Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
« Nous avons admis le Gabon et le Togo comme nouveaux membres et nous leur souhaitons tous la bienvenue dans la famille du Commonwealth ». C’est par ces mots que, lors de la clôture du dernier sommet de l’instance intergouvernementale précitée, le président rwandais, Paul Kagamé a annoncé que, bien qu’étant sans liens historiques avec la couronne britannique, le Gabon et le Togo, pays francophones d’Afrique de l’Ouest, ont adhéré au Commonwealth, organisation intergouvernementale et club anglophone très fermé dirigé par la Reine Elizabeth II qui avait émergé au milieu du XXème siècle pendant le processus de décolonisation et qui est, désormais, composée de 56 Etats-membres qui sont presque tous d’anciens territoires de l’Empire britannique.
Pour rappel, si le Mozambique qui fut une ancienne colonie portugaise a été le premier pays sans liens historique avec le Royaume-Uni à adhérer, en 1995, au Commonwealth, force est de reconnaître que l’adhésion du Rwanda, en 2009, à cette organisation intergouvernementale est intervenue à un moment de grande tension entre Paris et Kigali ; ce qui avait obligé cette dernière à nouer des liens très étroits avec Londres .
Etant donc né de l’Empire britannique, le Commonwealth représente près d’un tiers de l’humanité et s’étend sur des nations d’Afrique, d’Asie, d’Europe et des Amériques.
Mais bien que l’admission du Togo et du Gabon soit intervenue dans un contexte de débats persistants sur sa pertinence et ses objectifs, le Premier ministre Boris Johnson a déclaré que l’intérêt que portent au Commonwealth ses nouveaux membres prouve que ce dernier se porte bien balayant ainsi, d’un simple revers de manche, le fait que ces adhésions peuvent soulever des questions sur l’engagement du Commonwealth envers la bonne gouvernance et la démocratie qui restent des valeurs fondamentales de sa charte.
« L’adhésion du Togo est motivée par le désir d’étendre son réseau diplomatique, politique et économique (…) de se rapprocher du monde anglophone (…) et de bénéficier de nouvelles opportunités économiques et éducatives » a déclaré, à l’AFP, le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey pour lequel l’adhésion au Commonwealth en tant que marché de 2,5 milliards de consommateurs permettra également au Togo, un petit pays en voie de développement qui compte 8,5 millions d’habitants, qui fut une ancienne colonie allemande puis française, de redéfinir ses relations avec le Royaume-Uni en dehors de l’UE après le Brexit.
Considérant, de son côté, que « soixante-deux ans après son indépendance (le Gabon) s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre de son histoire », le président gabonais Ali Bongo a écrit, sur son compte Twitter, qu’en rejoignant le Commonwealth, son pays, a écrit « l’histoire » et que « de nombreuses opportunités s’offrent (à lui) sur les plans économique, diplomatique et culturel »
Mais pourquoi donc le Gabon et le Togo ont-ils voulu rejoindre le Commonwealth ?
Pour le président Ali Bongo, l’adhésion au Commonwealth constitue « un tournant majeur » pour son pays dès lors qu’elle lui permettra de « s’ouvrir et d’adhérer à un autre espace multiculturel également porteur ; avec, à la clé, de nouvelles opportunités pour les jeunes et les entreprises par l’apport diplomatique et économique qu’il pourra en tirer ».
Le ministre togolais des Affaires étrangères considère, pour sa part, que l’inclusion du Togo francophone dans le Commonwealth « l’aiderait à développer des liens plus étroits avec les pays anglophones, lui ouvrant, ainsi, de nouveaux horizons en dehors de la sphère d’influence de la France en Afrique occidentale ».
Autant de raisons pour lesquelles, en Avril dernier, après le vote de l’Assemblée nationale togolaise favorable à l’adhésion du pays au Commonwealth, Gerry Taama, le président du « Nouvel Engagement Togolais », opposition, avait mis en avant les opportunités économiques et les facilités que le Commonwealth octroie à ses membres dont notamment l’ouverture vers un marché de plus de 2 milliards de citoyens, les facilités de voyage qui seront accordées aux jeunes togolais qui constituent la majorité de la population et qui, même en se déplaçant dans des pays qui n’ont pas de liens avec le Togo, seront automatiquement protégés par le Commonwealth.
Au vu des « bénéfices » engrangés par l’adhésion au Commonwealth, il est incontestable que le Mozambique, le Rwanda, le Gabon et le Togo vont faire des émules dans le continent africain, notamment. Alors, à qui le tour ?
Attendons pour voir…