Le Mondial

Alors qu’à notre latitude, et dans l’attente de la confirmation de la saison estivale, on digérait la note salée de l’élimination de l’équipe nationale de football de la coupe du Monde 2014, voilà que des émeutes font rage au Brésil. Pays émergeant, le Brésil sert de référence à l’échelle planétaire par son «alter mondialisme» face au capitalisme conquérant, transgressif et sauvage. Au début de la dernière décennie du siècle dernier, l’élection au sommet de l’Etat fédéral de Luis Inacio Lula da Silva, syndicaliste aux origines sociales modestes, a permis au Brésil de se classer parmi les dix premières économies du monde, alors qu’il risquait la faillite juste avant.
Depuis, les politiques menées dans ce pays immense servent de base à la réflexion et à l’action pour que, partout dans le monde, les hommes et les femmes puissent manger à leur faim, se soigner, se loger dignement, s’éduquer … autrement dit pour que «les damnés de la Terre» puissent avoir une vie digne. Le changement s’est réalisé par la mise en œuvre malgré quelques bémols, entre autres programmes, de «Fome Zero» avec des actions conjuguées dans les domaines de la santé, la formation professionnelle et l’éducation; les petites entreprises ont été encouragées par la consolidation de l’économie solidaire et la valorisation de l’artisanat alors que l’application de la démocratie participative s’exerça par l’élaboration et le contrôle direct du budget communal par le biais d’assemblées publiques. Deux fois élu, Lula céda le leadership à Dilma Rousseff, actuelle présidente de la République Fédérative du Brésil depuis janvier 2011. L’actualité du Brésil est faite par le mouvement social qui perdure depuis quelques jours et s’étend à travers le pays. Les dépenses liées à l’organisation du Mondial 2014 semblent être la cause des émeutes et des manifestations qui se sont déroulées après la hausse du ticket de bus. Le foot ne semble pas être une priorité devant les besoins en infrastructure urbaine, en assistance médicale ou le combat contre la pauvreté, la corruption et les inégalités sociales.
Ce qui se passe au Brésil doit obligatoirement attirer l’attention de ce côté de l’Atlantique, ne serait-ce que parce que notre pays s’est porté candidat maintes fois pour organiser le Mondial! La première des attentions est que rien n’est définitif dans l’évolution d’un mouvement social. Le Brésil connaissait une paix sociale certaine, une stabilité, depuis l’avènement de Lula et voilà que «la rue» reprenne l’initiative devant la crise de la représentation démocratique.
La seconde attention concerne la hausse du coût de la vie qui, dans sa perception subjective ou dans sa réalité, est un déclencheur de la contestation. Il en est ainsi, dans notre pays, des rumeurs que certains propagent sur le poids réel des bouteilles de gaz ou sur l’éventuel ajustement des prix des produits subventionnés. Cela constitue autant de «causes immédiates» pour une exacerbation de la tension sociale.
La troisième se rapporte, par les temps qui courent, à l’inflation qui, de rampante peut devenir emballée  par elle même; et c’est toujours les pauvres qui en font les frais. Que l’on ne soit pas tenter de la laisser filer pour voir si les néokeynésiens marocains avaient raison ou non dans leur approche sur le degré d’inflation que peut supporter une économie.
L’objet de la quatrième attention sont les  inégalités sociales qui ne peuvent être éliminées par des discours, aussi sincères soient-ils. Seule l’action et la persévérance par une bonne répartition des richesses entre les populations, une égalité dans l’aménagement du territoire et une égalité des chances dans la formation et l’employabilité des jeunes peuvent constituer une bonne plateforme pour que toutes les Marocaines et tous les Marocains se sentent heureux là où ils se trouvent dans leur pays. On retrouve, d’une manière ou d’une autre, ces promesses dans le programme des huit partis politiques marocains qui s’alternent dans la gestion des affaires publiques, Il ne reste que de les voir concrétisées pour organiser bientôt dans notre pays le Mondial et les Jeux.
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