«Le MASI entre la macro et la masse bénéficiaire»

Farid Mezouar, directeur exécutif de FL Markets (flm.ma)

Propos recueillis par Kaoutar Khennach

La Bourse de Casablanca a clôturé les trois premiers mois de 2022 en territoire négatif, l’indice de toutes les valeurs, le Masi, cédant 4,04% à 12.818,11 points (pts). Au titre des 63 séances du premier trimestre de l’année, le Morocco Stock Index 20 (MSI 20), indice regroupant les 20 valeurs les plus liquides, s’est replié, de son côté, de 4,47% à 1.037,15 pts. Les performances annuelles (YTD) de ces deux indices sont ainsi dans le rouge à respectivement -4,04% et -4,47%.

Pour sa part, l’indice de référence Environnement, Social et Gouvernance « Casablanca ESG 10 » a reculé de 3,52% à 962,87 points (-3,52% en YTD).

Au titre de ces trois mois, la cote casablancaise a vu 12 indices sectoriels finir en baisse, contre 11 en augmentation. Dans le détail, l’indice sectoriel « Participation et promotion immobilières » (-11,08%) a accusé le plus fort repli sectoriel du premier trimestre de 2022, suivi par les secteurs « transport » et « Bâtiment et matériaux de construction » qui ont enregistré des baisses respectives de 9,58% et 8,72%.En revanche, le secteur des « Mines » (+14,69%) a réalisé la meilleure performance trimestrielle, suivi de l’indice de la « Chimie » (+14,29%) et celui des « Services aux collectivités » (+12,31%).

Par valeur, Attijariwafa Bank a été l’instrument le plus actif du trimestre avec 1,55 MMDH, devant Itissalat Al-Maghrib avec 776,87 millions de dirhams (MDH) et BCP (658,52 MDH). Les plus fortes baisses ont été accusées par Douja Prom Addoha (-31,67%), LafargeHolcim Maroc (-13,41%), Microdata (-13,09%), Jet Contractors (-13,04%) et Lesieur Cristal (-12,73%).En revanche, les plus fortes hausses ont été enregistrées par Alliances (+73,09%), Oulmès (+42,38%), Centrale Danone (+26,33%), Managem (+25,54%) et Sonasid (+20,65%).

S’agissant de la capitalisation boursière, elle s’est chiffrée à fin mars à près de 667,768 MMDH. Pour sa part, e volume global des échanges a atteint plus de 10,6 milliards de dirhams (MMDH), réalisés majoritairement sur le marché central (actions).

A cette occasion, Farid Mezouar, directeur exécutif de FL Markets (flm.ma) nous livre, dans cet entretien, son analyse du bilan trimestriel de la place casablancaise. Les propos.

Al Bayane: Quel est le bilan trimestriel du MASI ?

Farid Mezouar: Au mois de mars, le MASI a corrigé de -1,94%, ce qui a fait passer la contre-performance annuelle à -4,04% au 31 mars 2022. Toutefois, il faut noter qu’au vendredi 1er avril, le MASI a signé une sixième séance consécutive dans le vert avec une hausse de 0,2% qui a porté la performance hebdomadaire à 1,91% et ramené la baisse annuelle à -3,85%.

Comment expliquer cette contre-performance trimestrielle ?

Les investisseurs semblent avoir été négativement impactés par des éléments macro-économiques, principalement à cause de l’annonce par BAM d’une petite stagflation pour 2022 avec une croissance de 0,7% et une inflation de 4,7%. De plus, la guerre en Ukraine pèse toujours sur le moral des investisseurs car la hausse du cours du pétrole (+67% sur un an au 31 mars) et du blé (+71% sur un an) risquent de peser autant sur les finances publiques que sur le pouvoir d’achat des ménages.

Aussi, les prises de bénéfices ont été tentantes car le MASI est toujours en hausse de 42,6% par rapport au 18 mars 2020.

Quid de la dimension psychologique dans la baisse des cours ?

Effectivement, à Flm, nous pensons que la correction du MASI a été exagérée, notamment à cause de l’influence psychologique des marchés boursiers européens après le déclenchement du conflit ukrainien. En effet, plusieurs investisseurs ont dû se poser la question «  est-ce que les mêmes causes ne risquent pas de provoquer les mêmes effets ? », notamment après les craintes affichées par certains observateurs au sujet d’une guerre directe entre l’Otan et la Russie. De même, le mot, stagflation, a une connotation historique négative qui rappelle le chapitre des deux chocs pétroliers bien connus dans les cours d’économie.

Comment peut-on qualifier le cru des bénéfices ?

Les bénéfices des sociétés cotées en 2021 ont été robustes avec une hausse d’environ 53% par rapport à ceux de 2020 et même de 4,5% par rapport à 2019. En effet, sur l’exercice 2021, la masse bénéficiaire globale a profité de la hausse du CA d’environ 8%, suite au rebond de l’économie. De même, le coût du risque des banques a reculé tandis que les dons au Fonds Covid-19 n’ont pas été récurrents. Par ailleurs, au niveau qualitatif, si certains émetteurs ont fait de gros progrès, d’autres attendent toujours la dernière limite pour publier leurs réalisations.

Est-ce que les investisseurs doivent être optimistes ?

En préambule, les investisseurs individuels doivent surtout déterminer leurs profils risque-rentabilité et se faire accompagner le cas échéant par des conseillers professionnels et/ou disposer de sources fiables d’information. Pour les perspectives, dans l’absolu, certes, nous allons vivre en 2022 une petite stagflation. Toutefois, il ne faut pas oublier que les activités non agricoles devraient afficher une progression de 3% de leur valeur ajoutée en 2022. Ainsi, nous gardons notre opinion positive au sujet du marché actions, surtout que les taux demeurent bas avec un newsflow attractif avec les attentes de l’opération Holmarcom-CDM, ainsi que de la nouvelle vision stratégique de BOA-BMCE.

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