependant, l’attention s’est inévitablement tournée vers l’entraîneur du Wydad, Rulani Mokwena, dont la position semble de plus en plus fragilisée.
Malgré un début de saison prometteur, le technicien sud-africain a vu sa cote de popularité chuter drastiquement auprès des supporters du Wydad. Les critiques se sont intensifiées ces dernières semaines, alimentées par des résultats jugés insuffisants, des choix tactiques contestables et, surtout, un sentiment général que l’équipe n’affiche plus la grinta et la détermination attendues.
La conférence de presse de Mokwena, où il s’était plaint des critiques et avait demandé à être laissé tranquille pour faire son travail, n’a fait qu’attiser le feu. Au lieu de rassurer, ses propos ont été perçus par une partie des supporters comme un signe d’agacement et un manque de remise en question. Le boycott d’hier n’a fait qu’accentuer ce sentiment de rupture entre l’entraîneur et sa base de fans. Un stade vide lors du derby, événement phare de la saison, est un message fort et sans équivoque, la confiance est rompue.
Si Mokwena a pu bénéficier d’un certain crédit à son arrivée, notamment grâce à son discours passionné et à quelques succès initiaux, la patience des supporters semble avoir atteint ses limites. Dans un club aussi exigeant et passionné que le WAC, la connexion avec le public est primordiale. Lorsque cette flamme s’éteint, il devient extrêmement difficile pour un entraîneur de maintenir son cap.
Une chose est sûre, ce derby sans âme restera gravé dans les mémoires comme le symbole d’un malaise profond au sein du football marocain.
Suite à un match nul face à son grand rival, le Raja, l’entraîneur sud africain du Wydad, Rulani Mokwena, a tenu une conférence de presse animée au cours de laquelle il a cherché à se justifier tout en annonçant sont départ en fin de saison.
Malgré que son équipe soit toujours en lice pour une qualification en Ligue des champions et occupe actuellement la troisième place du classement, position qualificative pour la Coupe de la Confédération de la CAF, Mokwena a été la cible de nombreuses critiques de la part des supporters du Wydad au cours des dernières semaines.
Le tacticien sud-africain a vivement sollicité les médias marocains afin qu’ils le laissent travailler sans remettre en cause ses décisions, qu’il s’agisse des joueurs alignés ou de la tactique employée.
« Quand je fais jouer Bouhra, vous êtes contre, quand il ne joue pas, où est Bouhra ? Je suis l’entraîneur donc je prends la décision mais vous, vous remettez toujours mes choix en question. Je prends les décisions, alors laissez-moi prendre les décisions et mourir avec les décisions. Je ne suis plus sur les réseaux sociaux, l’une des raisons pour lesquelles j’ai quitté les réseaux sociaux, c’est à cause du bruit », a déclaré Mokwena.
Avant de continuer : « Il y a cinq millions de supporters du Wydad, je ne peux pas satisfaire cinq millions de personnes, je dois faire ce que je crois au fond de mon âme. Je dois faire ce que je crois être juste car même si nous perdons le match, je dois me tenir devant vous, je dois me tenir devant les joueurs et je dois savoir que j’ai fait ce qui était juste, que l’on gagne ou que l’on perde. »
Mokwena a également annoncé son départ en fin de saison : « Je finirai la saison, je quitterai le Wydad par la grande porte, pas par la porte de derrière, pas par la fenêtre. »