«Le gouvernement ne fait pas preuve d’efficacité»

Abdellatif Ouamou, conseiller et membre du B.P du PPS

Dans cette intervention, Abdellatif Ouamou, membre de la deuxième Chambre du parlement et membre du bureau politique du parti du progrès et du socialisme (PPS) affirme que durant cette période de mi-mandat du parlement et du gouvernement, il n’y avait pas eu de production effective. Les propos.

AlBayane: Le parlement avec ses deux chambres est à son mi-mandat. Quel bilan dressez-vous de ces actions?

Le parlement avec ses deux chambres, qui est aujourd’hui au mi-mandat, devait normalement dresser un bilan sur la situation générale dans le pays. Rappelons, tout d’abord, le contexte. Les élections législatives ont eu lieu en octobre 2016 et par la suite il y a eu un blocage qui a duré cinq ou six mois. Après cette période caractérisée par une gestion des affaires courantes au niveau de l’Exécutif, il y a eu la nomination de Sâd-Eddine El Othmani. Finalement, sans détailler les difficultés rencontrées dans ce sens, un gouvernement non homogène a été mis en place avec un programme qui n’est pas assuré. Tous éléments devaient interpeller le parlement en vue de faire un bilan au mi-mandat. Le parlement ne l’a pas fait. Le gouvernement, lui-même, ne l’a pas fait.

Pourquoi?

Il faut dire que durant cette période, il n’y avait pas eu de production effective. La preuve est qu’après l’annonce via des discours royaux qu’il y avait des problèmes, une crise,  un malaise, le gouvernement ne réagissait pas par l’action concrète, en mettant en application des politiques publiques appropriées. De même, les partis politiques n’avaient pas réussi à jouer leur rôle d’intermédiaires surtout lors des évènements ayant eu lieu et des protestations ayant ponctué certains domaines. Puis, il y a eu des annonces de réformes urgentes qu’il va falloir effectuer, remettant sur le devant de la scène la question des priorités. C’est ainsi que le volet social a été soulevé et devait être pris en compte en tant que  priorité en vue d’agir pour réduire les inégalités, préserver les équilibres et instaurer la paix sociale.

La réaction du gouvernement ?

Durant tout ce processus, nous constatons que le gouvernement n’a pas fait preuve d’efficacité notamment au niveau du dialogue social qui demeure toujours sans résultats concrets. C’est-à-dire que ce chantier social préoccupe toujours. En plus, dans les discours royaux, il y avait des questions soulevées et qui devaient être mises au point dans un certain délai. Il y avait par exemple, la question de l’éducation et de la formation professionnelle qui devait être réglée, alors qu’il n’y a rien de concret jusqu’à présent. De même, il y avait la question de mettre en place un modèle de développement, qui devait être une charte autour de laquelle l’ensemble des acteurs se mettront d’accord pour désamorcer la crise. Ce chantier est également toujours en suspense. A cela s’ajoute le phénomène des désaccords qui tiraillent la majorité gouvernementale à tel point que chaque fois l’on a l’impression que cette coalition allait sauter. Ce constat nous amène à dire que le parlement et le  gouvernement tournent en rond. Sans convaincre. Concrètement, sur le terrain, les Marocains n’ont encore rien vu.

Au niveau législatif ?

En ce qui concerne la législation et la mise en œuvre de la Constitution, nous constatons que la concrétisation des lois constitutionnelles n’avance pas comme il se doit. D’ailleurs, les délais prescrits par la Loi fondamentale n’ont pas été respectés. En fait, des lois, qui devaient être examinées et validées durant le précédent mandat, sont toujours en instance. Ainsi, la loi organique concernant l’officialisation de la Lange Amazighe n’est toujours pas adoptée. Le constat est le même pour la loi relative au conseil national des langues et de la culture marocaine. Cela montre que le gouvernement est dans l’incapacité de trouver, en concertation avec les différents partis politiques, un consensus autour de ces questions. Le sort de la loi organique sur l’enseignement n’est pas différent de celui des deux précédentes lois, en raison des accords au sein même de la majorité. Alors qu’il s’agit ici d’une question d’identité qui devait être prise en compte loin des calculs politiques. Il s’agit d’un pacte dans la constitution qu’il faut accomplir avec sagesse pour accompagner le développement du pays dans sa diversité culturelle qui fait d’ailleurs sa richesse.

Propos recueillis par B.A

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