Farid Mezouar*
Comment se porte le secteur bancaire?
Selon les premiers résultats trimestriels disponibles au Maroc et à l’international, le secteur bancaire semble résister au niveau des revenus. Toutefois, les banques anticipent déjà de la casse au niveau des défaillances avec un coût du risque qui a grimpé. Ainsi, au Maroc, le produit net bancaire (PNB) au premier trimestre 2020 du Crédit du Maroc (CDM) s’est amélioré de 3,7% à 623 millions de DH face à un coût du risque qui a grimpé de 19,5% à 93 millions de DH. Cette montée du risque a contribué à la baisse du RNPG de -41,4% à 73 millions de DH. Aussi, pour Attijariwafa bank, le PNB au premier trimestre 2020 a augmenté de 1,5% à 6 milliards de DH alors que le coût du risque a flambé de 82,5% à 1,1 milliards de DH. In fine, le RNPG d’Attijariwafa a reculé de -23,8% à 1,1 milliards de DH.
Quelle est l’explication de cette montée du risque?
Il s’agit de l’anticipation par les banques des premiers impacts prévisionnels de la crise sanitaire et économique actuelle. En effet, les banques sont déjà conscientes de l’absence des revenus dans plusieurs secteurs comme l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment, la confection, la distribution automobile ou le divertissement. De même, avec le report des échéances de crédit, les banques ont visualisé en grandeur-nature l’impact de cette crise car à titre d’exemple, Attijariwafa a évoqué le report des échéances de 80.000 clients pour un montant de 22 milliards de DH.
Quelle est la situation à l’international?
Tout d’abord, la situation actuelle est différente de celle de 2008 car cette fois l’origine de la crise est économique et non financière. Ainsi, en se basant sur la France où l’organisation du secteur est assez proche du Maroc, la situation est quasi-similaire. Ainsi, BNP Paribas a annoncé un résultat net part du Groupe au premier trimestre 2020, de 1.282 millions d’euros, en baisse de -33,2% notamment à cause d’un coût du risque qui s’est aggravé de -502 millions d’euros. Aussi, Crédit Aricole SA, a annoncé pour le premier trimestre un RNPG sous-jacent de 652 millions d’euros, en baisse contenue à -18,1%. Celle-ci est liée à une multiplication par 2,8 du coût du risque à -621 millions d’euros. Enfin, pour le premier trimestre, Société Générale a annoncé un RNPG de -326 millions d’euros contre 686 millions d’euros en 2019 T1 car le coût du risque a été multiplié par plus de 3 à -820 millions d’euros.
*(Directeur exécutif de flm.ma)